Gallus, indie-punk from Glasgow
Au terme d’une journée qui a vu le Botanique alimenter nombre de conversations, il était temps de revenir à l’essentiel. À savoir se rendre au Witloof Bar pour le concert de Gallus, des Écossais au sang chaud qui ne tarderont pas à dynamiter l’endroit (pour rester dans le thème lugubre…).
Redevenons sérieux, il s’agirait d’un gâchis tant la nouvelle configuration de la plus petite salle du complexe lui va à ravir. Depuis notre dernière visite, le bar a en effet été relooké mais aussi et surtout la scène a changé de place. Elle se trouve désormais au centre de la pièce, entre les quatre principaux pylônes, ceux-là même qui empêchaient les spectateurs au-delà des premiers rangs de profiter pleinement du spectacle. Désormais, on peut se positionner autour d’un podium qui, à terme, prendra la forme d’un trèfle à huit feuilles, emblème du Bota. Seul potentiel bémol, le tapis-plain qui risque de ne pas survivre à des soirées comme celle qui allait débuter.
Inconnus au bataillon ou presque jusqu’ici, les trois Bruxellois de Giantology ont donné une prestation telle qu’ils ne devraient plus le rester très longtemps. Emmenés par un chanteur à l’impeccable accent anglais armé d’une sorte de banjo au son strident, ils vont se montrer particulièrement convaincants. Saccadées à la Wire, hypnotiques à la Velvet Underground ou glaciales à la The Cure période « Three Imaginary Boys », leurs compositions tiennent en haleine grâce notamment à un phrasé-parlé maîtrisé. Ajoutez-y des bidouillages sonores exclusivement générés par des pédales à effets pour ainsi dire rudimentaires et on obtient un ensemble détonnant qui aura bluffé son monde.
En provenance directe de Glasgow, les gaillards de Gallus ont déjà posé leurs amplis dans notre pays à l’une ou l’autre occasion et notamment au festival Rock Olmen l’été dernier. Ils venaient alors de publier chez Marshall Records leur premier album, « We Don’t Like The People We’ve Become » et leur show énergique avait fait voler en éclats la quiétude de la bourgade anversoise. Ou comment faire honneur à une réputation scénique qui leur a notamment permis de remporter l’Award du meilleur groupe alternatif écossais en 2022, une année où ils ont notamment ouvert pour Deadletter au Bar du Trix.
Et à l’écoute d’un « Moderation » ne correspondant en rien à son titre, on comprend rapidement qu’ils sont allés à bonne école avec les Londoniens. Balancé pied au plancher et bardé de stroboscopes, il pavera la voie à une prestation sans concession. Enchaîné au frénétique single « Eye To Eye » qui renvoie à du Italia 90 speedé, il verra l’hyperactif chanteur Barry Dolan déjà se retrouver en nage. Sur le sauvage « Cool To Drive » dans la foulée, il sera à deux doigts de se fracasser le crâne contre les spots suspendus au-dessus de la scène en sautant sur place tout en hurlant sa rage.
À ses côtés, les autres membres du groupe ne restent pas de marbre, loin de là. Mention aux deux guitaristes se faisant face, le moustachu Eamon Ewins qui se produit en short tête de mort et surtout Gianluca Bernacchi du côté droit. Expressif à souhait, ce dernier compense un physique pas nécessairement avantageux par une vivacité à la limite de l’épilepsie. Moins excentriques mais tout aussi essentiels, batteur et bassiste assurent une rythmique infernale qui trouvera son apogée sur « Are You Finished », quelque part entre l’urgence d’Idles (les couplets) et le power-punk de Green Day (le refrain).
Dans la même veine, « Missiles » pourrait franchement devenir un hymne tant au pub qu’au stade de foot, amplifié par un chanteur intenable qui se faufilera plus d’une fois parmi les spectateurs. Il profitera également de la nouvelle disposition de la salle pour comparer les quatre faces du public et ainsi faire grimper un peu plus l’ambiance. Pas trop compliqué avec des tubes en devenir comme les addictifs « Basic Instinct », « Fruitflies » et surtout « Penicillin ». Sur le récent single « Wash Your Wounds », il fera monter sur scène Tina Sandwich (présente sur le morceau original) qui assurera quelques chœurs bien sentis à défaut d’être subtils, générant un beau bordel à six dans un mouchoir de poche.
Il n’en fallait pas plus pour faire exploser un Witloof Bar qui allait devenir dingue sur le punky « Marmalade » et la tuerie sans nom baptisée « What Do I Know ». Entre les deux, le brutal « Actual Factual » sera un des anciens titres joués ce soir, à l’instar de « Nice » un peu plus tôt, morceau prenant présentant un semblant de mélodies. Quant au bien nommé « Looking Like A Mess », il clôturera le set de manière frappadingue, non sans y avoir intégré quelques mesures de « Hello », le hit d’Adele, particulièrement massacré. Ceci avant de tout abandonner et de filer direct derrière un stand merchandising méritoirement assailli. Tout bien réfléchi, We like the people they’ve become…
SET-LIST
MODERATION
EYE TO EYE
COOL TO DRIVE
NICE
ARE YOU FINISHED
MISSILES
BASIC INSTINCT
PENICILLIN
WASH YOUR WOUNDS
MARMALADE
ACTUAL FACTUAL
WHAT DO I KNOW
FRUITFLIES
LOOKING LIKE A MESS
Organisation : Le Botanique