CHILLY POM POM PEE, du Rock de chez nous
28 septembre 2002, au SPIRIT OF 66 / VERVIERS : CHILLY NEW LOOK ! Je renvoie ceux qui ne connaîtraient pas Chilly Pom Pom Pee (en abrégé CPPP) et il y en a encore, à la page 21 du guestbook du Spirit ou sur le site du groupe : www.chillypompompee.com
Ils y touveront un commentaire rédigé à la hâte par votre serviteur lors de leur passage avec Eddie et Ninie au Spirit, le 24 novembre 2001.
Ce fut un très grand moment de rock and roll.
Je le dis et je le répète, ce band c’est nos Stones et nos Black Crowes à nous.
Avant d’en arriver au plat de résistance (le « Chilly » of course, c’est malin !), il me faut vous dire quelques mots des déjantés de la première partie. Et je dis cela gentiment parce que « The Experimental Tropic Blues Band » pourrait franchement s’inscrire à la Daevid Allen University of Errors.
Formule TRIO sans basse, on y trouve David d’Inverno aux drums, The Psycho Tiger à la guitare, au chant et à l’animation et John Machagan lead et chant.
Chacun dans leur genre, nos trois compères revisitent tout en l’appuyant le répertoire le plus basique que je connaisse (et ce n’est pas pour me déplaire) où l’on retrouve forcément la « one step chord riff line » de John Lee Hooker ou encore le martèlement rythmique si cher à Bo Diddley ou aux Rolling Stones des débuts. C’est Muddy Waters parodié par les Animals dans la salle de bain de Canned Heat (I’s’lavaient eux ?), une franche caricature saine et jouissive de ce que fut et devrait toujours véhiculer le rock and roll : l’impertinence, la dérision et un beat ravageur.
Les contrepoints vocaux du Psycho Tiger et les « sorties » de lead clapantes (comme on dit chez nous) parfois typées (pour renforcer le trait) sont assez déridantes. Quelques transes rythmiques pures et un doigté moins élémentaire qu’il n’y paraît me font penser que ces joyeux drilles ne devraient pas en rester là. Un bassiste peut-être ?
Les longs boogies déments et assez loufoques sont emballés dans un stage- concept très parodique du Psycho Tiger en personne, surligné par John Machagan et structuré par David D’Inverno (encore un DD) qui, ma foi, sait y faire et dispose d’un jeu de pied d’une redoutable efficacité et surtout d’un « drumaracastyle » audacieux (j’aime mes néologismes…).
On s’est payé quelques moments de grandeur et de vraie déconnade. J’en fais pas une affaire d’état car pour moi cela reste du rock and (b)roll un peu Carnaval par certains côtés mais décapant, « tronçonneur » et joyeux… Surtout joyeux !
Ce groupe produit (et rejoint sur scène) par Didier Masson du CPPP est une attraction en soi. Pas de prise de tête, on donne, ça sonne, on-trace-sans-basse et ça passe ! Don’t forget : « The Experimental Tropic Blues Band ».
Revenons-en à nos braves CPPP, réduits désormais à quatre depuis le départ de Bob Mawet (Bob si tu nous regardes…). Gageure peu évidente à tenir et curiosité bien légitime de certains spectateurs vu les accents prometteurs des titres proposés sur le site
Je rassure d’emblée le fan club, tout va bien… Certes, il restera toujours un petit manque quand on a connu la formule initiale (il ne servait pas à rien quand même l’ami Bob) mais l’ensemble a de la gueule et les rodages passés, ce band nous refera cinq cent mille bornes comme pour rire…
« Everybody Needs » et sa rythmique traçante (c’est ma nouvelle marotte les rythmiques… traçantes) servent de tour de chauffe et de mise en voix bien nécessaires vu les frimas naissants et autres strepto-rocks qui traînent.
J’en profite pour admirer la superbe « Noble & Cooley » qui trône au milieu de la scène et qui produit (enfin, Chritophe Stefanski, disons) un son énorme et magnifique. 140 ans qu’on en fabrique dis donc (hicdidon) des engins comme cela. Et ça vient du Massachussets, Madame, s’iiilll vô plé !
Le beat saccadé, chaud et déterminé de « Yayhoos » me laisse pantois. Que ce soit la version live ou studio ce titre a de quoi dégommer les dernières hésitations… Ce petit clin d’œil à Dan Baird passé récemment au Spirit (si je ne m’abuse ?) me réjouit vraiment et les ponctuations d’harmonica (« mouthorgan » qu’on dit à Nashville) made in CL me comblent d’aise. Tout y est, les contretemps rythmiques, la basse chaude, les drums à blanc et le Didier qui turbine à quatre mains au moins dans c’t’affaire.
Pas à dire, ça démarre bien.
Le très « kryptonien » (référence involontaire (?) à Spin Doctors) « Something » permet à Didier Masson de confirmer qu’il a la main chaude… et sa sortie solo dégage à donf.
Pierre Lorphèvre a un look d’enfer avec un bonnet dernier cri (comme cela il n’a aucune chance de passer Sangatte hein… joke !) et, comme toujours ce garçon assure un max. Il ne fait pas dans le métaphysique. C’est un appliqué implacable, qui dégage opiniâtrement un son déterminant sur lequel on peut prendre appui comme dans un fauteuil. Il épaule en cela admirablement l’ami Christophe qui bastonne avec bonheur et délectation autour des effluves magnétiques impressionnants de ce bassiste généreux (p… je me vaux bien là, non ?).
Où en est-on déjà ? Mais on vient de passer « Move Me » son départ en percus carrées affolantes, sa ligne de basse transparente et le ton général fiévreux et rageur (c’est rien il est sur le site, gratos).
Bon sang, nous voilà déjà embarqués dans le sublime « Start It All Over The Show » avec son gimmick de joyeuse entrée et sa mélodie « sugarspice » (j’aime ce mot). On se croirait sur la Route 66 en Cadillac débâchée, avec cette envie de conquérir le monde et ce souffle d’espoir que la beauté des paysages, des rêves ou de certains souvenirs heureux magnifie(nt) opiniâtrement et secrètement en nous. C’est l’aventure, la belle et grande marche en avant vers la lumière (comme je me plais à le répéter inlassablement).
Christophe Loyen a « chaussé » sa guitare noire du plus bel effet (eh ! oui faut bosser plus hein maintenant, mon p’tit gars !?) et ça déménage dans un chorus collectif a…do…ra…ble !!! C’est super-classe ce truc !
Rien à faire, nous n’échapperons pas au « Coca Cola ». C’était écrit. Faut dire que ce titre est pêchu à souhait et qu’il fait partie désormais des morceaux emblématiques du groupe. J’adore ce son made in CPPP et le recours à la Talk Box (antécédents prestigieux : Joe Walsh et Peter Frampton). Les parties de guitares passent parfaitement, le ton est donné, c’est déjà Mach 2 pour ce sixième titre d’enfer. Ca tourne bien les gars, vous arrêtez pas !!!
Le solo très ample de « Feel You » (on the website too), ses contretemps rythmiques et l’ajout de la partie d’harmo délicieuse sur la fin, montrent bien que Chilly n’a pas perdu de force de conviction ni de punch dans la formule actuelle. Le mixing discret sur « Money That’s what I want » ne laisse aucun répit aux spectateurs. S’il n’était déjà bien enflammé, , le show vient de passer à Mach 3, c’est sûr.
« Sweet Deshabillé » (avec l’accent) est un autre titre handmade CPPP pour lequel j’ai (comme on dit chez nous) un petit faible. C’est par là que tout a commencé, pour moi, en fait. Quand j’ai vu pour la première fois CL et Chilly Pom Pom Pee chanter cela, j’ai eu.. ; comment dire… la révélation ! Eh oui, le mot est lâché : la ré..vé…la…tion (y’en a trois qui suivent !!!).
Ligne rythmique translucide, solo d’enfer, harmo toujours et le chanteur qui raconte si bien, c’est une toute grande chanson, je le répète. Son enchaînement avec « Hard To Handle » (d’Otis Redding) vaut de l’or. Solo… Didier, let’s go !
On en arrive alors au moment le plus délicieux du show, la découverte de « Justice 45 ». Cette chanson qui doit, selon Christophe Loyen, donner de nouvelles orientations au groupe a tout pour emporter l’adhésion. Le band y met de la conviction et ça cartonne admirablement. Même DM monte au chant, j’avoue que là j’ai un instant d’extrême jouissance, l’avenir n’a qu’a bien se tenir ! Bravo les gars…
« Flesh and Blood » tropical et juteux comme une papaye mûre, emballant et torride irradie l’atmosphère de ses éclats pétillants (merci Didi pour cette belle phrase/pas de quoi les p’tits loups !) cependant qu’arrive inquiétant et gonflé d’amphètes, le terrible LSD, merveille de structure verbale incandescente et périlleuse, classée X ! Ca donne de partout : la paire basse/batterie canarde un beat de fin du monde, les sorties solo de DM carburent comme du Jack Daniels dans la trachée artère (à terre… pas louper cela) et Christophe Loyen exorcise le contenu terrible de cette chanson dont je ne sais toujours pas qui c’est les Morrissey ? (Gêné le chroniqueur… Chro pas Gros !!! enfin si, gros quand même). Mais ils vont me le dire les gentils Chilly, hein oui ?
Le « People Say » qui suit me rappelle insensiblement 5HJ, c’est terrible cette manie de toujours faire des comparaisons hein ? C’est du Chilly quoi, du vrai, du beau, du bon !!! En tout cas, les grands écarts digitaux de Didier (quel beau prénom) Masson me sidèrent. J’ai bien fait d’arrêter la guitare moi, quand je vois ce qu’il arrive à sortir… Du grand art, nickel total !!! C’est vrai qu’il y a dans le ton général de ce titre, le cachet indélébile du CPPP.
Mais c’est quoi, Monsieur, le cachet du CPPP ? Dites-moi, donc ?
Eh bien, chers amis des campagnes, le CPPP se caractérise par un faisceau de traits littéraires lumineux et de colorations sonores émotionnellement accessibles : chansons intelligentes (faut faire l’effort de chercher à comprendre évidemment), structurées, appelant à un sens mélodique pas bêlant mais judicieux, clâââââssssse quoi ! Ces chansons musclées reposent sur ensemble instrumental costaud, dynamique et techniquement au-dessus de la moyenne où chaque musicien reste solidaire des autres, sans en faire trop mais plus qu’assez pour donner du sens à l’interprétation originale et très crédible de son chanteur. J’AI DIT (et je l’maintiens ! na !).
« I’m gonna be John Lee Hooker » ooohhh yyyyeeeaaaahhhhh !!!
Déjà les rappels ? Non mais !
« Get Inside » (que certains devraient peut-être écouter en boucle dans la bagnole) nous rappelle que la vie n’est pas toujours ce qu’on croit et qu’il faudrait peut-être aller plus loin… Christophe à la guitare, Didier qui décore l’affaire avec force de persuasion, l’autre Christophe qui joue « haut » (j’aime bien ses touches de cymbales et ses enchaînements relevés) et le « go-inside » du bassiste (trad. « rentre dedans » donc) emballent totalement le final de ce morceau d’anthologie.
Pour ce qui est du rentre dedans, l’ami Piero nous en a resservi un camion dans l’avant dernier rappel « My Generation ». Oh ! Mother little helper, quelle affaire ce boquet… dingue !!! La castagne guitare/basse : gigaménale ! Et les drums alors ??? Totally destroy… grands quoi ! Ze baffe in ze noze (que c’est bien dit).
“World at My Feet” est superbe ! Une mélodie accrocheuse en diable, un souffle, que dis-je, une brise mi-reggae mi-carabean, cadencée, raffinée même me font frissonner, que c’est beau ! C’est un magnifique cadeau de fin de concert.
Exit donc le sempiternel et mythique « Sympathy for the Devil » mais on ne perd pas au change, Chilly va bien (même si Christophe L. s’est chopé un gros rhume). Ca passe haut et clair, qu’on se le dise ! Reste plus qu’un bon petit CD là-dessus (à bas les majors, à mort Virgin, proutte MTV !) et tout le monde sera content. Ca va « viendre », je le sens. C’est indispensable…
Je vous retrouve (normalement) pour l’excellent Big Ed Sullivan (faut voir ce gars… important). Au SPIRIT OF 66 / VERVIERS ce 9 octobre 2002.
Allez A+
DD
