Tony LEVIN Band au Spirit of 66, 11 mai 2006
Tony Levin Band, je vois cela au programme du désormais légendaire Spirit of 66. En vieil acharné de Peter Gabriel, je savais que le géant (et pas seulement en taille) de la basse, avait son propre groupe, mais bon… Avec Jerry Marotta et Larry Fast??? Avant même d’avoir écouté quoi que ce soit, je réserve des places. Je me procure le double CD Live «Double Expresso» et quelques semaines plus tard, tombe chez un disquaire digne de ce nom sur «Resonator», le nouvel album. Force est de constater que ces deux œuvres sont chaudement recommandables. Mais sur scène, sera-ce bien??? Pas de vrai leader dans ce groupe de virtuoses. N’y aura-t-il pas plein d’instrumentaux trop techniques pour le profane que je suis? Qu’importe, je me réjouis de les voir, et dans le chaudron du Spirit qui plus est.
J’embauche un vieux pote, musicien aux entournures et on y va! Mes préjugés vont vite être rangés au placard. Nous sommes séduits d’emblée par le set de première partie de Jerry Marotta qui accompagne Tom Griesgraber, prodige du stick, instrument diabolique, compromis entre basse, guitare et clavier et dont Tony Levin lui-même use abondamment. Un petit régal, très jazz, tout en finesse et virtuosité. Pour les amateurs: www.jerrymarotta.com.
Nous voici dans le vif du sujet, le quintet prend place et nous offre une petite pièce « a capella », façon Flying Pickets, histoire de se présenter, humoristique et plaisant. (petit clin d’œil à ce que faisait Gabriel avec ses musiciens sur «Excuse-me», lors de sa première tournée). Seul Larry Fast ne chante pas. Nous avons donc droit à Tony Levin (forcément) à la basse (sans compter le « violoncelle électrique » et le stick) et au chant, à Larry Fast aux claviers, à Pete Levin aux claviers également, à Jerry Marotta à la batterie (et on le verra… au chant!) et à Jesse Gress à la guitare.
Premier véritable morceau: «Pieces of the sun», très bel instrumental ou le talent des différents interprètes est mis en évidence. Remarque au passage: le son est excellent!!! Voyage ensuite au sein de «Resonator». Le métaphysique «Break it down» («fontamental physics of the things is what we try to find»), swingue à souhait! «Shadowland», le nouvel instrumental, agrémenté d’une touche jazz par Pete Levin et on enchaîne sur une Tony-truante «Danse du sabre» de Khatchaturian, plus hard encore que sur l’album. Tony invite Jerry à l’avant scène, il va chanter (et bien encore!)! «Maybe you’ll recognize this one»… je veux mon neveu…. «Sleepless» de King Crimson!!! Je frise l’apoplexie, le public est conquis, c’est du tout bon!
On se calme avec «Places to go», beaucoup plus intimiste, chanté par Tony. Un petit délire avec «Crisis of Faith» (en Français, ça donne «crise de foi», marrant, non?), morceau schizophrénoïde, mais court (heureusement, l’épilepsie nous guette)!
Repartons sur du plus traditionnel avec «Phobos», composition de Larry Fast, après lequel Pete nous lance une petite intro, Tony enchaîne une petite phrase à la basse, mais oui… c’est «Black Dog» de Led Zeppelin, superbement interprété, partie de Plant jouée à la basse. Une pêche d’enfer, Marotta arrive à rappeler Bonham! Jesse Gress est déchaîné, le public aussi! Le délire! Le Spirit s’envole!!!
Tony introduit la chanson suivante, instrumental sur lequel il a ajouté récemment du texte: «Utopia», même sans Steve Lukather qui joue le solo sur l’album, ça sonne très Toto…ny Levin Band (of course!).
Petit hommage au grand Jimi Hendrix avec «What would Jimi do?», très pêchu et … Rythme de basse métronomique… Jerry entonne… «Back in NYC»!!! oufti!!! (comme on dit au Spirit!). Public à nouveau en liesse, vous pensez bien… Quelle prouesse de chanter un truc pareil tout en battant. Seul hic: on entend pas bien la voix de Jerry, mais enfin, le reste est magique. Le band s’éclipse sous une marée d’aplaudissements.
Les rappels bien sûr. Le géant s’amène tout seul… explique le sujet de sa chanson… inspirée d’une expérience dirigée par Peter Gabriel de musique jouée par… des singes! Anecdote cocasse bien racontée, on se marre! C’est «Fragile as a song» zouli petit morceau. Puis, le Band rapplique, rend le clavier à son frère, reprend sa basse, Larry lance… «On the air», c’est qu’ils nous gâtent les mecs!!! Le son est d’enfer, mais la remarque est la même que pour «Back in NYC», on entend mal la voix de Jerry!!! Néanmoins, c’est excellent. Et que je te reprends le Stick et… «Elephant Talk», plus Crimson que l’original et très bien chanté par Tony (lui, on l’entend). Nous n’en pouvons plus. Quel pied!
Les Levin’s Pickets nous disent au revoir en interprétant «Don’t Give Up» «A Capella» bien sûr, Jerry en Lead Vocalist, une fin émouvante, reprise en cœur par le public… enchanté, comme les musiciens… «We really love this club»… Merci Tony.
Petite séance de dédicaces… Ces mecs que j’écoutais religieusement au casque quand j’étais ado (sur Plays Live notamment), ces extra-terrestres, me vendent et me signent «Double Expresso», avec une simplicité qui n’appartient qu’aux grands!
Laurent Pascal
