Down to Her’s
Quelques jours après avoir ouvert la Kapel, l’atypique scène des Leffingeleuren, les deux gaillards de Her’s (avec une apostrophe, insisteront-ils) faisaient leurs grands débuts dans la capitale en support du bien nommé « Invitation To Her’s », leur premier album récemment publié. Ils se produisaient au Witloof Bar du Botanique ce mardi 18 septembre.
Outre deux amplis et une table de camping nappée sur laquelle trônent laptop et machines électroniques, une figurine en carton grandeur nature à l’effigie de James Bond accompagne le duo sur scène. À ce propos, si l’on devait comparer le chanteur guitariste Stephen Fitzpatrick et le bassiste Audun Laading à une autre paire d’artistes, il s’agirait sans aucun doute de Laurel et Hardy, et pas seulement pour leurs corpulences respectives.
En effet, le premier nommé aux innombrables grimaces a sans doute officié comme clown dans une autre vie alors que son imposant camarade sautille à foison tout en tentant quelques pas de danse maladroits. Quant aux couvre-chefs (casquette pour l’un, bonnet pour l’autre), ils sont davantage dans l’air du temps que les chapeaux melon de leurs glorieux aînés.
S’ils proviennent de Liverpool, ils n’ont toutefois pas hérité de sa grisaille tant la guitare chaloupée et les arrangements rafraîchissants (quoi qu’un peu cheap) apportent une dose presqu’exotique à des compositions diablement entêtantes. La voix modulable, parfois au sein du même titre, oscille entre celles de Mac DeMarco (« Under Wraps ») et, plus curieusement, de Julian Casablancas (« Mannie’s Smile »). Les sons bricolés du Canadien semblent d’ailleurs constituer une de leurs influences majeures, au même titre que sa coolitude démesurée (« Cool With You »).
On pourrait peut-être leur reprocher une gestion approximative de leurs bidules électroniques avec pour conséquence de longs instants d’hésitation entre les morceaux. Ceci dit, ils compensent largement avec un humour affûté et une attachante complicité. Même les quelques mesures délibérément foireuses du « She’s The One » de Robbie Williams ne terniront pas une prestation bouclée avec un efficace « Harley » au terme duquel ils quitteront la scène sans crier gare.
Mais ce n’était que pour mieux revenir s’installer dans le public pour un rappel qu’ils termineront tout de même derrière leurs micros sur un convaincant « I’ll Try », ponctué par un speech du bassiste particulièrement prolixe dans un français impeccable, après avoir définitivement remplacé le mot « endive » par « chicon » dans son vocabulaire. Seul bémol, leur nouvel album brillait par son absence au stand merchandising. Trop peu de stock reçu dans les temps, visiblement…