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Jane Weaver in Constant Spectacle

Dilemme ce mardi au Botanique. Entre The Lemons Twigs à l’Orangerie et Jane Weaver au Witloof, le choix s’avérait cornélien. La raison ? Des artistes à la productivité inversement proportionnelle à leurs visites dans nos contrées. À titre d’exemple, celle de la seconde nommée (qui a finalement récolté nos faveurs) remonte à 2017 au Bonnefooi.

L’icône de Manchester via Liverpool a sorti au printemps « Love In Constant Spectacle », un excellent nouvel album qui succède à l’unanimement acclamé « Flock ». Ce dernier, publié en pleine pandémie (« Tous les magasins de disque étaient fermés », ironisera-t-elle ce soir), la voyait élargir son spectre en incorporant des éléments la rapprochant du monde de la pop sans toutefois complètement laisser tomber ses conceptuels délires expérimentaux.

Pour cette nouvelle plaque, elle a franchi un palier supplémentaire en demandant au légendaire John Parish (PJ Harvey, Aldous Harding, Dry Cleaning…) d’endosser le rôle de producteur. Ajoutons que pour la première fois, elle a eu l’occasion d’enregistrer dans un studio digne de ce nom, entourée d’un staff aux petits oignons. Résultat, son disque le plus abouti à ce jour et des sessions tellement prolifiques qu’elles ont également généré des inédits, comme cet hypnotique et soutenu « Quantify », titre d’intro balancé après une mise en place assez fastidieuse (la tablette qui lui sert de pense-bête ne voulait décidément pas rester en place).

Visiblement peu à l’aise avec la nouvelle configuration du Witloof Bar, l’ingé-son peinera à prendre ses marques, sacrifiant notamment les incantations de « Perfect Storm ». À moins que la Miss ne soit fautive bien malgré elle car tout s’est subitement arrangé lorsqu’elle abandonnera sa guitare le temps d’un limpide « The Revolution Of Super Visions » à l’univers assez proche de celui de Joan As Police Woman. Même si la pop sophistiquée de Stereolab saute également aux oreilles çà et là (« Emotional Components », « The Axis And The Seed »).

À ses côtés, quatre musiciens font preuve d’une complémentarité exemplaire et apportent un plus indéniable aux compositions. Pas étonnant lorsque l’on sait que le bassiste Matt Grayson, le good looking batteur Andrew Cheetham et l’essentiel guitariste Joel Nicholson ont participé aux enregistrements. Au contraire du claviériste et bidouilleur en chef de tournée dont les parties cosmiques, lignes synthétiques et autres délires électroniques feront sensation. Sans parler des jingles intersidéraux annonçant non sans humour les titres de son back catalogue.

Parmi ceux-ci, les hypnotiques contours trip-hopiens de « Modern Kosmology », la kraut pop de « Slow Motion » et la chatoyance de « Heartlow » sortiront du lot. Le tout généreusement entrecoupé d’extraits de « Love In Constant Spectacle » dont la plage titulaire et le langoureux « Romantic Worlds » ne sont pas les moins prenants. Mais certainement pas aussi surprenants que cette version en français d’« Univers » que Laetitia Sadier n’aurait pas reniée. Dommage que la voix ne soit noyée sous les instruments, rendant le texte à peu de choses près inaudible. Mais chapeau tout de même pour la performance…

Croyez-le ou non mais les influences principales de l’album « Flock » sont à chercher du côté des hits de Hall & Oates et Hot Chocolate. Ou en tout cas des bribes essentielles à l’artiste qui les a disséquées pour en extraire l’essence et y conférer sa patte. C’est sans doute de cette manière qu’est née sa plage titulaire dont la version parfaite de ce soir introduira à merveille une autre curiosité. « I Need A Connection », atypique titre isolé ayant depuis illustré nombre de défilés de mode et devenu entre-temps un classique du dancefloor, aurait sans doute atteint la tête des charts s’il avait été interprété par Robyn. Un énième paradoxe qui classe Jane Weaver dans un monde clairement à part…

SET-LIST
QUANTIFY
PERFECT STORM
THE REVOLUTION OF SUPER VISIONS
EMOTIONAL COMPONENTS
LOVE IN CONSTANT SPECTACLE
HEARTLOW
ROMANTIC WORLDS
MODERN KOSMOLOGY
THE AXIS AND THE SEED
IS METAL
SLOW MOTION
UNIVERS
FLOCK
I NEED A CONNECTION

Organisation : Botanique

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