Durbuy Rock 2018: jour 1
C’est sous un beau soleil printanier que j’arrive dans la charmante localité de Bomal-sur-Ourthe pour le premier festival de la saison. Cette année, les préventes du Durbuy Rock Festival ont battu les records et de fait, à mon arrivée sur place, une longue file se presse déjà devant l’entrée alors que je vais retirer mon pass photo au bureau «presse». L’accueil est cordial, l’ambiance est déjà bonne. Le festival s’annonce sous d’excellents auspices. À l’intérieur, le bar est déjà très actif, les festivaliers sont là très tôt cette année. À l’extérieur, une série de stands avec des food-trucks, des marchands d’articles en lien avec le monde du métal (cd, cornes de libation, accessoires en tous genres), les secours, la prévention SIDA, etc. Tout a été prévu pour que les festivaliers puissent faire la fête dans les meilleures conditions.
Pour ouvrir l’édition 2018, les organisateurs ont fait appel à un groupe local, Coalition, composé de Catarina Craveiro au chant, Yoan Sckib Schieber à la guitare, Pablo Wild Schen à la batterie et Simon Gaudron à la basse. Basé à Bastogne, ce groupe belge de death metal à l’ancienne a été fondé en 2001, puis a connu un hiatus de 2007 à 2010, année de son retour dans la formation actuelle. Ce premier groupe est une très agréable surprise par l’énergie qu’il dégage. Il donne un impressionnant coup d’envoi à l’édition 2018 en essuyant les plâtres sur la scène extérieure du Durbuy Rock.
Pour inaugurer la grande scène, un autre groupe belge est mis à l’honneur : Anwynn. Le groupe composé de McBouc aux growls, Astrid aux claviers, Maxime et Luca aux guitares, Wobi à la basse et Frederik aux fûts se produit à Bomal dans une version légèrement différente car sa chanteuse attitrée Eline est devenue maman tout récemment. Pour assurer aux voix, le groupe a fait appel à une remplaçante de choc qui n’est pas une inconnue puisqu’il s’agit de Sara de Cathubodua. Prestation musclée et jubilatoire, le public adore et participe activement à la fête métallique. Au menu:
«Anwynn»,
«Shrine»,
«Keratin»,
«Glorious Highlander» et
«Sword And Blood». Sara est très à l’aise dans l’exercice et affiche une belle connivence avec le reste du groupe. Anwynn poursuit sa montée en puissance et devient une valeur sûre de la scène métal belge. Excellente entrée en matière une fois encore, cette fois sur la scène principale donc.
Retour à l’extérieur pour accueillir un groupe de power métal originaire du Sud de la France et plus précisément de la cité phosséenne, Marseille. Je veux bien sûr parler de Galderia, actuellement en tournée avec Imperial Age et Therion. La joyeuse bande composée de Seb, Tom, Bob, Julien et JC assure actuellement la promotion de dernier album «Return Of The Cosmic Men» (2017). Une très belle découverte avec une alternance de morceaux tirés du dernier opus et de l’album «The Universality» sorti en 2012 : «Shining Unity» (2017),
«High Up in the Air» (2017), «Sundancers» (2012), «Legions of Light» (2017), «One Million Dreams» (2012), «Blue Aura» (2017), «Farspace» (2012). De superbes lignes mélodiques, des compositions fluides, efficaces et agréables à écouter. Une excellente voix sur des morceaux obéissant parfaitement aux règles du genre. Encore une autre chouette découverte!
C’est ensuite au tour d’Acus Vacuum de s’emparer de la scène principale. Ce groupe belge de musique néo-médiévale/pagan-folk propose des morceaux instrumentaux reposant sur des puissantes cornemuses liées à des percussions dynamiques. Au programme, notamment son titre phare
«Rota Infernalis». Impossible de rester figé face à ces rythmes envoûtants et si entraînants. Le public s’en donne d’ailleurs à cœur joie dans la bonne humeur et les vapeurs houblonnées. Voici d’ailleurs un autre exemple de leurs prestations scéniques avec
«Le Bransle de Michaut». Très divertissant, tant par la présence d’instruments impressionnants (les cornemuses sont ornées de figures sculptées, réalisées par un des membres du groupe) que par les chorégraphies de la danseuse, le tout scandé par des percussions hyper alertes. Et avec costumes d’époque. Un spectacle total.
Retour à l’extérieur et première très grosse surprise de la journée avec le groupe allemand Null Positiv, dont je reconnais la chanteuse, une grande femme très athlétique que j’avais croisé près du merch une petite heure plus tôt et qui avait immédiatement attiré mon œil de photographe. Sur scène, Elli Berlin (voix), Flo (batterie), Martin (guitare) et Tom (basse) proposent leurs compositions métal/rock alternatif dont les textes ont la particularité d’être écrits uniquement en allemand. Elli est magnifique et débordante d’énergie sur scène. Très à l’aise dans son registre habituel qu’est la voix extrême, elle excelle aussi en voix claire. Les compositions sont originales et musclées et tranchent sur ce qui précède par la prestation survitaminée du groupe. Au menu de cette belle après-midi, des extraits du EP «Krieger» et de l’album «Koma», parmi lesquels
«Kollaps»,
«Koma»,
«Friss Dich Auf» et
«Zukunft ungewiss». Du musclé comme on l’aime et un groupe à revoir en tout état de cause.
Retour sur la grande scène avec Ithilien, groupe belge de FolkCore Metal que j’avais déjà eu l’occasion de voir au festival Road To Rock quelques années en arrière. Sur scène, Pierre (voix, lead guitare & bouzouki), Tuur (guitare rythmique), Ben (basse), Hugo (cornemuse), Myrna (violon), Sabrina (vielle à roue), Davy (flute), Jerry (batterie). Le folk métal est donc à l’honneur puisque plusieurs groupes spécialisés dans ce genre sont à l’affiche de ce vendredi. Dans mon souvenir, le groupe avait aussi un clavier qui semble avoir disparu. Du coup, sa musique semble obliquer assez fortement vers le style d’Eluveitie, tête d’affiche de la soirée. Parmi les morceaux interprétés, j’épinglerai le très bel
«Edelweiss» et
«Blindfolded». Une musique enjouée ici encore, mais je me fais la réflexion que j’avais trouvé la prestation antérieure du groupe plus originale et louchant moins vers les grands spécialistes du genre. Cela dit, les musiciens se montrent irréprochables et le public s’en paie une bonne tranche sur les rythmes folk qui se prêtent si bien à des murs de la mort et aux expériences de crowdsurfing en tous genres.
La scène extérieure est ensuite prise d’assaut par les Russes d’Imperial Age, groupe de métal symphonique aux compositions très léchées, représenté ici par Alexander « Aor » Osipov (ténor), Jane « Corn » Odintsova (mezzo-soprano et claviers), Anna « Kiara » Moiseeva (Soprano), Dmitry «Belf» Safronov (basse), Pavel «Vredes» Maryashin (guitare) et Max Tallion. Ce groupe ne m’est pas non plus inconnu puisqu’il s’était déjà produit en Belgique à l’époque de «Warrior Race» (2015), en première partie de Therion si ma mémoire est bonne. J’avais beaucoup apprécié les compositions complexes mais très mélodiques de la formation russe. Un album plus tard (l’opéra-métal «The Legacy of Atlantis» est sorti en 2017) avec un changement d’effectif et l’arrivée de Kiara, les revoilà en Belgique. Parmi les titres interprétés, j’épinglerai le morceau qui donne son nom à l’album
«The Legacy of Atlantis» et
«Aryavarta»Si la prestation du groupe est techniquement très au point, les nouveaux titres me paraissent légèrement moins inspirés. Quoi qu’il en soit, le public belge réserve pourtant un bon accueil au groupe et s’en donne à cœur joie. Et au bout du compte, n’est-ce pas là le plus important dans un festival ?
Il est temps à présent de regagner la scène principale pour accueillir le premier poids lourd de la soirée : les joyeux cinglés d’Alestorm (littéralement « tempête de bière », très à propos dans un festival comme le Durbuy Rock), groupe de musique pirate qui fait toujours un carton dans les festival (et pas uniquement). Sur scène, Christopher Bowes (voix), Máté Bodor (guitare), Gareth Murdock (base), Elliot Vernon (claviers) et Peter Alcorn (batterie) s’y entendent mimeux que personne pour mettre l’ambiance avec leur musique déjantée. Le pit photo connaît une activité intense, alors que les photographes s’activent à prendre des clichés pendant les trois premiers morceaux, les crowdsurfers déboulent par groupes de deux ou de trois et les agents de sécurité ont fort à faire pour les réceptionner dans de bonnes conditions. Chapeau à eux ! Les photographes sont quelque peu bousculés et je décide de quitter le pit prématurément par peur d’un mauvais coup ou, plus grave, d’un bris de matériel. C’est donc depuis la salle que j’assiste aux festivités avec au programme :
«Keelhauled»,
«Alestorm», «Over the Seas»,
«Mexico», «The Sunk’n Norwegian», «No Grave but the Sea»,
«Nancy the Tavern Wench», «Rumpelkombo», «1741 (The Battle of Cartagena)»,
«Hangover», «Pegleg Potion», «Bar ünd Imbiss»,
«Shipwrecked»,
«Drink» et
«Fucked With an Anchor». Déjanté mais terriblement efficace comme à chaque fois !
La tête d’affiche sur la scène extérieure n’est autre que le groupe de métal suédois Therion qui achève une immense tournée de promotion (une soixantaine de dates) de «Beloved Antichrist» triple album d’une durée de plus de trois heures. Sur scène, l’équipe habituelle avec Christofer Johnsson (guitare), Thomas Vikström (chant lead), Lori Lewis (chant), Sami Karppinen (batterie), Nalle Påhlsson (basse), Christian Vidal (guitare) avec en renfort caisse Linnea Vikstrom et Chiara Malvestiti au chant. Voir Therion sur scène est toujours un événement et le groupe livre une prestation sans faille devant le public du Durbuy Rock qui est totalement acquis à sa cause. Au programme, notamment
«Theme of Antichrist»,
«The Blood of Kingu»,
«Bring Her Home»,
«Night Reborn», «Ginnungagap»,
«Temple of New Jerusalem», «Wine of Aluqah», «Lemuria», «Cults of the Shadow», «My Voyage Carries On»,
«Son of the Staves of Time»,
«The Rise of Sodom and Gomorrah». C’est la tête pleine de musique et d’images que je regagne la voiture pour rentrer dormir quelques heures avant d’attaquer le jour 2…
Photos © 2018 Hugues Timmermans