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Jessica93 et Noir Boy George, DIY Power

Au terme d’une diète discographique de huit années, Geoffroy Laporte aka Jessica93 nous revient plus boosté et speedé que jamais. Et pour cause, son dernier album vient tout juste de sortir sur le cultissime label Born Bad Records. Une idylle parisienne parfaite qu’il est venu célébrer dans un Witloof Bar empaqueté pour l’occasion.

À propos, vous souvenez-vous de la dernière visite du gaillard au Botanique ? C’était à la Rotonde le 10 mars 2020, soit quelques jours à peine avant le premier confinement. À l’époque, il s’était produit accompagné d’un batteur, entravant du même coup sa ligne de conduite DYI en solitaire. Une prestation isolée puisque depuis, c’est en homme-orchestre des temps modernes qu’on l’a systématiquement croisé. Ce sera encore le cas ce soir.

Entamé par un entêtant « Bébé Requin », son set n’ira pas par quatre chemins. Instantanément dans le bain, il alternera simultanément les fonctions de guitariste, bassiste, vocaliste et loopiste sur fond de boîte à rythme. Une dextérité sans pareil couplée à une concentration de tous les instants et une méthodologie maîtrisée caractériseront ainsi la cinquantaine de minutes d’un concert qui gagnera rapidement en intensité. L’enlevé « Tête de Yencli », extrait d’un maxi split avec La Scroafa Emputecida (le plus récent pseudo de son amie Carine Donneger), affolera ainsi le Witloof Bar sans crier gare. Un peu plus tard, issu de la même fournée, « Vega » et sa basse groovante prendront littéralement aux tripes.

Barbe de onze jours et chevelure négligée, Geoffroy Laporte boucle ce soir sa tournée conjointe avec Noir Boy George (on y revient). Preuve de son amour inconditionnel pour son nouveau label, il arbore fièrement un t-shirt Born Bad. Son set sera d’ailleurs majoritairement articulé autour de « 666 Tours de Périph’ », un album sur lequel il s’exprime majoritairement en français. Même si, sur scène, la voix sensiblement noyée nous empêche souvent d’en saisir la teneur. On percevra toutefois quelques bribes de textes à ne pas mettre entre toutes les oreilles (« Nique sa grosse mère » étant sans doute le plus marquant…).

Entre cold wave, grunge et metal, les compositions prennent une direction nettement plus débridée en live. Prenez par exemple la rythmique musclée caractérisant « Le Grand Remplacement » ou les riffs tranchants de l’imparable « La Colline du Crack ». La basse oppressante de l’hypnotique « Frappe Chirurgicale » et la teneur percussive du puissamment planant « Purifier » ponctuant un set carré d’une redoutable efficacité.

SETLIST
BEBE REQUIN
TETE DE YENCLI
EXCREMENT CALCIFIE
LE GRAND REMPLACEMENT
VEGA
FLORENCE REY
LA COLLINE DU CRACK
FRAPPE CHIRURGICALE
PURIFIER

Le seul hic, c’est qu’il s’est produit à 18h alors que selon l’horaire officiel, il devait jouer en tête d’affiche une grosse heure plus tard. Résultat, de nombreux spectateurs frustrés n’ont eu que leurs yeux pour pleurer même si l’expérience Noir Boy George, aussi curieuse soit-elle, valait aussi le déplacement. Nafi, le Messin qui se cache derrière ce curieux pseudo, partage avec son camarade de tournée un intérêt certain pour le bricolage. Et une dose de provocation en débarquant sur scène vêtu d’une combinaison de camouflage avant d’allumer sa clope et de balancer les premiers beats bouteille d’alcool à la main.

Se produisant derrière une immense console incluant claviers et bidouilleurs en tout genre, il déclame nonchalamment ses textes à la lueur d’une bougie posée sur le coin d’une table. Des textes légèrement salaces que l’on dirait improvisés sur des mélodies lancinantes serties de samples épars. Le tout dans un environnement brumeux encore plus marqué que celui de Jessica93 et des spectateurs entièrement acquis à sa cause. Une sorte de messe noire en présence du gourou et de ses dévoués disciples, en quelque sorte.

« Gloire à Satan », son dernier album datant déjà de 2023, il nous gratifiera de l’un ou l’autre nouveau titre dont on retiendra un franchement orienté dancefloor aux paroles improvisées (les originales étant restées dans les loges) et un autre aux atmosphère dub trip-hop plus Bristol que nature. Avant un final lumineux que n’aurait pas renié un Panda Bear du côté sombre de la force et ce, malgré une voix partie en vrille. Fin de tournée, on disait…

Organisation : Botanique

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