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So Slowdive…

Deux alternatives s’offrent à un groupe qui se reforme : se cantonner au trip nostalgie ou, plus risqué, le coupler à de nouvelles aventures discographiques. C’est cette seconde option qu’ont finalement choisi Slowdive dont le quatrième album est sorti vingt-deux ans après leur séparation et trois après leur réconciliation. Ils sont venus le défendre dans une Orangerie du Botanique pleine à craquer ce samedi 7 octobre. Une hype qui s’explique par un revival shoegaze soutenu mais aussi et surtout par la qualité de cette nouvelle plaque éponyme aux contours rêveurs récemment aperçus chez Beach House. Ajoutez à cela un slot parfait en remplacement de Konoba sur la Main Stage à Rock Werchter et les ingrédients étaient réunis pour un grand plongeon vers le début des 90s. Mais pas que…

En effet, c’est avec « Slomo », la plage qui ouvre « Slowdive » (l’album), que les choses vont tranquillement se mettre en place au terme d’une intro planante kilométrique soutenue par un visuel lancinant. Neil Halstead, qui fête son anniversaire ce soir, sera le premier à prendre le micro de sa voix aérienne, presque désintéressée. Il arbore une généreuse moustache qui fleure bon les vieux albums Panini et se produit à l’extrême droite de la scène. Un peu plus au centre, la scintillante Rachel Goswell, de retour à l’Orangerie quasi un an jour pour jour après y avoir joué avec Minor Victories, va parfaitement le complémenter de son timbre éthéré. Parallèlement, elle maniera claviers, maracas, tambourin et guitare en fonction des besoins.

À leurs côtés, le batteur Simon Scott, le bassiste Nick Chaplin (imparable sur un titre comme « Crazy For You ») et le guitariste Christian Savill ne se contenteront pas de faire de la figuration. Ils participeront ainsi activement au mur du son construit autour de « Slowdive » (le titre de 1990) ou de l’hypnotique « Souvlaki Space Station » alors que leurs pattes seront essentielles lors du final shoegaze de « Catch The Breeze » et de « When The Sun Hits », le tout via un son réglé à la perfection.

Attardons-nous un moment sur les nouvelles compositions qui présentent un parfait équilibre entre guitares en avant et voix angélique (« Star Roving », « Don’t Know Why ») alors que « Sugar For The Pill » s’apparente à la chanson pop presque parfaite, illustrée par un visuel en guise de pilule labellisée SD 1-989, évoquant au passage l’année de formation du groupe. En parlant de visuel, tant les lights que les effets stroboscopiques évolués (voire colorés) vont rendre l’ensemble époustouflant. Dommage ce petit coup de mou qu’émailleront « Blue Skied An’ Clear » et « Alison ».

Au terme de l’intro de « Golden Hair » sur laquelle ses intonations renvoient bizarrement à Kazu Makino (Blonde Redhead), la chanteuse quittera la scène pour laisser les mecs s’éclater entre eux et donner une vision surpuissante à ce titre de Syd Barrett dont les gars de Mogwai, par exemple, auraient été fiers.

Les rappels verront le groupe se lancer dans un ultime nouveau titre, « No Longer Making Time », dont le refrain parfait tranchera avec des couplets anormalement hésitants. Cela dit, un délicat « Dagger » et un « 40 Days » d’une puissance rare achèveront ensuite de combler une Orangerie toute acquise à leur cause. Cette fois, le risque a payé…

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