Il était une fois Sirius Plan à Perwez
Intrigué par l’annonce de l’ouverture d’un nouveau temple de la culture en Brabant wallon, votre serviteur assoiffé de musique et d’images de concert a répondu à l’invitation lancée sur les réseaux sociaux par la société See You Soon Productions qui inaugurait la salle PERWEX à Perwez avec le premier concert d’une série intitulée «Il était ‘une fois’», mettant l’accent sur des artistes belges ou labellisés belges. Au menu de cette première, trois artistes belges: Mia Léna, Milla Brune et Sirius Plan. Autant dire que tous les ingrédients étaient réunis pour que la soirée soit une très belle fête!
Aux portes de la salle Perwex, première bonne surprise: les organisateurs ont en effet voulu marquer le coup en réservant bon accueil à chaque spectateur de cette grande première. Après avoir reçu toutes les explications nécessaires, nous pénétrons dans le saint des saints. La salle est moderne et bien aménagée. Tout devant, une scène avec un équipement de pointe à faire pâlir d’envie plus d’un organisateur de concerts. Dans la salle, des chaises et des tables pour permettre à chacun d’apprécier la soirée dans les meilleures conditions de confort. Pour l’habitué des concerts métal que je suis, cela me donne un peu l’impression d’être à un concert de «vieux», mais je dois bien me faire à l’idée qu’il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis l’achat de mon premier 45 tours…
Après avoir fait le tour de la salle et dégusté une spécialité houblonnée locale, il est temps de passer aux choses sérieuses. Les lumières de la salle s’éteignent et les spots s’allument sur les deux organisateurs. Après avoir salué et remercié le public d’être venu en nombre pour assister à cette première expérience concertique à Perwez, les organisateurs annoncent que pour remercier le public présent ce soir, le bracelet vert remis à l’entrée donnera aussi accès gratuitement au concert du lendemain avec en tête d’affiche un certain Michael Jones. Dans la foulée, on nous annonce aussi que dans la série de concerts «Il Était ‘Une Fois’», ce nouveau temple de la culture accueillera divers artistes belges tels que Suarez et bien d’autres encore. Parmi les autres événements annoncés, Michel Fugain à Liège (mais nous aurons certainement l’occasion d’y revenir ).
Arrive enfin le moment tant attendu: le coup d’envoi du concert. C’est à la jeune étoile montante Mia Lena qu’a été confiée la lourde tâche d’essuyer les plâtres. La jeune Bruxelloise partage avec le public sa joie d’être sur scène, encore accrue par le fait que c’est la première fois qu’elle a fait le trajet seule au volant pour se rendre à Perwez. Cette anecdote mise à part, la jeune artiste belge de 19 ans (qui baigne dans la musique depuis l’âge de 6 ans) compte déjà à son actif un premier EP intitulé «First Words» dont elle défend ce soir les 4 titres, seule au clavier. Auteur-compositeur de talent, elle interprète ses titres sur scène avec conviction et sensibilité. Le public brabançon découvre donc en version acoustique 4 titres:
«I don’t need you», «Dancing on my own», «Bring me down» et
«Pick Me Up». La belle est déjà très courtisée puisqu’elle est annoncée aux Francofolies de Spa et au BSF de Bruxelles. La musique de Mia Lena est légère (surtout en version acoustique), rafraîchissante et entraînante. Elle présente un lien de filiation évident avec des artistes comme Birdy, Adele et Lorde. Pour ceux qui auraient envie de mieux connaître cette nouvelle venue sur la scène musicale belge, nous vous recommandons aussi de découvrir son nouveau single
«Dancing On My Own». Bref, une artiste dont on n’a pas fini d’entendre parler!
C’est ensuite le groupe Milla Brune qui s’installe sur scène dans une formation ultra réduite puisque le groupe qui est habituellement un quatuor se limite aujourd’hui au duo formé par Camille De Bruyne (chant et claviers) et Alexis Arakis (guitares, percussions). Milla Brune est un projet teinté de world music, de jazz, de soul, mais aussi de pop-folk et de musique urbaine, qui s’est fait connaître avec une première chanson intitulée
«The Other Woman». Un mélange inhabituel, presque autant que l’accent anglais de la chanteuse qui semble sorti tout droit d’une banlieue noire américaine. La musique intimiste de Milla Brune fait mouche et le public écoute dans un silence quasi religieux. Le style est différent de celui de la première partie, mais les deux se complètent ma foi fort bien. Pendant que son compère Alexis change de guitare et accorde son instrument, Camille nous explique qu’elle a dîné au restaurant le 1900 et à l’entendre, c’était un vrai régal! Très à l’aise, elle communique fort bien avec le public avec lequel s’installe une forme de connivence très conviviale. Les morceaux au programme de ce soir étaient (dans le désordre)
«Struggling»,
«Make me feel like I’m nobody»,
«Solitude»,
«Nevermind»,
«To know you is to love you» (reprise de Syreeta & Stevie Wonder), «Lamb & Lion», «Higher» et le très émouvant
«Precious» qui raconte l’histoire d’une petite fille que l’artiste a malencontreusement heurtée en voiture (heureusement, cette mésaventure s’est bien terminée puisque la fillette en question va tout à fait bien). Le public se laisse séduire et le duo récolte une jolie salve d’applaudissements pour saluer sa prestation toute en émotion.
La scène a beau être équipée d’un matériel de pointe, le revers de la médaille est que ce matériel est d’une grande sensibilité et qu’on n’est jamais à l’abri d’un problème technique. C’est donc avec un certain retard (et même un retard certain dû aux alés du direct) que vient le moment des retrouvailles de Sirius Plan avec le public belge. Claire Joseph, Skye et Gaelle Mievis arrivent sur scène avec leur humeur joyeuse habituelle et nous emmènent d’entrée de jeu dans l’Amérique profonde avec l’excellent «Big River» de Johnny Cash et embraient avec l’excellent «Moi L’Animal».
Vu le retard pris, le trio écourte quelque peu son programme. La salle Perwex n’aura donc pas eu droit cette fois au morceau «Du Rose Dans Les Veines», premier single de l’album «Dog River Sessions». Mais les trois artistes ne se laissent pas abattre pour autant et rien ne semble pouvoir entamer leur joie d’être sur scène. Parmi les morceaux interprétés ce soir, j’ai pointé notamment «L’Autre Et Son Regard», «Les Voiles»,
«Où Est Ma Maison» (magnifique plaidoyer pour la tolérance et l’acceptation de l’autre, d’où qu’il vienne),
«Des Loups Des Chiens», la sublime reprise de l’incontournable
«Come Together» des Beatles.
Comme à chaque concert de Sirius Plan, je suis frappé par la gentillesse et l’humanité dont font preuve les trois artistes qui tissent ainsi un lien émotionnel puissant avec le public. L’ambiance est conviviale et joyeuse. On se croirait à une soirée entre potes. Avec en plus un groupe dont l’aura artistique est tellement plus forte que la simple somme des talents individuels de ses membres. Et ces enchevêtrements de voix d’une beauté irréelle… Sans oublier la touche d’humour, qui se manifeste par un gigantesque fou rire. C’est d’ailleurs ce concentré de talent et de bonheur partagé qui vaut au trio de partir à la conquête de l’Amérique puisqu’il représentera la Belgique et la France au Festival international de Louisiane à Lafayette (USA) fin avril avant d’entamer une série de 3 showcases à New York début mai.
Horaire oblige, nous voilà déjà bientôt arrivés aux rappels. Le public en redemande évidemment et Gaelle, Skye et Claire reviennent sur scène pour une partie plus acoustique. Le fou rire n’est pas terminé. Des échanges humoristiques avec le public et quelques erreurs dans les paroles finiront par avoir raison du titre «Old Man». Qu’à cela ne tienne! Le trio redémarre de plus belle avec la reprise de «Don’t Think Twice It’s All Right» de Bob Dylan avant de terminer par l’emblématique et déjà cultissime
«Complainte de la Butte». La prestation de Sirius Plan est longuement applaudie par le public du Perwex.
Pour les heureux d’entre vous qui seront en vacances dans le Sud de la France en juillet, sachez que le trio se produira le 8 juillet à Marseille et le 16 juillet à Juan-Les-Pins.