Impressionants SMASHING PUMPKINS à Forest National ce 19 février 2008
Le 9 juillet prochain, il y aura 20 ans que les Smashing Pumpkins donnaient leur premier concert à Chicago, leur ville d’origine. On n’y pense pas toujours, mais ce groupe a déjà vingt ans, perspective inimaginable lorsqu’on voit le visage angélique et étrange de Billy Corgan, leader du groupe et penseur en chef. Les Smashing Pumpkins sont issus de la scène gothique locale de Chicago mais n’ont pas tardé à saisir la vague de renouveau rock du début des années 90, surfant au sommet du succès avec Nirvana ou les Pixies, leurs illustres contemporains. C’est d’ailleurs bien simple, le rock indépendant américain à cette époque orbitait autour de ces trois groupes, avec Pearl Jam et Soundgarden comme challengers.
L’aura de respect qui entoure les Smashing Pumpkins est inversement proportionnelle à la légèreté de son nom. C’est vrai, en fait : les Citrouilles qui Cognent, rien de plus idiot, comme blaze. Et pourquoi pas les Citrons Pressés ou Orange Mécanique? En tout cas, côté musique, il n’y a plus de quoi rire. Les Pumpkins ont depuis longtemps fait régner l’ordre dans le monde du rock en devenant un des plus gros groupes des années 90. Dix-huit millions d’albums vendus rien que pour « Mellon Collie and the infinite sadness » en 1995, ça vous pose son homme. A l’époque, Billy Corgan sévissait en compagnie de James Iha (guitare), Jimmy Chamberlain (batterie) et D’Arcy Wretzky (basse), qui sera remplacée par Melissa Auf Der Maur. Celle-ci arrive dans le groupe alors que celui-ci brûle ses dernières cartouches au début des années 2000. Après les énormes classiques « Gish » (1991), « Siamese dream » (1993) et « Mellon Collie » (1995), « Adore » (1998) et « Machina/The machines of God » (2000) constituent un revirement sensible de la musique des Pumpkins, qui passe d’un rock alternatif puissant, volontiers heavy ou punk, à quelque chose de plus gothique et de plus introverti. Les Smashing Pumpkins se sépareront peu après, minés par les drogues et les conflits internes. Billy Corgan va développer quelques projets solos durant les années suivantes, projets pas toujours bien inspirés. On lui pardonnera ces écarts puisqu’il décide la reformation des Smashing Pumpkins en 2005, projet concrétisé par le nouvel album « Zeitgeist« et les tournées de promotion qui s’ensuivent. Ici, on retrouve les Pumpkins du bon vieux temps, avec riffs lourds et montées d’adrénaline non remboursées par la sécurité sociale.
Tout cela va être un plaisir à regarder sur scène. Le vénérable Forest National accueille le groupe en ce 19 février. Nous arrivons juste pour l’ouverture des portes mais il n’y a aucun problème pour foncer vers la barrière et trouver une bonne petite place à la droite de la scène. Tout se passera donc bien pour ne rien rater du show des Smashing Pumpkins.
Mais auparavant, il faut se colleter la prestation insipide de Tim Vanhamel et de son groupe. Difficile à croire que l’ancien pensionnaire de dEUS et d’Evil Superstars, ami des Eagles Of Death Metal et leader des stoneux de chez Millionaire, se commette dans un pop rock folkisant et doucereux. Vanhamel vient faire la promotion de son album solo « Welcome to the blue house » qui vient de sortir. Nous avons droit ici à du faux Byrds, du Mercury Rev contrefait ou du Dandy Warhols d’occasion. Je rappelle qu’un groupe de première partie doit chauffer la salle, pas la refroidir. Même REM ferait office de groupe de trash metal à côté de ces mélodies souffreteuses, entendues mille fois et soulignées de poses ridicules du guitariste, qui ressemble à un Bob Dylan en plastique mou. Je profite de ce moment d’ennui pour aller aux toilettes et revenir à ma place, au milieu d’une foule passive dont j’en vois quand même certains qui dansent (j’ai les noms…).
A 20h54, le coup d’envoi est donné. Les Smashing Pumpkins arrivent sur scène, dans une marche fermée par le patron Billy Corgan, qui se pointe habillé d’un tee-shirt gris et d’une jupe longue argentée. Il n’y a que lui pour porter des trucs pareils. Et le plus étonnant, c’est qu’avec son crâne rasé, il ne fait même pas ridicule. Il y a des gens comme ça, qui savent porter les fringues les plus invraisemblables. On appelle ça des artistes. Voire des génies s’ils veulent pousser le bouchon un peu plus loin. A ses côtés, une équipe renouvelée aux trois quarts : Ginger Reyes (basse, une jolie petite louloute qu’on a pu voir dans le combo pop-punk Halo Friendlies), Jeff Schroeder (guitare, ex-Lassie Foundations et Violet Burning) et Lisa Harriton (claviers, une transfuge des clubs de jazz). Le grand ancien est bien entendu Jimmy Chamberlain, plus solide que jamais, aux bras gros comme mes cuisses.
Le show prend doucement son envol avec un « Porcelina of the vast oceans » lourd de signification. D’office on est replongé dans le super classique des Smashing Pumpkins, l’album « Mellon Collie and the infinite sadness », le grand œuvre du groupe en 1995. Suit alors un magnifique best of qui va chercher dans toute l’œuvre des Pumpkins. Tous les albums sont représentés : « Mellon Collie », « Adore », « Machina », l’incontournable « Siamese dream » et bien sûr le petit dernier « Zeitgeist ». Même « Gish » aura droit de cité avec « Daydream » en fin de show. Dès le départ, on sent que Billy Corgan et sa clique sont partis pour jouer longtemps. Près d’une huitaine de morceaux se passent avant que Billy ne dise bonjour au public et présente le groupe. Si l’intro dure huit titres, on imagine rapidement l’ampleur de tout le show. Et on a raison parce que les festivités ne vont ni plus ni moins durer que deux heures et quarante minutes, ce qui équivaut à deux concerts de reformation de Police. Oui, boys, ça ne plaisante plus, et le groupe va remarquablement tenir la distance, alternant avantageusement les phases calmes et brutales, réveillant la foule après quelques titres acoustiques, submergeant la marée humaine de riffs massifs et imparables (l’énorme « Tarantula », du dernier album). Cette montée au Golgotha électrique est renforcée par un light show qui ferait passer le carnaval de Rio pour une veillée funèbre en Laponie.
Billy Corgan sort peu à peu de son mutisme et communique volontiers avec le public, évoquant ses concerts passés en Belgique et les difficiles passages de son concert solo à Gand, où ça avait pas mal bardé. Il faut dire qu’à l’époque, le bon Billy ennuyait tout le monde avec une musique bien soporifique et les fans des Smashing Pumpkins étaient outrageusement sur leur faim. Depuis, les choses se sont améliorées et le concert de ce soir va être une superbe réconciliation avec le public belge. La durée du show en est une preuve. Quelques jours auparavant, lors d’un concert anglais, Billy Corgan avait quitté la scène au beau milieu du show, abandonnant la moitié de la set list parce que le public n’était pas assez avec lui.
La fin du concert est fabuleuse. Après avoir chanté le traditionnel « My blue heaven » (une chanson des années 20) avec son batteur Jimmy Chamberlain au tambourin, Billy Corgan lance l’hallali avec un feu roulant de titres qui vont rendre fou. « Cash car star » est l’occasion d’un medley truffé de classiques inattendus, le groupe jouant des bouts du « Easy living » de Uriah Heep, de « For what it’s worth » de Buffalo Springfield dans une interprétation totalement méconnaissable et taquinant l’intro du « Wasted years » de Iron Maiden. Un vrai festival, et la démonstration éclatante d’une culture musicale gigantesque. Jimmy Chamberlain est tout simplement olympien, abattant des coups sourds sur sa batterie sans avoir l’air de forcer. Le dernier morceau « United States », est une véritable orgie de guitares stridentes et de riffs vulcanologiques. Le groupe n’en finit plus de finir le titre, avant de se retirer sous des ovations homériques. Il vient de jouer non-stop pendant deux heures trente. Mais ce n’est pas fini. Un petit rappel nous colle entre les oreilles une reprise d’Echo & The Bunnymen ainsi que le classique « Cherub rock ». On peut repartir de là avec la ferme conviction que Billy Corgan est un alien, un type qu’il faut accepter de suivre dans ses pérégrinations et tant pis pour nous si on ne le comprend pas. Lui, il chatouille les nuages.
Tout pour les citrouilles.
Liste des morceaux :
- Porcelina of the vast oceans (Album « Mellon collie and the infinite sadness », 1995)
- Behold! The Nightmare (Album « Adore », 1998)
- Bring the light (Album « Zeitgeist », 2007)
- Tonight, tonight (Album « Mellon collie and the infinite sadness », 1995)
- Mayonnaise (Album « Siamese dream », 1993)
- Try, try, try (Album « MACHINA/The machines of God », 2000)
- Superchrist (Inédit à paraître)
- Come on, let’s go (Album « Zeitgeist », 2007)
- Stellar (Single « That’s the way (my love is) », 2007)
- Perfect (Album « Adore », 1998)
- Lily (my one and only) (Album « Mellon collie and the infinite sadness », 1995)
- The rose march (EP « American gothic », 2008)
- Today (Album « Siamese dream », 1993)
- Tarantula (Album « Zeitgeist », 2007)
- Stand inside your love (Album « MACHINA/The machines of God », 2000)
- Ava adore (Album « Adore », 1998)
- Drown (Single « Drown », 1992)
- Bullet with butterfly wings (Album « Mellon collie and the infinite sadness », 1995)
- 1979 (Album « Mellon collie and the infinite sadness », 1995)
- That’s the way (my love is) (Album « Zeitgeist », 2007)
- My blue heaven (Traditionnel, reprise de « Ziegfeld follies », 1927)
- Everlasting gaze (Album « MACHINA/The machines of God », 2000)
- Cash car star (Album « MACHINA II/Friends and enemies of modern music », 2000) incl Easy living (Reprise de Uriah Heep), For what it’s worth (Reprise de Buffalo Springfield), Wasted years (Reprise de Iron Maiden)
- Daydream (Album « Gish », 1991)
- Wound (Album « MACHINA/The machines of God », 2000)
- United States (Album « Zeitgeist », 2007)
Rappels - Lips of sugar (Reprise de Echo & The Bunnymen)
- Cherub rock (Album « Siamese dream », 1993)
Excellente chronique littéraire d’un fan convaincu.
Une partie du public neutre ne partage toutefois pas cet avis idolâtre.
Le son (ok, c’est Forest) était bouillie,beaucoup d’excellentes compos ont reçu un traitement pompier.
Le band:pour sûr Jimmy est fabuleux,quant aux autres …des faire valoir,les keyboards étant souvent inaudibles.Mr Corgan a l’ego tellement gonflé qu’il risque d’éclater comme une vulgaire citrouille.
T Van Hamel:d’accord pas terrible ;mais laissons lui some time ,d’ailleurs les derniers titres (pendant l’entrevue avec Pipi Lady) avaient de l’allure…
Bref:pas l’unanimité, même s’il y eut de bons moments.
Pas vraiment d’accord non plus avec la critique…pour ma part, je me suis royalement em…pendant 2h30. Mais c’est ce qui fait la beauté de la musique : on peut aimer ou detester!
P.S : Cherub Rock était bel et bien prévu au programme…mais ils ne l’ont pas joué. Dommage, c’est un de mes morceaux préféré…