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INSIDE SUPERTRAMP (DVD – Classic Rock Productions Ltd – 2003)

Classic Rock Productions a sorti une série de DVDs consacrés à de grands groupes de rock. L’originalité est qu’il s’agit non pas de concerts ou d’un historique de ces groupes, mais bien d’une analyse critique d’albums parus dans une période bien définie. Des musiciens, des critiques ou des journalistes musicaux se sont donc prêtés au jeu et proposent ici une analyse de la période 1974-1978 du groupe anglais Supertramp. Trois albums y sont passés en revue: « Crime of the Century » (1974), « Crisis ? What Crisis ? » (1975) et « Even in the Quietest Moments… » (1977). Il va sans dire que cet ouvrage, intitulé « Inside Supertramp », est plutôt destiné aux connaisseurs et amateurs de la musique de Supertramp.



Un martèlement de piano électrique très reconnaissable se fait entendre, c’est la chanson « Dreamer ». On s’attaque donc déjà à « Crime of the Century ». Néanmoins, avant d’entrer dans le vif du sujet, Supertramp est présenté par ses critiques: ils le définissent comme un groupe faisant, pour l’époque, de la « musique pour intellos » ou de la « musique de garçons voulant séduire les filles ». Au contraire de Led Zeppelin ou Deep Purple qui faisaient de la musique de mecs, type « sex, drugs and rock n’ roll», dans la même période.

Après cette petite mise en bouche, l’analyse critique y va bon train d’un point de vue sonorités et ambiances des morceaux, ainsi que d’un point de vue changements de rythme, d’accord ou de tonalité. « Crime of the Century » (troisième album, mais le premier à succès de Supertramp) est sans conteste le plat de résistance du DVD puisque toutes les chansons de cet album y sont abordées. Parmi les musiciens participant à l’analyse, on trouve notamment Iain Jennings, Bryan Josh et Heather Findlay, faisant tous partie du groupe Mostly Autumn. Iain Jennings y va même d’une petite séance de travaux pratiques en décortiquant les successions d’accords au clavier. Il le fait pour les titres « Dreamer », « School », « Crime of the Century », et fait remarquer l’importance de l’interaction entre la voix et le saxophone dans le refrain de « Hide in your Shell ». Cela va même plus loin quand le solo de piano de « School » est analysé au point d’y voir une composante blues correspondant aux enfants jouant et une composante plus structurée correspondant aux enfants devant travailler à l’école. Les interventions de Iain Jennings se fondent même très souvent avec un extrait live de la chanson correspondante. Pour « Rudy », les différentes tonalités (5) sont analysées précisément par Bob Carruthers (directeur de Classic Rock Productions) et interprétées quant à tous les sentiments qu’elles peuvent générer (interrogation, tension, agressivité, grandeur, espace, urgence…).

Les critiques n’encensent pas nécessairement le groupe, notamment au sujet d’un côté « américain » de certains morceaux de Supertramp, comme « Rudy ». Néanmoins, sur ce point, les différents intervenants ne sont pas toujours d’accord entre eux. Même chose pour « Lady », de « Crisis ? What Crisis ? », lors de l’interprétation de sa ressemblance avec « Dreamer » à cause du piano martelé en croches. Roger Hodgson a-t-il fini par s’auto parodier avec cette ressemblance ou était-ce seulement une tentative de tube voulu dans le style qui avait fait le succès de « Dreamer » ? D’une manière générale, les deux autres albums abordés ne le sont pas d’une manière aussi approfondie que « Crime of the Century ». A l’exception de « Lady », plus aucun morceau n’est analysé de manière pratique au piano. Par contre, d’autres aspects sont envisagés, comme par exemple les conditions de l’enregistrement de « Crisis ? What Crisis ? », ou même la description et le commentaire de l’image sur la pochette (le type sur sa chaise longue au milieu des décombres). Si les deux têtes pensantes de Supertramp sont déjà comparées dans l’analyse de « Crime of the Century », leurs styles respectifs sont définis dans la suite: le compositeur plutôt pop, sceptique, mélancolique, à la voix douce, passionnée et désespérée (Roger Hodgson), et le compositeur de rock, blues et jazz, à la voix puissante et rocailleuse (Rick Davies). Les tensions entre eux sont aussi rappelées. Ces tensions existaient malgré le besoin qu’ils avaient l’un de l’autre, un peu à la manière de Lennon et McCartney.

« Even in the Quietest Moments… » est décrit comme contenant des chansons plus positives, comme « Give a Little Bit » et « From Now On », et à ce niveau de l’analyse critique, le rôle des autres membres du groupe est souligné. La section rythmique assurée par le batteur Bob Siebenberg et le bassiste Dougie Thomson, et le côté « maître de cérémonie » et communicateur du saxophoniste John Helliwell, avaient également leur importance dans le maintien à niveau du groupe sur scène.

Ce DVD présente une analyse assez fouillée du groupe et de sa musique sur une courte période de son succès. Les trois albums abordés reçoivent même des étoiles (5 pour « Crime of the Century », et 4 pour « Crisis ? What Crisis ? » et « Even in the Quietest Moments… ». Dommage qu’on ne soit pas allé jusqu’à « Breakfast in America » (1979), l’autre album à tubes de Supertramp avec « Crime of the Century ». Néanmoins, on peut voir de nombreux extraits de concerts et même d’émissions de télévision provenant de la BBC (un concert au Queen Mary College en 1977 et un passage dans l’émission « The Old Grey Whistle Test » en 1974). Certaines images proviennent d’un concert enregistré à Munich en 1983, où, pour l’anecdote, on voit un Roger Hodgson aux cheveux courts. La qualité sonore de ces extraits est en général très acceptable, sauf pour quelques chansons tirées d’un concert à l’Hammersmith Odeon en 1975, où la voix principale est presque inaudible.

Voilà pour « Inside Supertramp » dont les références sont :

Classic Rock Productions
CRL 1589
.

A bientôt,

Bastien

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