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Rendez Vous avec Empereur

Avec « Downcast », Rendez Vous a publié la suite tant attendue d’un premier album qui prenait toute sa dimension sur scène. Cela dit, les Parisiens ont surtout surpris leur monde par une direction certes toujours aussi sombre mais nettement plus musclée. Après le Dour Festival et les Leffingeleuren l’été dernier, ils sont passés par le Museum du Botanique pour un update bien nécessaire.

On pouvait même presque parler de double affiche car les Bruxellois d’Empereur ont entamé la soirée en présentant « Eau Rouge », leur premier long format sorti la veille. Un disque que les dignes représentants d’un post-punk incisif ont pris le temps de peaufiner tout en écumant les clubs de la capitale depuis une dizaine d’années, drainant au passage un public de plus en plus nombreux. Si la salle affiche quasi sold out ce soir, on le doit en partie à eux.

Empereur, c’est ce trio emmené par le chanteur guitariste Paul Paccaud qui déclame ses textes d’une voix saccadée tant en français qu’en anglais même si la distinction reste compliquée sur scène tant sa voix se noie sous les riffs incendiaires et la basse omniprésente de Laurent Bencharif. Sans parler de la rythmique hypnotique imposée par le batteur Jérôme Elleboudt. Des titres courts et sans fioritures largement inspirés par la scène dark wave du début des 80’s à laquelle ils greffent l’énergie et la spontanéité du punk. À trois minutes maximum la composition, quasi toute la plaque y est passée, une mention pour « Fracture » et « Still Life », taillés pour le live à la clé.

Si le EP « Distance » en 2016 et « Superior State » deux ans plus tard ont permis à Rendez Vous (désormais sans trait d’union) de se profiler comme un incontournable d’une scène cold wave en plein renouveau, c’est l’intensité de leurs prestations live qui les ont imposés sur le circuit. Même si, avouons-le, on n’y voyait pas grand-chose tant l’environnement scénique était plongé dans une obscurité régulièrement transpercée de flashes lumineux répétés. Mis à part l’aspect visuel, la plage titulaire de leur premier album, balancée d’entrée de jeu ce soir, redistribuera toutefois les cartes.

Tout d’abord via un penchant affirmé vers Front 242 (tout au moins dans la voix d’un menaçant Maxime Gendre en hoodie) mais également au travers de surprenantes guitares musclées rappelant franchement le heavy metal. D’autant que les hurlements bien sentis sur « Sheer », dans la foulée, apporteront le même point d’interrogation sur bon nombre de visages. On est pourtant bien en présence du même groupe, à en juger par le logo qui trône sur l’écran à l’arrière de la scène, mettant en avant les lettres RDV surplombant un bonhomme maladroitement dessiné emprisonné dans une bulle.

Entre-temps, le guitariste à l’extrême gauche de la scène s’était déjà retrouvé torse nu et le public, une fois la surprise passée, avait gentiment commencer à se bousculer. Des mouvements de foule qui s’intensifieront sur le toujours aussi efficace « Sentimental Animal » lors duquel Francis Mallari prendra vocalement le relais. Contrairement à son compère chevelu désormais débarrassé de sa capuche, il gardera ses lunettes de soleil et son t-shirt de Phil Collins jusqu’à l’after au bar.

Au terme d’un stupéfiant « All I Want » situé quelque part entre King Gizzard, Napalm Death et les Pixies, le classique « Distance » déchaînera en effet littéralement les passions. Il est vrai que ce titre glacial boosté par une basse hypnotisante n’a rien perdu de sa redoutable efficacité. Une intensité que l’on retrouvera également sur « Double Zero » au milieu de spots aveuglants.

Et les extraits de « Downcast », me direz-vous ? En toute honnêteté, ils peinent à rivaliser avec leurs grands frères. Qu’il s’agisse de la plage titulaire en mode Jesus And Mary Chain introspectif ou au contraire d’un survitaminé « Top Range DNA » à deux voix vénères et trois guitares, la sauce a du mal à prendre. Une différence accentuée par un « Euroshima » aux pointes électroniques lancinantes et possiblement la raison pour laquelle ils l’abordent à peine. D’autant qu’après quarante-cinq minutes, la messe était dite, ou presque.

Deux titres allaient en effet constituer des rappels entamés par « The Others », un de leurs premiers titres (extrait du EP éponyme de 2014) qui a conservé sa candeur et son entêtante ligne euphorique. De prime abord plus retenu malgré à nouveau trois guitares en action, un extensible « Last Stop » refermera les débats sur un final noisy pas piqué des vers qui affolera la foule une dernière fois. Car à l’instar de celui d’Empereur, le public de Rendez Vous se veut particulièrement fidèle…

SET-LIST
SUPERIOR STATE
SHEER
EXUVIAE
SENTIMENTAL ANIMAL
ALL I WANT
DISTANCE
DOUBLE ZERO
DOWNCAST
TOP RANGE DNA
EUROSHIMA

THE OTHERS
LAST STOP

Organisation : Botanique

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