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« Slowhand » à Paris-Bercy

Dans son dernier album « Me and Mr. Johnson » Eric Clapton rend hommage à Robert Johnson. Le guitariste anglais reprend 14 chansons, sur les 29, composées par le bluesman du Mississippi. Dans la lignée de ses plus jolies performances, Eric offre à ses admirateurs un festival de guitare. Ses arrangements « léchés » respectent à la note près l’esprit des compositions de l’artiste Américain. Sans trahir celui-ci, il apporte une « âme nouvelle » à ses musiques, ce que n’aurait sûrement pas désavoué Johnson lui-même. C’est dire si la venue du musicien était attendue à Paris-Bercy, où il ne s’était plus produit depuis le 20 Mars 2001. Le Palais Omnisport affichait complet pour recevoir un « dieu vivant ».

Robert Randolph, originaire du New Jersey, spécialiste de la pedal steel guitar, a la lourde charge d’ouvrir le spectacle. Une tâche très ardue pour ce musicien imprégné par le Gospel, le funky et le blues. Mais il s’est avéré qu’il était un artiste à suivre dans les prochaines années.

Il est neuf trente passé et la salle manifeste son impatience, tous les yeux sont rivés sur la scène du Palais Omnisport de Paris Bercy. Sous des éclairages très tamisés, une silhouette élancée se dessine, le public comprend que l’homme qui se penche sur la stratocaster aux couleurs psychédéliques posée sur son socle, est Clapton en personne. Une clameur sourde monte dans la salle et les gens se précipitent vers l’avant de la scène.

Puis, la lumière éclabousse le guitariste en chemisette blanche qui démarre par une ballade au tempo un peu rock : « Let it rain ». Il enchaîne immédiatement par le morceau « Hoochie Coochie Man » extrait de l’opus « From the Cradle », Clapton révèle qu’elle sera la palette musicale de la soirée. Avec sa dextérité ordinaire, Eric montre que le blues est bien d’actualité et qu’il en est le « prince ». Sur la scène, pas de décorum, le spectacle est épuré, seuls les éclairages viennent habiller les artistes. Clapton offre un concert très électrique dont le son va s’amplifiant. Deux écrans géants permettent de décortiquer le jeu de « Slowhand ». Ses mains semblent le prolongement de son manche de guitare et elles se déplacent avec une débonnaire facilité.

Le « guitar héro » lance les premiers accords d’une improvisation dantesque…. Les spectateurs exultent en reconnaissant la chanson « I shot the sherif », composée par le chanteur Jamaïcain Bob Marley qui connut un imprévisible succès grâce au musicien anglais. Eric fait des allers et retours entre le blues et les morceaux connus de son répertoire. Avec ses attitudes coutumières, la tête rejetée en arrière et les yeux clos, il disperse un torrent de notes dans de prodigieux solos. Ses riffs nerveux, mais harmonieux, subjuguent les spectateurs, les laissent pantois mais pas sans réactions. Son visage est torturé, sa guitare pleure et répond à sa voix chaude qui se brise parfois.

« Slowhand » nous sert, avec son flegme tout britannique, un répertoire vigoureux et honorifique avec « Milkcow’s calf blues », « When you’ve got a good friend », « Kind hearted woman blues ». Délaissant un moment l’électricité, un frisson passe lorsqu’il s’accompagne à la guitare sèche dans « Change the world » extrait de l’inoubliable album « Unplugged ».

A la fin du concert, Clapton atteint les sommets de son art dans une interprétation musclée de « Cocaïne » et par l’une des versions les plus réussies de « Layla » reprise en chœur par toute la salle. « God » a trouvé sa rédemption, il est bien vivant et nous le prouve dans un final grandiose : « Sunshine of your love », « Croosroads », « Wonderful tonight », « Got my mojo working ».

Anny

Lisez aussi notre chronique de l’album « Me and Mr. Johnson »

2 thoughts on “« Slowhand » à Paris-Bercy

  • Joli compte-rendu d’un concert de « Dieu » au-delà de sa prestation chez nous.
    C’est du vécu comme celà qui nous faut !
    Pas uniquement de l’info…

    Merci à toi, Anny

    Domy

  • Euh… 2 erreurs à signaler.

    ** « un frisson passe lorsqu’il s’accompagne à la guitare sèche dans «change the world» extrait de l’inoubliable album Unplugged ».

    => Ce titre ne figure pas sur l’Unplugged de ’92. Première sortie en ’96 en single.

    ** « un final grandiose : «sunshine of your love», «crossroads», «wonderful tonight», «got my mojo working». »

    Crossroads n’a pas été joué à Paris. Et nulle part ailleurs lors de cette tournée européenne.

    Yann

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