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Mattiel est revenue

Véritable coup de cœur de cette fin d’année, le premier album de Mattiel plonge dans un univers délicieusement désuet teinté de soul sixties d’une addiction sans pareil. La native d’Atlanta s’est produite au Witloof Bar du Botanique ce mercredi 7 novembre.

Pendant quelques années, Mattiel Brown a mené une double vie. Employée comme graphiste pendant la journée, elle meublait alors ses soirées en chantant dans les bars de sa ville. C’est lors d’une jam-session qu’elle a rencontré les membres d’lnCrowd avec qui elle a fini par enregistrer un album et qui l’accompagnent désormais sur scène. Parmi ceux-ci, Randy Michael (un proche collaborateur de Curtis Harding) et Jonah Swilley (le petit frère du bassiste des Black Lips) qui se sont occupés de la production de la plaque.

En tout cas, sur scène, l’alchimie entre les musiciens saute aux yeux et aurait pu éclipser la demoiselle si celle-ci n’avait pas revêtu un affriolant voile transparent par-dessus une combinaison sportive sans toutefois les baskets de rigueur. Un détail car elle se retrouvera bien vite pieds nus à arpenter sans relâche la scène du Witloof Bar.

Si sur disque, ses compositions faussement candides renvoient à Nancy Sinatra et France Gall sous la houlette de Phil Spector et Serge Gainsbourg au milieu des golden sixties, en live, elles bénéficient d’une dose d’énergie qui les bonifient avantageusement. On pense notamment aux enlevés « Not Today » et « Baby Brother » balancés en début de set, entrecoupés notamment d’un inédit, « Rescue You », qui aurait bien pu être enregistré dans les studios de la Tamla Motown il y a un demi-siècle.

Malheureusement, sa voix nasillarde, point central de la plaque aux côtés des arrangements vintage, se retrouve trop souvent noyée sous les riffs incendiaires de ses musiciens, l’obligeant à s’égosiller inutilement. Pourtant, lorsqu’elle est mise en avant, la magie opère (« Send It On Over », « Blisters On My Feet »). On oubliera également les cris plaintifs isolés qui, finalement, n’apportent pas grand-chose.

En revanche, la richesse orchestrale de ces mêmes musiciens lui permet de s’aventurer dans des contrées surprenantes desquelles vont immerger un groovant « Detroit Riot » et un disco soul « Heck Fire » mixé à une cover presque funky du « West End Girls » des Pet Shop Boys. Ou encore ce « Food For Thought » énervé que n’aurait pas renié Blondie en découvrant le hip hop New Yorkais.

Ceci dit, ce sont les influences bluesy nerveuses qui seront les plus marquées en fin de set via « Fives And Tens » et « Whites Of Their Eyes », quelque part entre Courtney Barnett et Jack White alors qu’une version dynamitée de « Count Your Blessings », à mille lieues de l’originale, laissera entrevoir sa marge de progression. Avant deux titres en rappel qui ne feront que confirmer l’affolante complicité qui lie la chanteuse et son backing band. Si elle pouvait avoir la même relation avec son ingénieur du son…

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