Le nec plus ultra du genre pop/rock
Le légendaire groupe Genesis a connu plusieurs périodes dans son histoire musicale. Vers la moitié des années 80, le bassiste/guitariste Mike Rutherford, qui est un mélodiste accompli, a envie d’exploiter une autre facette de son talent musical et fonde un petit groupe pop/rock appelé Mike + The Mechanics. Mercredi 13 septembre 2017. Après avoir dû chercher un peu, j’arrive devant la porte du temple louvaniste de la musique, la salle Het Depot, située en face de la gare. Dès l’instant où je franchis le seuil de l’établissement, je suis sous le charme. L’immeuble est aménagé de manière très moderne et l’accueil est d’une très grande convivialité. Après avoir accompli les formalités d’usage, me voilà dans la place avec mon matériel. Avec le cœur qui bat la chamade à l’idée de revoir un des membres de Genesis que j’ai vu sur scène pour la dernière fois au Parc des Princes de Paris, le 30 juin 2007. La salle comporte des places assises dans les gradins, légèrement surélevés par rapport à la scène. Avec une capacité totale de 850 places, cela en fait un endroit idéal pour les artistes qui souhaitent se produire en formule «club».
Je n’ai pas fini d’admirer les lieux que déjà la lumière s’éteignent pour laisser entrer en scène Ben McKelvey, jeune artiste londonien qui se produit pour la première fois sur une scène belge et à qui revient la lourde tâche de chauffer la salle. Avec pour seul accompagnement sa guitare sèche, cet artiste sympathique à la voix chaleureuse nous fait découvrir une version acoustique de son répertoire dont il égrènera 8 titres. Avec son look rappelant vaguement Ed Sheeran et des compositions labellisées «British Urban Indie Rock» qui présentent un lien de filiation évidente avec des groupes comme The Levellers. Ses chansons racontent des histoires, avec réalisme et sans fioritures, ce qui lui a valu d’être comparé à Peter Weller ou encore Bruce Springsteen. De fait, le Londonien passe bien et le public a l’air d’apprécier. Du côté setlist, le public belge a eu droit aux morceaux suivants : «Morning I’m Gone» (de l’album «Life & Love In England» de 2016), «Stronger»,
«Work For Free» (2016), «Fire»,
«Sunday» (de l’album «Everything You Were Meant To Be» de 2014), «Goodnight & So Long» (2014),
«Only Here Once» (2016) et «Stay Young» (2014). Une première partie au-dessus de la moyenne et un nom à retenir !
Mike + The Mechanics le second groupe du génial Mike Rutherford n’a jamais eu pour vocation d’être un clône de Genesis. Au contraire, c’est un groupe de pop/rock assumé au sein duquel Mike peut laisser s’exprimer son talent de mélodiste en proposant au public des pépites pop/rock dont plusieurs sont devenues des tubes. Le premier album du groupe est intitulé «Mike +The Mechanics» et sort le 5 octobre 1985. Sur cet album, on retrouve le tube «All I Need Is A Miracle» ainsi que «A Call To Arms» qui est un morceau écrit par Genesis mais qui n’avait finalement pas été retenu. Malgré le succès du groupe, tout a bien failli s’arrêter en 2000 avec le décès soudain d’un des chanteurs, du chanteur Paul Young (ex-Sad Café). Le groupe se reforme en 2004 le temps d’un album avec Paul Carrack au chant puis entame une nouvelle période de léthargie. À partir de 2011, Mike relance son groupe avec une nouvelle équipe qui s’articule autour de trois personnes : lui-même ainsi que les chanteurs Tim Howar et Andrew Roachford. Sur scène, ils sont accompagnés de Gary Wallis à la batterie (remplacé exceptionnellement sur cette tournée par l’excellent Steve Barney, le batteur notamment d’Anastacia, Jeff Beck ou encore Annie Lennox), Luke Juby aux claviers et à la basse, ainsi qu’Anthony Drennan à la guitare. Depuis 2011, le groupe se produit régulièrement sur scène et s’affirme comme une valeur sûre de la scène pop/rock. La qualité devant primer la quantité, le groupe mettra six ans à réaliser son nouvel album «Let Me Fly» qu’il défend sur les scènes d’Europe lors de la tournée qui s’arrête ce soir à Louvain.
Dès son entrée en scène, le groupe très ovationné entame la soirée avec le magnifique «Are You Ready» extrait du nouvel album sorti le 7 avril 2017. Un titre très entraînant qui aurait déjà pu figurer sur le tout premier album en 1985. Tim Howar et Andrew Roachford (qui joue aussi des claviers) forment une sacrée équipe sur scène. Une grande complicité les unit et cela se sent. Tout est parfaitement rôdé. Enchaînement avec le premier tube de la soirée
«Another Cup of Coffee», extrait de l’album « Beggar on a Beach of Gold» de 1995. La salle est transportée par les rythmes efficaces de ce classique du groupe.
Sans laisser l’ambiance retomber, le groupe ressort du placard le très rythmé
«Get Up», extrait de l’album «Word Of Mouth» de 1991. Le duo Tim Howar et Andrew Roachford réussit à faire oublier que le titre était initialement interprété par Paul Carrack . Retour aux sources ensuite avec le titre culte qui ouvrait le tout premier album de 1985,
«Silent Running». L’ado que j’étais à l’époque frémit d’aise en réentendant ce morceau écouté jusqu’à en user le CD! Une véritable galette de Proust, mais l’ennui avec Mike + The Mechanics, c’est que cela vaut pour tous ses nombreux tubes…
Retour à l’actualité avec le single extrait du nouvel album,
«The Best Is Yet To Come». Ce titre chargé d’optimisme illustre à merveille la maîtrise technique des différents protagonistes sur scène. Tout est parfaitement en place et la mélodie fait mouche. Du pop/rock comme on en redemande! À la fin de ce morceau, Mike, la petite septantaine, s’approche du micro et, avec son flegme habituel, demande au chanteur Andrew Roachford comment s’appelait le «schoolband» dans lequel il a fait ses débuts. Et celui-ci de répondre tout penaud : «The Schoolband». Hilarité générale. Andrew demande alors à Mike comment s’appelait le schoolband dans le quel lui a fait ses débuts. La réponse suscite l’enthousiasme général : «Mine was called Genesis». Le public n’a pas fini de s’exclamer que retentissent les premières notes de
«Land Of Confusion». Mon sang de fan absolu de Genesis ne fait qu’un tour. Hommage ou fade copie de l’original. Dès les premières mesures, Tim Howar me rassure. Son interprétation est plus qu’honorable face à un monstre sacré comme Phil Collins. Après 10 ans, revoir ce morceau en live me plonge littéralement en transe. Quel pied! Et en plus, ils invitent le public à chanter en chœur. Quel moment d’une rare intensité !
Retour au nouvel album avec un autre bijou intitulé de
«Let Me Fly» mené de main de maître par Andrew Roachford. Un autre grand moment d’émotion. Ensuite, nouveau retour en 1995 avec le titre éponyme de l’album
«Beggar On A Beach Of Gold». Toujours cette qualité d’écriture, un sens aigu de la mélodie et des compositions servies par des musiciens et vocalistes virtuoses. Que du bonheur. Vient ensuite une reprise d’un morceau du chanteur Andrew Roachford avec «Cuddly Toy», un morceau très blues/soul qui permet à l’artiste d’exprimer toute la palette de son talent.
Quand retentit ce petit gimmick de percussion électronique très particulière suivi d’un accord de guitare reconnaissable entre tous, les amateurs de Genesis ont directement capté que Mike + The Mechanics rend ici son deuxième et dernier hommage de la soirée au groupe principal de Mike en reprenant le célébrissime
«I Can’t Dance». Et même si le fan nostalgique que je suis aurait préféré voir la formation au grand complet, je ne peux pas réprimer un frisson de plaisir en écoutant ce morceau très fun et magnifiquement repris sur la scène du Depot de Louvain. Deux autres tubes de Mike + The Mechanics vont conclure la setlist en beauté: le très radiophonique
«Over My Shoulder» (1995) et le premier mégatube du groupe
«All I Need Is A Miracle».
Le public belge aura encore droit à deux magnifiques rappels, d’abord avec le très émouvant
«The Living Years (1995) et enfin le très festif
«Word Of Mouth (1991).
Voilà qui clôture une magnifique soirée qui nous aura permis de (re)découvrir une série de titres qui comptent parmi ce qui se fait de mieux sur la planète pop/rock. En espérant que Mike + The Mechanics repassera très bientôt par la Belgique !
Les autres photos de
Mike + The Mechanics
Photos © 2017 Hugues Timmermans