KILLING JOKE, seconde date belge de la tournée du groupe
Pour ce second concert à l’Ancienne Belgique ce mardi 30 septembre, Killing Joke avait décidé de baser son show sur l’album « Pandemonium ». Comme la veille, la première partie était assurée par Treponem Pal. On prend les mêmes et on recommence, pour ce deuxième épisode des aventures de Killing Joke en Belgique. Rappel des faits : Killing Joke profite de son trentième anniversaire pour rassembler son line-up d’origine et offrir à son public une douzaine de dates d’une tournée mondiale qui a la particularité de proposer deux shows par ville. Hier, nous avons eu droit à l’intégrale des deux premiers albums, ce soir, nous aurons de larges extraits de « Pandemonium » ainsi que les premiers singles parus en 1979-80. L’idée est tout à fait sympathique et devrait inspirer davantage de groupes, qui pourraient se montrer ainsi sous différents jours et éviter de jouer toujours les mêmes choses.
Alors, petite question : pourquoi Killing Joke joue-t-il « Pandemonium » et pas un autre album? Tout simplement parce que « Pandemonium », paru en 1994, est le troisième meilleur album du groupe après « Killing Joke » (1980) et « What’s THIS for » (1981). Cet album marquait le grand retour de Killing Joke vers des riffs lourds et une rythmique martiale, un authentique bijou de metal indus. C’était à l’époque une occasion unique pour Killing Joke de revenir sur ses terres et de montrer aux jeunes prétendants (Ministry, Nine Inch Nails, Godflesh, White Zombie…) essayant de lui piquer sa place qui était le maître des lieux. Cet album a également marqué les charts anglais avec une troisième place en août 1994, excusez du peu.
Le plaisir de revoir la bande de Jaz Coleman pour le second soir consécutif est plus qu’une joie, c’est une consolation. On va continuer la fête, quoi! Préalablement à tout ceci, je vais d’abord chercher un pote chez lui avant de m’enfoncer dans le trafic bruxellois et progresser doucement vers l’Ancienne Belgique. Lorsque nous arrivons sur place à 19 heures piles, les portes ne sont pas encore ouvertes et il y a toujours aussi peu de monde. Je retrouve également une amie qui était là hier et qui garde jalousement la porte d’entrée. Nous sommes bien sûr à la barrière quand le public pénètre dans la salle. Ce soir, nous nous plaçons à gauche de la scène, de façon à ne rien rater du jeu de guitare de Geordie Walker.
L’angle opposé sera la seule différence existant pour le concert de Treponem Pal, qui assure encore la première partie. Même set list, mêmes mimiques, même metal velu et oppressant. Je vois mieux le jeu du guitariste soliste qui triture sa Gibson Les Paul noire, voyant par la même occasion qu’il est plutôt bon. Le claviériste est également plus énervé que je ne l’imaginais. Il hurle de temps à autre sous les nappes de son brut émises par ses petits camarades. Le concert semble meilleur que celui de la veille. Est-ce le fait de voir le groupe pour la seconde fois et de savoir ce qui va se passer? Peut-être.
En tous cas, un concert de Killing Joke, qu’on en soit à la première ou à la quinzième fois, est toujours aussi excellent. J’espère que les musiciens ont lavé leurs vêtements de la veille car ils portent exactement les mêmes fringues aujourd’hui. Killing Joke démarre les combats avec « The hum », un titre de 1982 paru sur l’album « Revelations ». Puis les choses se passent un peu comme si la set list était inversée par rapport à hier. Tous les titres qui étaient à la fin du set de lundi se retrouvent au début aujourd’hui. « Les derniers seront les premiers », les saintes écritures disaient vrai. C’est ainsi que défilent « Change », « Pssyche », « Love like blood » et « Eighties ». L’ambiance dans le public est toujours la même, ça pulse. Nous subissons encore notre lot de pogoteurs et de slammeurs. Une bande de gros lourds grimpe régulièrement sur la scène pour mieux se lancer dans la foule. Un type baraqué comme un fort des halles se hisse sur scène et se jette. Quand il revient deux minutes plus tard pour le même manège, il semble complètement groggy, incapable de monter, la face écrasée contre le plancher de la scène. Mauvaise réception au sol, sans doute? Quoiqu’il en soit, lors de son cinquième passage, il reste vautré sur scène, mûr pour être cueilli par un garde de la sécurité qui l’évacue en coulisse. Bon débarras.
Vient enfin le tour des titres de « Pandemonium ». Contrairement aux deux premiers albums qui avaient été joués en intégrale la veille, seulement six titres sur dix de « Pandemonium » sont joués. Mais cela suffit à combler les tympans d’un honnête homme. « Whiteout », complètement techno hardcore, fissure la foule. Le tsunami indus continue de propager son onde de choc avec « Exorcism » et « Labyrinth » avant que le magnifique « Black Moon » ne vienne mettre tout le monde d’accord sur l’aspect grandiose de ce que nous sommes en train de vivre. Là dedans, Jaz Coleman est comme un piranha dans une baignoire : toujours aussi charismatique, prêt à provoquer l’émeute à tout moment dans le public. A le voir, on a du mal à s’imaginer que cette bête de scène est aussi un fin lettré en matière de musique classique. Il est effectivement compositeur résident pour l’orchestre symphonique de Prague et a aussi travaillé pour l’orchestre symphonique de Londres et le philharmonique d’Auckland. Il a aussi à son actif un premier opéra composé pour le Royal Opera House de Londres.
Et cette fois, mon observation du jeu de guitare de Geordie Walker démontre tout le bien que je pense de lui. Imperturbable, la casquette visée à l’envers sur le crâne, le bon Geordie chatouille sa Gibson ES 135 avec une nonchalance déconcertante, tout en en extrayant des riffs inhumains. C’est ça un bon groupe : des riffs et un son. Un génie gratte un mi sur une guitare et c’est toute une symphonie qui dévale. L’homme de la rue fait la même chose, et c’est un mi…
La fin du show est une véritable course de fond vers l’impossible. Un « Asteroid » super poilu extrait de l’excellent album « Killing Joke » de 2003 vient envoyer la foule au plafond. Très bien, les gars, vous avez raison de nous faire la promotion de ce disque absolument monstrueux, sorti il y a cinq ans et sans doute l’un des plus brutaux de votre discographie. Ah, s’ils avaient pu jouer le super blindé, l’ultra métallique, le concentrationnaire « Total invasion », dont le riff effrayant ferait passer le dernier Metallica pour un concerto pour harpe et triangle. Mais enfin, nous n’allons pas bouder notre plaisir, surtout quand nous attend une nouvelle interprétation de « The wait », suivie de « Pandemonium » en guise de conclusion.
La foule épuisée réclame l’estocade. Elle viendra au rappel avec un nouveau titre (cuisiné pour le prochain album qui devrait d’ailleurs être un double) et l’imparable « Wardance », sans doute mon titre préféré de Killing Joke. Lorsque le groupe quitte la scène et que les amplis restent allumés, tout le monde retient son souffle en espérant la probabilité d’un second rappel. Mais le roadie qui vient couper les manettes nous fait comprendre que les choses sont finies pour ce soir. La difficulté va consister à retourner chez soi en sachant que le lendemain à l’Ancienne Belgique, il n’y aura pas Killing Joke…
Liste des morceaux :
- The hum (Album « Revelations » 1982)
- Change (Single « Requiem/Change » 1980)
- Pssyche (Single « Wardance/Pssyche » 1980)
- Love like blood (Album « Night Time » 1985)
- Eighties (Album « Night Time » 1985)
- Whiteout (Album « Pandemonium » 1994)
- Exorcism (Album « Pandemonium » 1994)
- Labyrinth (Album « Pandemonium » 1994)
- Black moon (Album « Pandemonium » 1994)
- Turn to red (Single « Nervous system/Turn to red/are you receiving » 1979)
- Communion (Album « Pandemonium » 1994)
- Money is not our god (Album « Extremities, dirt and various repressed emotions » 1990)
- Asteroid (Album « Killing Joke » 2003)
- Timewave (Nouveau titre)
- The wait (Album « Killing Joke » 1980)
- Pandemonium (Album « Pandemonium » 1994)
Rappels - Fresh fever (Nouveau titre)
- Wardance (Album « Killing Joke » 1980)