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LOS CAMPESINOS! : de gais lurons à la Rotonde


Une triple affiche ce dimanche 9 novembre au Bota avec trois groupes signés chez le label indépendant Wichita. Parmi ceux-ci, Los Campesinos! qui se produisait quasi un an jour pour jour après une prestation convaincante dans le Witloof Bar…

Mais avant de (re)découvrir le collectif de Cardiff en action, place aux nouvelles graines du label, avec tout d’abord Sky Larkin, un trio emmené par Katie Harkin, une demoiselle pleine de peps qui chante tout en s’accompagnant de sa guitare. On retrouve également un bassiste, Doug Adams, qui a failli retarder le concert vu qu’il était introuvable à l’heure du début des hostilités (il a même été demandé au public de scander son nom…). Toutefois, lorsqu’il est arrivé sur scène (d’un air nonchalant), c’est le batteur Nestor Matthews qui manquait à l’appel, vu qu’il était entre-temps parti à la recherche de son collègue.


Bref, leur set a finalement débuté avec un léger retard et, a posteriori, on comprend mieux pourquoi Katie insistait tellement pour retrouver son bassiste perdu dans les couloirs du Botanique. En effet, la basse a une importance primordiale sur le son de Sky Larkin. Tout autant que la batterie, même si notre ami Nestor se fend de grimaces toutes aussi béates les unes que les autres tout en frappant sur ses fûts. Même la guitare tient la route. Reste la chanteuse, dont le timbre de voix fait parfois penser à Björk, Courtney Love ou Edie Brickel, mais qui flirte trop souvent avec la fausse note, ce qui donne une impression pas toujours heureuse, même si musicalement, cela tient drôlement bien la route.

A ce propos, un de mes voisins m’a très justement fait remarquer que leur pop rock nerveuse lui faisait penser aux regrettés Sleater-Kinney. Une remarque judicieuse lorsque l’on apprend que le premier album de Sky Larkin (à paraître en janvier 2009) sera produit par John Goodmanson, qui avait travaillé à l’époque avec le groupe indépendant américain. Il avait donc vu juste…


Le deuxième groupe à fouler la scène de la Rotonde allait nous emmener dans un univers radicalement différent. Les cinq membres de Lovvers, originaires de Nottingham, ont été nourris au rock crasseux des années 60. J’irai même jusqu’à affirmer qu’ils n’ont pas été voir plus loin que 1969. Entre les Rolling Stones des débuts et les Stooges, leur punk rock criard, lourd et pas vraiment inspiré (contrairement à leurs influences) nous a imposé une réflexion. Quel intérêt de venir jouer (faire du bruit) pendant 19 minutes (avec toutes les émissions de CO2 que cela engendre…)? En tout cas, rien à voir avec les chansons d’amour que le nom du groupe aurait pu inspirer (ou alors à la vitesse v prime…). Le chanteur hurle tant qu’il peut derrière un mur de guitares, le tout avec un volume poussé au maximum. Personnellement, je préférais encore quand Katie Harkin chantait limite faux…

Il était 21h et les deux premières parties étaient déjà terminées. Un concert express? Non, pas vraiment car nos sept écossais se sont fait désirer. A leur décharge, les soundchecks pour autant de personnel sur scène sont bien évidemment plus fastidieux. Cela nous a laissé le temps de nous rappeler que l’on avait fait connaissance avec ce groupe le 4 novembre 2007 dans le même bâtiment mais un étage plus bas. C’est vrai qu’au Witloof Bar, ils ne devaient pas trop bouger au risque de se percuter entre eux ou de se prendre de plein fouet les voûtes de la salle. L’occasion aussi de nous souvenir de la première partie de l’époque: Vampire Weekend (le chanteur Gareth Campesinos! y reviendra à plusieurs reprises lors du concert (« Look what happened to them! »).

Entre-temps, le premier album du groupe, « Hold On Now, Youngster… », est sorti en février et, preuve de la productivité infernale qui les habite actuellement, le deuxième est disponible en magasin depuis quelques jours. En effet, « We Are Beautiful, We Are Doomed » est arrivé à peine 33 semaines après leur premier effort. Un album qui sort en édition limitée, accompagné d’un DVD auto réalisé sur leur quotidien en tournée, un mini poster, un magazine comprenant les paroles des chansons et quelques esquisses de BD ainsi que deux badges. Un bel objet dont ils allaient vraisemblablement nous jouer l’un ou l’autre extrait ce soir.


Et, de fait, c’est avec la plage d’intro de ce nouvel album, « Ways To Make It Through The Wall », qu’ils entament la soirée. En une fraction de seconde, le décor est planté et on retrouve avec grand plaisir ce joyeux bordel magnifique (mais toujours contrôlé) avec chaque membre du groupe qui apporte sa petite pierre à l’édifice. On entend plusieurs voix, des instruments qui s’entrechoquent et des idées qui partent un peu dans tous les sens. Cela peut paraître brouillon (ça l’est parfois) mais ils arrivent à maîtriser cela et à nous faire penser à un mix improbable entre I’m From Barcelona (pour la bonne humeur qu’ils dégagent) et Polyphonic Spree (pour la grande variété d’instruments).

Comme il y a un an, c’est la violoniste qui m’a le plus impressionné (je parle de son instrument), mais le xylophone ne donne vraiment pas mal non plus… Surtout quand ils s’y mettent à deux… Mais tout n’est pas parfait, loin de là. Les compositions de Los Campesinos! sont loin d’être évidentes et on est contents d’entendre les « tubes » que sont « Death To Los Campesinos! », « My Year In Lists » ou « You! Me! Dancing! » pour nous permette de nous remettre quelque peu dans l’ambiance.


Le final, « We Are Beautiful, We Are Doomed », suivi de « Sweet Dreams, Sweet Cheeks » valait à lui seul le déplacement, avec le chanteur qui s’est offert un bain de foule avant de ranger le micro et de revenir pour un rappel pas prévu sur la set-list. C’est donc « Broken Heartbeats Sound Like Breakbeats » qui a donné le sourire une dernière fois au public de la Rotonde. Concert honnête, mais un peu trop inégal que pour pouvoir être catalogué comme excellent. Une prochaine fois peut-être…

Quant à Sky Larkin et Lovvers, il est hautement improbable qu’ils suivent le même chemin que Vampire Weekend… Ou alors, rendez-vous en novembre 2009, qui sait ?

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Photos © 2008 Olivier Bourgi

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