Lokerse Feesten 2022 : Groote Kaai on fire
Après une édition de transition alliant bulles de quatre et jauge limitée, les Lokerse Feesten ont repris de plus belle. Dix jours pendant lesquels la bourgade de Flandre-Orientale voit défiler un line-up impressionnant. Au programme de la Main Stage ce soir : Kings Of Leon, The Vaccines et Whispering Sons.
Bracelet presse au poignet et éco-jeton à échanger contre un gobelet réutilisable en main, direction le podium où les derniers nommés entamaient leur set sous le cagnard avec « Dead End » et « Heat », les plages d’ouverture de leur recommandable deuxième album, « Several Others ». À cette heure de la journée, les artistes jouent le soleil dans la figure mais cela n’empêchera pas la charismatique Fenne Kuppens de se laisser frénétiquement emporter par des compositions à l’intensité décuplée sur scène. D’autant qu’un son limpide, puissant et une basse d’enfer les emmènent dans des contrées hypnotiques.
Si les choses décolleront définitivement à partir de l’énervé « White Noise » et que Fenne s’égosillera sur un « Flood » aussi flippant que violent, notre préférence ira à « Tilt ». Single inédit publié au printemps, il voit le groupe embrasser une voie plus introspective balisée par une guitare entêtante. Le même type de sonorité qui métamorphose « Surface ». En fin de set, la température grimpera encore d’un cran grâce à la basse claquante et la voix vindicative entourant « Satantango » avant que « Waste » ne provoque des pulsions à deux doigts de nous voir monter sur scène après avoir traversé les premiers rangs. Une sacrée performance alors qu’on les voit quasiment une fois par mois et qu’ils arrivent toujours à nous transporter.
SET-LIST
DEAD END
HEAT
GOT A LIGHT
WHITE NOISE
ALONE
VISION
TILT
FLOOD
SURFACE
PERFORMANCE
WALL
SATANTANGO
SURGERY
WASTE
Le soleil s’était couché au moment où les Vaccines ont pris possession de l’endroit en balançant « I Can’t Quit » sans se poser la moindre question. Ce sera la norme pendant leur set : keep it short and simple. Il faut dire qu’en cinq albums, ils sont devenus les spécialistes des titres catchy mémorisables dès la première écoute. « Back In Love City », le dernier en date sorti voici presqu’un an, ne déroge pas à la règle même si on pourrait leur reprocher cette fois de flirter dangereusement avec un certain côté trop conventionnel de la pop.
On peut notamment citer « Headphones Baby » et « Jump Off The Top » pendant lesquels l’intensité retombera quelque peu. En revanche, les détours sinueux de « Wanderlust » seront, à l’instar du presque western « I Always Knew », avantageusement illustrés par l’immense photo d’un paysage aride devant laquelle le groupe officie. Un groupe dans lequel on retrouve notamment Yoann Intonti, un batteur d’origine anversoise qui a remplacé Pete Robertson en 2017. À ses côtés, le guitariste Freddie Cowan multiplie les grimaces alors que le leader Justin Young (aux faux airs de Damon Albarn) ne reste pas en place une seconde, sauf lorsqu’il se retrouve à genoux ou, plus rarement, couché à même le sol.
Mais un concert des Vaccines, c’est avant tout un déroulé d’hymnes indie auquel on a du mal à résister. On pense au toujours aussi irrésistible « Post Break-Up Sex », au délirant « Teenage Icon » ou au sautillant « Handsome ». Mais le récent et stroboscopique « XCT » ou l’OVNI « Wreckin’ Bar (Ra Ra Ra) » font également le boulot. Certains diront qu’ils choisissent la facilité mais lorsque l’on voit la réaction du public sur « If You Wanna », on se dit qu’ils le font particulièrement bien.
SET-LIST
I CAN’T QUIT
I ALWAYS KNEW
WANDERLUST
TEENAGE ICON
WRECKIN’ BAR (RA RA RA)
WETSUIT
POST BREAK-UP SEX
YOUR LOVE IS MY FAVOURITE BAND
NO HOPE
HEADPHONES BABY
HANDSOME
JUMP OFF THE TOP
XCT
ALL MY FRIENDS ARE FALLING IN LOVE
IF YOU WANNA
ALL IN WHITE
Les Kings Of Leon auraient dû jouer au Sportpaleis en juin dernier mais ce concert a été annulé et remplacé par la prestation de ce soir aux Lokerse Feesten. Un coup de maître puisque les trois frères et leur cousin de Nashville ont plutôt tendance à se produire tout en haut de l’affiche de Rock Werchter. Inutile de préciser que la foule avait répondu présente et que le Grote Kaai a connu l’affluence des grands soirs.
Baptisé « When You See Yourself », leur huitième album (et sixième numéro un consécutif outre-Manche) ne révolutionne rien mais leur permet de jouer sur le titre en laissant une caméra se balader dans le public un bon quart d’heure avant le concert. Les images diffusées en direct sur les écrans géants étant illustrées par des extraits de titres sortis alors que les membres du groupe étaient au mieux à peine nés (« Lips Like Sugar », « Lost In The Supermarket », « This Charming Man ») pour n’en citer qu’une poignée.
22h30 pile, l’obscurité a désormais envahi totalement le ciel de Lokeren et la machine entre en action au son de « Waste A Moment », la plage d’intro de « Walls » qui mettra d’emblée le feu au sein de l’assemblée. On aurait préféré les voir débuter avec « When You See Yourself, Are You Far Away », (celle du dernier album) mais ils ont décidé de la boycotter ce soir. Première mauvaise surprise lorsque l’on sait qu’ils se sont fait une spécialité de débuter la plupart de leurs albums avec des morceaux d’anthologie. « Slow Night, So Long » et son intro à la « Love Will Tear Us Apart », le fantastique « Closer » et l’impeccablement construit « Knocked Up » constitueront d’ailleurs quelques-uns des meilleurs moments de la soirée.
Après « Supersoaker », là aussi une intro d’album (mais moins percutante) et un « Revelry » aux lumières tamisées, on commence à se rendre compte que tout est réglé dans les moindres détails. En effet, l’improvisation n’existe pas dans l’univers de Kings Of Leon. Tout est extrêmement bien huilé et sous contrôle, jusqu’à leur image car les photographes ne sont pas autorisés à les shooter. Résultat, un manque d’émotion total que les artifices visuels pourtant impressionnants ont du mal à cacher. Même les interventions de Caleb Followill ont l’air calculées et manquent cruellement de spontanéité. Sans parler de sa voix nasillarde forcée qui, sur « Manhattan », tend même à devenir un chouia énervante.
Ceci dit, le public n’en a cure, il est là pour faire la fête et chanter au son des tubes. La folie va dès lors s’emparer de la plaine lorsque « Use Somebody » sera transformé en singalong à la Coldplay alors que « Sex On Fire » en clôture de set fera encore plus fort en termes de décibels. Dans le même ordre d’idées, « On Call » constituera également un franc moment de communion. Pourtant, sur scène, il ne se passe pas grand-chose, mis à part le batteur Nathan Followill qui mâche peu discrètement son chewing-gum.
Si la période Kings Of Leon que l’on préfère date d’avant 2008 (on les a notamment vus à l’AB Box en 2003 lorsqu’ils avaient des chevelures et des barbes de hippie), on a toujours été à l’écoute de leurs productions ultérieures. Et des titres comme l’enlevé « Find Me », l’enroulé « Radioactive » et les seuls (excellents) extraits du nouvel album joués ce soir, à savoir « Time In Disguise » et « The Bandit » valent franchement le coup d’oreille sur scène. Mais bien entendu, le rock sudiste de « Molly’s Chambers » et de « The Bucket » restent des musts auxquels leurs fans actuels n’adhèrent pas nécessairement. Il en faut pour tous les goûts, comme dirait l’autre…
SET-LIST
WASTE A MOMENT
TAPER JEAN GIRL
SLOW NIGHT, SO LONG
SUPERSOAKER
REVELRY
MANHATTAN
TIME IN DISGUISE
RADIOACTIVE
FIND ME
ON CALL
PYRO
CLOSER
CRAWL
MOLLY’S CHAMBERS
THE BUCKET
MILK
USE SOMEBODY
FANS
KNOCKED UP
THE BANDIT
SEX ON FIRE
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