ArticlesConcerts

Code Bar Italia

Deux albums en six mois puis tout d’un coup silence radio, telle est la trajectoire peu banale de Bar Italia. Les Londoniens sont toutefois sortis de leur mutisme (discographique tout au moins) en publiant récemment « Some Like It Hot », une très attendue nouvelle plaque qu’ils sont venus présenter chez nos amis liégeois du Reflektor.

Les membres du groupe étaient en tout cas présents dans le public pour applaudir ceux qu’ils ont embarqué pour cette mini tournée européenne (Liège est l’une des six villes visitées). Xmal, c’est le projet du multi-instrumentiste Malachy O’Neill, en mode acoustique pour l’occasion. Assis sur un tabouret tout comme son timide acolyte à sa gauche, il passera de longs moments à accorder sa guitare entre les morceaux. Entre fingerpicking et folk traditionnel, sa voix bourrée d’effets renvoie vers celle d’un Billy Corgan écorché ou d’un Gus Engelhorn moins expansif. On le préfère toutefois en mode énervé tout en imaginant le résultat au sein d’un full band. Une prochaine fois, peut-être…

Si Bar Italia tire son nom de la célèbre institution londonienne, il se pourrait que ses membres aient aussi été influencés par le titre de Pulp qui referme « Different Class » et qui parle du même établissement. Hasard du calendrier, le chef-d’œuvre de la bande à Jarvis Cocker, sorti voici trente ans, a justement été réédité la semaine dernière. Quoi qu’il en soit, l’actualité de Bar Italia (le groupe) se focalise sur la promotion de « Some Like It Hot », un nouvel album publié chez Matador qui semble tendre vers un environnement plus coloré et accessible.

Une évolution sans doute due en partie aux projets parallèles développés pendant le break susmentionné. Sous son simple prénom, Nina Cristante a choisi l’introspection musicale via des compositions à fleur de peau tout en extériorisant ses démons de timidité en mettant son physique en avant. De leur côté, Sam Fenton et Jezmi Tarik Fehmi se sont concentrés sur Double Virgo dans un univers indie glam-punk soutenu. Pour l’anecdote, les deux projets étaient programmés le même jour lors des dernières Nuits Botanique.

Back to business donc et à ce « Some Like It Hot » qu’ils s’apprêtaient à décortiquer en long et en large sur la scène du Reflektor. « Fundraiser », son efficace plage d’intro et « I Make My Own Dust », un des moments forts du disque, seront d’ailleurs balancés d’entrée de jeu toutes guitares en avant. Entre les deux, le classique « My Little Tony » cimentera avantageusement la jonction. Un triptyque qui soulignera déjà la complémentarité vocale entre les protagonistes dont les interventions jalonnent systématiquement les compositions.

L’ADN de Bar Italia réside d’ailleurs dans cette osmose, d’autant que chacun prend un semblant de lead à tour de rôle sans toutefois effacer les deux autres. Nina entre urgence (« Eyepatch ») et délicatesse (le somptueux « Plastered »), Sam austère et assuré (« Sarcoustica »), Jezmi en mode dark wave saccadé assumé (« Lioness » aux accents de Robert Smith). Cela dit, ne passons pas sous silence l’excellente section rythmique composée d’un batteur et d’une époustouflante nouvelle bassiste dont les parties enveloppent avantageusement l’ensemble.

Dommage cette absence maladive de communication envers le public alors qu’ils blaguent volontiers entre eux et s’adressent régulièrement à leur ingénieur du son, générant des moments de suspension parfois malaisants. Une façade, sans doute, adoucie toutefois par la gestuelle de la chanteuse, cheveux au vent, qui se rapproche de celle d’une danseuse du ventre. L’attitude des deux garçons restant quant à elle assez glaciale.

Cela dit, laissons parler la musique et, de ce côté-là, on sera servis. De l’insaisissable « Twist » au foutraque « Punkt » en passant par l’intermède pseudo acoustique issu de « Bedhead », premier album publié en 2020, ils ratisseront l’ensemble de leur courte mais déjà intense carrière. Pointons encore cette version groovante à souhait de « Nurse! » alors que parmi les nouveaux titres, si on laissera de côté le poppy « Marble Arch » et les longueurs de « The Lady Vanishes », l’imparable « Omni Shambles » et le puissant « Rooster » boucleront le set principal de furieuse manière. Avec un providentiel « thank you » à la clé…

Les rappels débuteront par l’envoûtante plage titulaire du nouvel album, magistralement prise en main par l’ami Jezmi et sa pertinente vision gothique qui planera également sur l’impeccable hit indie « Cowbella ». Quant à « Changer » il nous rappellera leur don pour sortir de leur chapeau des comptines entêtantes aussi réconfortantes qu’un cappuccino du côté de Soho…

SET-LIST
FUNDRAISER
MY LITTLE TONY
I MAKE MY OWN DUST
TWIST
MARBLE ARCH
SARCOUSTICA
LIONESS
ANGELS
RAGE QUIT
JELSY
THE LADY VANISHES
PLASTERED
NURSE!
PUNKT
EYEPATCH
OMNI SHAMBLES
ROOSTER

SOME LIKE IT HOT
CHANGER
COWBELLA

Organisation : Reflektor

Laisser un commentaire

Music In Belgium