BLACK KIDS ou le revival new wave, AB Club
Mardi 11 novembre, jour férié mais soirée faste à l’Ancienne Belgique avec deux concerts événements archi complets. Dans la grande salle, Elbow venait fêter son Mercury Music Prize tandis que dans le Club, les Black Kids s’arrêtaient pour la première fois dans une salle belge. Ce sont ces derniers que l’on va chroniquer…
Avant de commencer, précisons simplement que, pour l’anecdote, on avait vu Elbow dans le Club à l’époque de leur premier album (« Asleep In The Back »). C’était le 8 novembre 2001… Que de chemin parcouru depuis. Mais cela, c’est une autre histoire…
Retour aux Black Kids et à leur première partie, qui était à l’origine destinée à Ladyhawke mais c’est finalement The USA qui aura l’honneur d’ouvrir la soirée. The USA, un groupe qui, comme son nom ne l’indique pas, est hollandais. En tout cas, pas de doute possible, l’accent du chanteur trahit ses origines dès qu’il ouvre la bouche…
Apparemment, le groupe se compose de trois musiciens mais seulement deux sont présents ce soir: un chanteur dont la bouille nous fait penser à Chris Cain de We Are Scientists (mais avec un humour un peu plus subtil et moins lourd) et une claviériste adepte des bidouillages sonores. En principe, une batteuse les accompagne mais elle n’a pas pu faire le déplacement jusqu’à Bruxelles. Alors, plutôt que de passer des bandes, ils ont eu l’idée de la filmer en action et de projeter le résultat sur un grand écran à l’arrière de la scène. Le résultat est frappant (c’est le cas de le dire) et tout à fait synchro.
Musicalement, on jurerait entendre Grandaddy qui aurait participé à une jam session avec les musiciens de Kraftwerk (la voix du chanteur oscille entre Jason Lytle des précités Grandaddy et Neil Young). Adeptes des instruments électroniques vintage, ils aiment aussi les bidules qui ne servent à rien. Un vieux transistor traîne sur le bord du synthé et un mini robot trône devant la scène. En tout cas, ils savent comment charmer le public avec notamment un titre qui s’intitule « The Reunification Of Belgium » et une cover toute particulière (sans micro et avec un tout vieux synthé) de Jonathan Richman & The Modern Lovers (« Lonely Financial Zone », avec la participation du public). Une mise en jambe rafraîchissante qui a donné l’effet escompté. On n’a pas eu envie de regarder sa montre une seule seconde…
Première salle belge donc pour le groupe de Jacksonville en Floride mais pas première visite puisqu’on avait déjà eu l’occasion de les voir au Pukkelpop en août dernier. Auteur d’un premier album (« Partie Traumatic ») qui fleure bon les 80’s, les Black Kids n’y vont pas par quatre chemins. Ils démarrent au quart de tour avec « Look At Me (When I Rock Wichoo) ». Emmené par Reggie Youngblood, un chanteur métis aux cheveux électriques et à la tête éminemment sympathique, ils vont, l’espace d’une petite cinquantaine de minutes distiller des mélodies aussi efficaces que dansantes, dont la pierre angulaire sera la basse de Owen Holmes, qui sortira de son instrument des sons incroyables de précision, malgré un état d’ébriété de plus en plus marqué au fur et à mesure de l’avancement du concert (il est vrai que boire de la Leffe à la bouteille, cela n’aide pas…).
Sur le côté droit de la scène, on retrouve deux choristes (dont une est la sœur du chanteur). Loin d’être des grâces, mais avec des voix qui auraient intéressé Phil Spector à l’époque de son fameux mur du son. Et c’est ici que se trouve la différence par rapport à l’album. Autant on pense à Human League, aux Thompson Twins ou à A Flock Of Seagulls (qui?) en écoutant la plaque, autant en concert, on pourrait mixer ces influences avec les Ronettes. Genre Long Blondes (RIP) mais en plus groovy.
Cela dit, il y a un hic. La voix du chanteur, pourtant si caractéristique, n’est pas du tout mise en avant. Que du contraire. Elle est même carrément noyée dans la masse. Et comme le même sort est réservé à sa guitare, cela n’arrange rien. Ils ont des tubes comme « I Wanna Be Your Limousine » et sa basse qui rappelle le « Another One Bites The Dust » de Queen, « I’ve Underestimated My Charm (Again) » ou « Listen To Your Body Tonight », mais alors qu’on s’attend à une tuerie sur scène, le résultat s’avère malheureusement un peu trop gentil. Cela dit, comment ne pas apprécier leur hymne (et un de mes futurs singles de l’année) « I’m Not Gonna Teach Your Boyfriend How To Dance With You » qui a sans surprise clôturé le set principal.
Le groupe reviendra pour un rappel, « Hurricane Jane », encore plus années 80 que dans les années 80, qui donnera une dernière fois au Club des allures de dancefloor avant de quitter la scène pour de bon (il était temps, d’ailleurs pour le bassiste…), nous laissant une impression de travail pas tout à fait accompli. Dommage, car avec un meilleur ingénieur du son, on aurait sans doute vu une toute autre prestation…
Les autres photos de
Black Kids |
The USA
Photos © 2008 Olivier Bourgi