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Fews, le post-punk venu du froid

Armés d’« Into Red », leur excellent deuxième album, les Suédois de Fews ont débarqué au Club de l’AB en véritables conquérants. Une heure plus tard, ils avaient mis tout le monde d’accord…

La soirée avait toutefois curieusement débuté avec David Nance, prolifique guitariste chevelu originaire du Nebraska dont le dernier album en date, « Peaced And Slightly Pulverized », est crédité au David Nance Group. Ils sont effectivement quatre à accompagner le gaillard sur scène, dont une bassiste hyper concentrée et deux guitaristes pince-sans-rire.

Avec celle du leader, trois guitares se retrouvent donc en action pendant un set bluesy crasseux et soutenu très US au demeurant. Outre les influences sudistes marquées, l’immédiateté du heartland rock à la Tom Petty et les lancinantes pointes psychédéliques sixties composent ainsi un cocktail analogique diablement efficace. Ceci dit, un support pour Wilco ou Midlake dans la grande salle au rez-de-chaussée aurait sans doute été plus pertinent.

Davantage réputée pour ses groupes de pop et de métal, la Suède vient-elle de se découvrir un fer de lance dans la catégorie post-punk avec Fews ? Rien n’est moins sûr mais après « Means », un premier album encourageant en 2016 et un passage par la Rotonde du Botanique l’année suivante, ils ont récemment publié « Into Red », une deuxième plaque bourrée de futurs classiques du genre qui ont littéralement retourné le Club de l’AB.

Entamé pied au plancher avec « LaGuardia », titre majoritairement instrumental pendant lequel l’hyperactif chanteur Frederick Rundqvist frisera la crise d’épilepsie, le set ne connaîtra que peu de temps mort. Seul « 97 » le séparera symboliquement en deux lors d’une respiration toute relative mise à profit par Rasmus Andersson, le batteur moustachu droit comme un i, le guitariste David Lomelino et le bassiste Jay Clifton pour souffler quelque peu.

Avant cela, ils tiendront la cadence et suivront leur théâtral leader dans ses délires en donnant une impulsion vivifiante à des nouvelles compositions déjà survitaminées sur disque. « Over » renvoie ainsi vers la période dorée de The Rakes et « Limits » vers celle d’Editors alors que le refrain de l’hypnotique « Paradiso » fait mouche et « More Than Ever » confirme son statut de hit en puissance. Le tout rehaussé par des jeux de lumière aussi speedés qu’eux et un goût prononcé pour les effets stroboscopiques.

Outre un glacial « Business Man » à la basse mise en exergue et une efficace cover du « Metal » de Gary Numan, la seconde partie du concert fera la part belle aux titres du premier album. Ceux-ci, à l’instar d’un excellent « The Zoo » et d’un « 100 Goosebumps » digne des débuts de Foals, bénéficient d’un traitement calqué sur leur nouvelle dynamique. Seul « If Things Go On Like This » a conservé ce petit côté poppy devenu désormais presqu’atypique.

La fin du set virera quant à elle carrément krautrock (rebaptisé motorik noise-pop à leurs yeux…). Cette influence majeure dynamitera notamment « Anything Else » à la structure très carrée tandis que « Ill », lancinante pièce bordélico-noisy rendra caduc tout rappel. Les nouveaux princes du post-punk sont bel et bien Suédois…

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