Gaz Coombes, une soirée en solitaire au Bota
À quelques encablures de la sortie de son troisième album solo, Gaz Coombes s’octroie une parenthèse intimiste qui l’a vu faire escale à l’Orangerie du Botanique ce vendredi 13 avril. L’occasion de découvrir ses nouveaux titres dans des versions dépouillées.
Et pour rester dans le concept, le Bota avait confié la première partie à Lenny Crabbe, qui n’est autre que le chanteur de Freaky Age. Lui aussi tente une aventure en aparté et publiera d’ici la fin de l’année un recueil de compositions personnelles. Coiffé de son inamovible chapeau et guitare à la main, il va interpréter une ébauche acoustique de certaines d’entre elles, agrémentées d’une relecture minimaliste de quelques titres de son groupe principal. Sans les artifices, on se rend compte combien son organe vocal peut transformer une rythmique par moments répétitive. On est curieux de voir le résultat lorsque tout sera bouclé, accompagné de quelques potes musiciens.
Avec « Matador », Gaz Coombes a définitivement tourné le dos à son passé au sein de Supergrass. Une prouesse que n’avait pas entièrement accomplie « Here Come The Bombs », peut-être un rien trop similaire au chant du cygne du quatuor d’Oxford qu’avait été « Diamond Hoo Ha » en 2008. Le fait qu’il ait atteint le top 20 anglais avant d’être nominé pour le Mercury Music Prize l’a encouragé à poursuivre dans cette voie qui se matérialisera le 4 mai prochain via le bien nommé « World’s Strongest Man » dont il dévoilera une poignée de titres en primeur ce soir.
Mais pas avant de s’être échauffé la voix au son d’« Oscillate » au terme duquel il présentera son principal associé sur cette tournée : une machine à loops, beats et sonorités multiples. Ajoutez-y une guitare (parmi les quatre qui trônent sur scène) et un très énervé « Hot Fruit » fera des ravages dans la foulée. Ceci dit, c’est au piano qu’il sera le plus convaincant en ce début de set pour une magistrale version de « Buffalo ».
Souriant, le bonhomme aux généreux favoris (qui porte lui aussi un chapeau) va abondamment transpirer sous les spots. À moins que ce ne soit le stress inhérent à l’interprétation des nouvelles compositions sur lesquelles il se concentrera ensuite. Outre le prenant « Oxygen Mask », la tension entourant « Deep Pockets » le rend tout bonnement irrésistible. Et que dire de « Shit (I’ve Done It Again) » dans la même veine rêveuse que « The Girl Who Fell To Earth ».
On s’attendait encore à l’une ou l’autre nouveauté mais il préfèrera conclure en roue libre et se replonger dans « Matador ». À ce propos et même sans la richesse d’un backing band, « Seven Walls » conserve son succulent charme désuet, « 20/20 » sa structure progressive alors que les arrangements simplifiés de « Detroit » rendent les chœurs gospel de sa version studio superflus.
Agréablement surpris de l’engouement du public, il reviendra sur scène pour des rappels entamés avec un ultime nouveau titre au piano bardé de beats métronomiques, « The Oaks », qui sortira officiellement ce samedi à l’occasion du Record Store Day. Alors que l’on pensait que « Matador » serait sa manière de saluer l’Orangerie, il nous gratifiera d’une très rare incursion dans le back catalogue de Supergrass avec un surprenant « Moving », très loin d’un plan nostalgie à la Liam Gallagher par exemple. Next step : une tournée en full band qui passera par chez nous plus tard dans l’année, nous confiera-t-il entre deux hugs après le concert…