Les Nuits 2025: la sélection de Music in Belgium (part 1)
Nous voici en mai, le mois du muguet mais aussi celui des Nuits du Bota qui se profilent à l’horizon. Une édition quelque peu décalée dans le temps pour plusieurs raisons mais surtout une édition révolutionnaire. Il ne sera ainsi plus nécessaire de se munir de plusieurs tickets pour assister (en jonglant avec les horaires) aux différents concerts puisque le principe du sésame unique sera désormais la norme.
L’expérience tentée l’an dernier lors de la Nuit All Access s’est en effet montrée convaincante, tout comme celles des Nuits Weekender et du Tuff Enough Festival à l’automne. Il n’en fallait pas plus pour valider une des idées que Frédéric Maréchal, le nouveau directeur des lieux, avait derrière la tête. Il s’agira donc d’un test grandeur nature entre le 15 et le 25 mai sur trois scènes : la Fountain Stage en plein air, l’Orangerie et le Museum (dont la mezzanine sera de nouveau accessible). Et comme cette nouvelle formule n’altère en rien la programmation, nos traditionnels conseils avisés sur l’affiche reste plus pertinents que jamais.
D’autant que celle-ci, dans un souci de cohérence, suivra une ligne directrice thématique. La première d’entre elles mettra d’ailleurs d’emblée la barre très haut et les voisins au faîte de ce qui les attend pendant dix jours. Rassurons-les d’emblée, la Fountain Stage, dont l’emplacement sera similaire à celui du chapiteau ces dernières années, cessera de cracher ses décibels à 22h chaque jour. Cela dit, commencer par une soirée metal le jeudi 15 mai, il fallait oser mais on connaît l’appétence grandissante des organisateurs pour ce style et ses multiples ramifications.
Baptisée Obsidian Dust et coproduite par Metadrone, cette Nuit pleine de riffs incendiaires et d’atmosphères sombres s’apparente à un aboutissement car elle se trouvait dans les cartons depuis un certain moment. Une première tentative prometteuse au vu des têtes d’affiche sélectionnées pour l’occasion. D’un côté Zeal & Ardor, dont la particularité réside dans le fait de trouver le juste équilibre entre black metal et gospel. De l’autre, Elder from Massachusetts qui n’hésitent pas à rendre leurs compositions extensibles et sinueuses tout en gardant l’aspect mélodique à l’esprit.
Au Museum, les Gantois de Wiegedood se lanceront dans un projet ambitieux, celui de jouer l’intégralité de leur trilogie « De Doden Hebben Het Goed », publiée entre 2015 et 2018. Attendez-vous à près de deux heures d’un trip intense et lancinant duquel vous ne reviendrez pas indemnes. Les atypiques délires déstructurés et bruitistes des New Yorkais de Liturgy devraient quant à eux dégommer l’Orangerie à coups d’hurlements bien sentis, précédés du doom lourd mais retenu et accessible de Pallbearer. Les tympans vont trinquer. Les festivaliers aussi mais rassurez-vous, tout est prévu de ce côté-là pour rafraîchir les gosiers les plus exigeants, avec ou sans alcool.
Le vendredi 16 mai, la Nuit s’articulera autour de John Dwyer et de son projet Osees (dont il n’a plus modifié l’orthographe depuis 2020). Cela ne l’empêche toutefois pas de rester prolifique et d’explorer les différentes facettes d’un rock garage dont il redéfinit généreusement les codes depuis le début des années 2000. Sa dernière livraison en date, « Sorcs 80 », le voit une nouvelle fois dérouter son monde en couplant des cuivres et des nappes synthétiques à ses caractéristiques rythmes syncopés. Impossible toutefois de prévoir ce qu’il nous concoctera sur scène ce soir-là, ce qui rendra à n’en point douter le moment immanquable.
La vision hypnotico-psychédélique des Toulousains de Slift dont la dernière plaque, « Ilion », est sortie l’an dernier sur le prestigieux label Sub Pop, emmènera le Museum dans un voyage intersidéral. Les visuels à couper le souffle font en effet partie intégrante de l’expérience. Celle de leurs compatriotes Kap Bambino, dans un registre electro-punk, vaudra également le déplacement. D’autant que les Bordelais viennent de publier « No Domination », leur premier album en six ans. Au rayon belge, le furieux trio limbourgeois Peuk, qui a notamment retourné The Slope à Werchter l’an dernier et l’ami Giacomo Panarisi (Romano Nervoso) sous son projet punk garage Giac Taylor, ne seront pas en reste. Tout comme les Suisses de Crème Solaire dont on espère un bon présage vu que la Fountain Stage ne sera pas couverte en cas de pluie.
Les Nuits tendent donc vers un festival dans le sens strict du terme et ce sera encore un peu plus le cas durant les week-ends puisque le top départ sera donné en début d’après-midi. Une bonne quinzaine de groupes se succèderont donc jusqu’à 23h le samedi et le dimanche. Le 17 mai, place à une journée orientée folk au sens large du terme dont la tête d’affiche sera Michelle Gurevich. Déjà programmée en 2022 et 2023, la Canadienne avait toutefois par deux fois été contrainte d’annuler sa venue. Autant dire qu’elle sera attendue de pied ferme par une communauté de fans glanée à la sueur de son front. D’autant qu’elle a publié l’an dernier un nouvel album, « It Was The Moment », sur lequel ses compositions dark juste ce qu’il faut enveloppent son timbre de voix envoûtant.
Une journée particulièrement riche qui se profile comme une des plus fascinantes de la série. Fort d’une Orangerie blindée en octobre dernier, Jay-Jay Johanson se produira lui aussi sur la Fountain Stage. Le Suédois à la voix aérienne et aux inimitables compositions mélancoliques l’éclaboussera d’un talent intact après quasi trente ans de carrière. Dans un registre tout aussi atmosphérique, les Danois d’Efterklang défendront « Things We Have In Common », leur septième album qui salue le retour au bercail du claviériste Rune Mølgaard. Le falsetto de Casper Clausen y tient toutefois toujours autant la vedette pour un moment que l’on attend suspendu.
Autre retour très attendu, celui de Jeffrey Lewis & The Voltage dont la dernière visite au Bota quelques jours avant le lockdown, quelque part entre art-rock et comics, avait aisément conquis le Witloof Bar. On se rappelle également celle de Lael Neale au même endroit en mai 2023. La Californienne aux influences sixties sucrées viendra y présenter son tout chaud et recommandable troisième album, « Altogether Stranger ». Du côté des stars locales, Jawhar, grand habitué des Nuits, défendra son nouveau projet en association avec Aza. Au programme, la délicate folk orientale du Bruxellois et la voix jazzy d’Azza Mezghani. L’album s’appelle « Khyoot » et mérite le coup d’oreille.
Pointons encore Clément Nourry, le leader d’Under The Reefs Orchestra, qui poursuit sa passionnante carrière solo via « Amor » et Few Bits dont le troisième album apparaît désormais comme imminent. Sans oublier Benni qui, elle, en est à son premier EP (le rêveur « Bleeding Colours » chez PIAS) et Dressed Like Boys, la voix de dirk., qui a affolé l’Afrekening de Studio Brussel en début d’année avec son envoûtant single « Jaouad » dans un style queer pop assumé. Cela tombe bien, c’est aussi le jour de la Pride bruxelloise.
Les Nuits 2025 auront lieu du 15 au 25 mai. Infos, affiche complète et tickets par ici. Pensez à l’incontournable Botacarte qui vous donne droit à une réduction de 3 EUR sur le prix plein, même le soir du concert… si celui-ci n’est pas complet bien entendu.
À suivre…