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Beak>, peak of the week>

Avec l’imprononçable « >>> » publié l’an dernier, Geoff Barrow et ses joyeux lurons de Beak> sont passés dans la catégorie supérieure. Après le Cactus Club de Bruges en décembre, c’est un Atelier 210 plein à craquer qu’ils ont savamment dompté.

Promise au départ à LoKa & The Moonshiners, la première partie a finalement été confiée aux jeunes Bruxellois de Mud. Rien à voir dès lors avec le groupe de glam rock qui affolait les hit-parades dans les années 70 avec leurs costumes kitsch. On se trouve ici dans un environnement nettement plus rock (des voix freestyle agressives et deux guitares sont en action) aux contours électroniques bidouillés.

Sombres et déstructurées, leurs compositions hésitent entre la noise de Sonic Youth, le grunge éthéré du premier Nada Surf, la noirceur d’Editors période « In This Light And On This Evening » et le Depeche Mode du début des nineties lorsque Martin Gore découvrit les guitares. Un paquet d’influences disparates qui les rendent par moments indigestes. En effet, malgré un cœur grand comme ça, certaines bonnes idées demandent encore du travail pour aboutir à un produit fini digne de ce nom. À leur décharge, il ne s’agissait visiblement que de leur cinquième concert…

« Third », le dernier album de Portishead, date de 2008. Bien que toujours sporadiquement actif, le groupe n’a pour le moment aucune actualité récente, au contraire des ses trois membres fondateurs. Beth Gibbons vient de publier une performance enregistrée avec The Polish National Radio Symphony Orchestra, Adrian Utley poursuit son activité de producteur alors que Geoff Barrow profite du relatif anonymat de Beak> pour travailler sans pression.

Ceci dit, les choses pourraient bientôt changer car « >>> », le troisième album de son projet parallèle (mais peut-on encore le considérer comme tel ?) a fait l’unanimité lors de sa sortie à l’automne dernier. Le mensuel Uncut le classera même dans son top 10 de fin d’année. Le plus abouti à ce jour, il permet au groupe complété par le bassiste Billy Furer (un des collaborateurs de Robert Plant) et le claviériste/guitariste Will Young (non, pas lui, un autre…) de laisser s’exprimer ses émotions au moyens de pièces parfaitement construites.

Ils le démontreront d’emblée avec le menaçant instrumental « The Brazilian », parfaite introduction à un set méticuleux et débridé à la fois. Ainsi, la structure carrée des compositions leur impose une rigidité qu’ils font voler en éclat lors de leurs interventions délirantes. Outre des déclarations en guise de clin d’œil comme « We are the official Brexit band » (la veille de l’annonce de la démission de Theresa May) ou sur le prix des tickets, ils se lancent des vannes à tout bout de champ, conférant une certaine légèreté à leur prestation.

Si la voix de l’ami Geoff derrière son kit placé du côté droit de la scène sera légèrement trafiquée (« Brean Down »), celle du bassiste assis sur une chaise verra la sienne perturbée par des effets reverb envahissants pendant un « Eggdog » à tendance dub. Sans relation de cause à effet, les planètes s’aligneront à partir du moment où ils se rendront compte qu’ils avaient oublié de brancher leurs décorations lumineuses disposées autour des amplis (des formes géométriques aux couleurs primaires vives) qui magnifieront l’hypnotique « The Meader » au final noisy.

Outre un prenant « RSI », le sommet du concert interviendra avec « Allé Sauvage » (sic), irrésistible instrumental krautrock electro et pièce angulaire de « >>> », encore plus percutant en live qu’en studio. Par la suite, les effets farfelus de Will Young agrémenteront l’avant, le pendant et l’après « I Know » alors que les riffs du lancinant « Wulfstan II » mèneront vers un « When We Fall » délicatement entamé et furieusement ponctué.

Puisque d’après eux les rappels sont réservés à Phil Collins et Scorpions (quelques mesures de « Wind Of Change » à la clé), ils resteront sur scène pour deux titres supplémentaires. L’époustouflant « Blagdon Lake » tout d’abord, avant d’inviter leur roadie à jouer des bongos sur « Life Goes On », un excellent nouveau single sorti tout récemment qui démontre que Beak> est plus que jamais au centre des préoccupations de Geoff Barrow.

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