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A. Savage, fire inside…

La machine Parquet Courts momentanément en pause, son leader Andrew Savage en profite pour réactiver une parenthèse entamée en 2017. Il a publié l’an dernier « Several Songs About Fire », un deuxième album sous le pseudo A. Savage qu’il est venu défendre à la Rotonde du Botanique.

À l’instar des autres villes visitées dans le cadre de sa tournée européenne, il a confié à Naima Bock le soin d’ouvrir les festivités. Son nom ne vous dit sans doute pas grand-chose mais cette londonienne d’origine gréco-brésilienne était co-fondatrice et bassiste de Goat Girl jusqu’en 2019 avant de sérieusement envisager de quitter le milieu. Sa passion a toutefois rapidement repris le dessus puisqu’elle a profité du confinement pour enregistrer son premier album, « Giant Psalm », sorti chez Sub Pop en 2022.

Un album aux influences folk parsemées de son héritage culturel plutôt que celles, post-punk glaciales parsemant « Goat Girl ». Davantage Nara Leão que Warpaint, en d’autres termes. Sur scène, elle se produit assise et c’est avant tout sa voix claire et puissante qui impressionne. Sa guitare passe au second plan même si elle reste essentielle à l’équilibre de l’ensemble. Cela dit, c’est lors de la seconde moitié du set, lorsque son compère Bingo Fury (dont le premier album sortait justement ce jour-là) est venu s’asseoir à côté d’elle, que la magie a réellement opéré. Seconde voix, guitare ou clarinette mais toujours avec retenue et délicatesse. À l’instar de Naima Bock qui a désormais clairement trouvé sa voie.

Grand habitué du Botanique et particulièrement de l’Orangerie pour y avoir joué à plusieurs reprises avec Parquet Courts (la dernière date de 2018), Andrew Savage aka A. Savage a investi la Rotonde pour donner vie à son nouvel album solo. Baptisé « Several Songs About Fire » et publié chez Rough Trade en octobre dernier, il dévoile une facette introvertie d’un gaillard plutôt habitué aux rythmes frénétiques de son groupe. Pas étonnant lorsque l’on sait qu’à la manœuvre se trouvent notamment John Parish, Cate Le Bon et Jack Cooper (Modern Nature, Ultimate Painting).

C’est pourtant avec un tout nouveau titre, « Black Holes, The Stars And You » (disponible en 7inch limité au stand merchandising) qu’il va entamer son set façon presque cabaret. Un style qui, contre toute attente, convient parfaitement à sa voix reconnaissable entre mille. Ce que confirmera un langoureux « Hurtin’ Or Healed » dans la foulée via des intonations singulières. Bien entendu, celles-ci renvoient à Parquet Courts mais l’orchestration travaillée empêche toute comparaison, même lorsque le tempo s’accélère comme sur l’excellent « Elvis In The Army ».

Positionné du côté droit de la scène, l’ami Andrew semble vouloir laisser un maximum de liberté à ses musiciens. D’autant qu’il a la faculté de particulièrement bien s’entourer. On retrouve ainsi à ses côtés le bassiste Josh Puklavetz (impérial sur le prenant « Thanksgiving Prayer ») et le précité Jack Cooper à la guitare ainsi que le claviériste Jeff Tobias qui se fendra également çà et là d’interventions inspirées au saxophone (l’envoûtant « Le Grand Balloon ») et à la clarinette (« Wild, Wild, Wild Horses »).

Mais c’est surtout la batteuse Dylan Hadley qui tirera son épingle du jeu malgré une attitude plutôt rigide. Sa voix complémentera ainsi parfaitement celle du leader, illustrant une complicité plus qu’évidente (« Riding Cobbles », « Mountain Time »). Tout ce petit monde est positionné en arc-de-cercle sur la scène de la Rotonde, formant une redoutable unité. Mis à part Jack Cooper, ils proviennent des côtes opposées américaines, raison sans doute pour laquelle « I Can’t Shake The Stranger Out Of You », cette cover de Lavender Country, sonne davantage soleil californien que grisaille New Yorkaise. Tout le contraire du saccadé « Thawing Dawn » ou de l’enlevé « David’s Dead ».

Une autre cover émaillera le set. Celle, somptueuse, d’un titre de Kevin Ayers, « The Oyster And The Flying Fish » (la face B du 7inch susmentionné) qui verra tant la batteuse que les spectateurs s’adonner aux vocalises. Pour l’anecdote, Andrew s’adresse au public dans un français certes hésitant, mais qui le rend davantage attachant en plus d’être respectueux au sens large du terme (on le verra ainsi poliment faire la queue au bar peu après son concert).

Mais avant cela, il bouclera son set via deux titres sans doute moins directs mais patiemment travaillés. « My New Green Coat » en crescendo captivant tout d’abord, « Out Of Focus » en mode zénitude hypnotique ensuite. Le point commun entre les deux ? Un saxo jazzy au rôle bien plus essentiel qu’on ne le pense. Une des clés qui ont permis à Andrew Savage de se forger une propre identité. On est curieux de découvrir la manière dont elle interférera (ou pas) sur les futurs enregistrements de Parquet Courts.

SET-LIST
BLACK HOLES, THE STARS AND YOU
HURTIN’ OR HEALED
ELVIS IN THE ARMY
RIDING COBBLES
LE GRAND BALLOON
I CAN’T SHAKE THE STRANGER OUT OF YOU
THAWING DAWN
WILD, WILD, WILD HORSES
WINTER IN THE SOUTH
INDIAN STYLE
THE OYSTER AND THE FLYING FISH
MOUNTAIN TIME
THANKSGIVING PRAYER
DAVID’S DEAD
MY NEW GREEN COAT
OUT OF FOCUS

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