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Les Nuits 2020 : River Into Lake version String Quartet

Les Nuits du Bota n’auraient certainement pas la même saveur sans leurs célèbres créations… que la pandémie ne stoppera pas. Mieux, avec River Into Lake et Offo Vrae, ce sont carrément deux projets inédits qui se sont dévoilés sous nos yeux.

Si l’on avait déjà pu découvrir quelques bribes du premier lors des récentes résidences du Bota, il en était tout autrement du second. Offo Vrae, c’est le nouveau projet de Jawhar (Basti) pour lequel il compose des histoires en français et dont il s’agissait de la première apparition publique officielle. Annoncée comme un duo basé sur des sonorités modulaires du multi-instrumentiste Lennart Heyndels, cette création a finalement vu le chanteur se produire seul la moitié du temps avec sa guitare acoustique et l’autre en compagnie de son fidèle collaborateur Yannick Dupont, venu lui prêter main forte aux claviers sophistiqués.

Vêtu d’un habit traditionnel et coiffé d’un turban, Jawhar s’exprime donc exclusivement dans la langue de Molière tout en conservant ses influences orientales en filigrane. Une première écoute distraite ne nous a pas permis de cerner la teneur des récits mais ceux-ci prennent toutefois une toute autre saveur lorsqu’ils se parent d’atmosphères vaporeuses dignes des bidouillages expérimentaux de Radiohead. Promis, la prochaine fois, on se concentre sur les textes.

Talentueux musicien reconnu par ses pairs, Boris Gronemberger a une main dans un nombre impressionnant de projets. Au fil des ans, il a ainsi collaboré avec Venus, Françoiz Breut, Zop Hophop, The Granpiano et Blondy Brownie pour n’en citer qu’une poignée. Entre 2005 et 2012, il a également publié trois albums sous le nom de V.O. avant de tenir les baguettes au sein de Girls In Hawaii pour la tournée en support d’« Everest » et l’enregistrement de « Nocturne ». Un laps de temps nécessaire pour réfléchir à une nouvelle direction.

Celle-ci s’est matérialisée en 2018 via la mise sur pied de River Into Lake, qui n’est autre que la réincarnation de V.O., plus mature, plus ambitieuse et plus pertinente pour les moteurs de recherche. Le nom provient du titre du dernier album enregistré par Raymondo sur lequel il jouait de la batterie et qui synthétise parfaitement la fluidité du temps qui passe, le cycle de la vie. « Let The Beast Out », le premier album du projet revigoré, a été publié chez Humpty Dumpty Records à l’automne dernier et on avait notamment vu le groupe le défendre aux Écuries van de Tram en début d’année.

Ce soir, le propos sera différent, ou plutôt bonifié par la présence d’un quatuor à cordes, l’objet de cette création dont la répétition générale a eu lieu dans cette même salle voici une dizaine de jours. Un quatuor à cordes installé du côté gauche de la scène qui se démarquera d’emblée sur « The Book On Your Chest », impeccable titre d’intro qui est également celui de la plaque. Une solide mise en jambes pendant laquelle de légers accents electro seront mis en exergue.

La soirée atteindra bien vite des sommets via un « Misunderstanding » à donner des frissons et un « Let The Beast Out » tout simplement parfait. Déjà très orchestral dans sa version originale, « Downstairs » et son discret saxophone se marieront à merveille aux cordes pour un résultat majestueux. Ou comment transcender des compositions à l’aide de quatre baguettes magiques.

Cela dit, les cordes n’expliquent pas tout. L’ami Boris a l’art de s’entourer de musiciens hors pair qu’il a réuni ce soir autour d’une demi-boule à facette posée à même la scène. À l’extrême droite, Aurélie Muller (la brune de Blondy Brownie, ex-Melon Galia et actuelle Fabiola), autant à l’aise avec son saxophone et son xylophone que derrière le micro pour « Between ». À ses côtés sur une surface réduite, le guitariste Cédric Castus et le bassiste Frédéric Renaux (Castus) ainsi que le batteur Franck Baya (Mièle, FùGù Mango). Un peu plus loin, le claviériste (et à ses heures trompettiste) Ludovic Bouteligier (Major Deluxe) complète l’équipe en forme de gratin du rock indie bruxellois.

Des musiciens qui sont tous à un moment ou un autre passés par V.O. et dont la complicité crève l’écran. Chacun alimentera ainsi la patiente construction de « Fiberglass » et l’explosion sonore caractérisant le seconde partie de « Dig Your Own Way ». Si pendant ce titre, le quatuor officiait par moments en tant que spectateur, ce n’était que pour mieux enrichir l’excellent « Devil’s Hand » par la suite. Un sérieux bonus par rapport à la répétition générale…

Les rappels débuteront toutefois sans eux par un titre enlevé du troisième album de V.O., « When You See Red » qui ravira les fans de la première heure dans la salle. Les dix musiciens seront ensuite réunis une dernière fois pour « Grande Prairie », premier extrait menaçant, délicat et punchy à la fois d’un EP à paraître en décembre prochain. Ambitieux dans sa construction, il semble emmener le projet un cran plus loin, se rapprochant parfois de l’univers de The Dears.

Coïncidence, les intonations de Murray Lightbun accompagneront l’ami Boris dans l’ultime titre de la soirée, « Giant Steps In The Plains », interprété seul à la guitare en guise de second rappel visiblement pas prévu. Ceci dit, des créations comme celle-là, on en redemande…

SET-LIST
THE BOOK ON YOUR CHEST
FAR FROM KNOWING
MISUNDERSTANDING
LET THE BEAST OUT
DOWNSTAIRS
BETWEEN
FIBERGLASS
DIG YOUR OWN WAY
DEVIL’S HAND

WHEN YOU SEE RED
GRANDE PRAIRIE

GIANT STEPS IN THE PLAINS

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