Joan As Police Woman & Benjamin Lazar Davis : Let it be them
Pour sa sixième livraison sous le pseudo Joan As Police Woman, Joan Wasser s’est associée à Benjamin Lazar Davis. À deux, ils ont composé « Let It Be You », un album qu’ils sont venus présenter à l’Ancienne Belgique ce vendredi 2 décembre. Bien que prévue à 20h, la première partie a débuté avec un bon quart d’heure de retard sur l’horaire. C’est en effet à ce moment-là que les deux types de Fil Bo Riva sont montés sur scène, armés de leurs guitares et vêtus de vestes imitation léopard d’un goût douteux (« Si vous voulez que l’on s’achète de nouvelles vestes, passez au stand merchandising », rigoleront ils plus tard). Visiblement plus à l’aise dans leurs rôles de musiciens que d’orateurs, ils ne vont pas tarder à bluffer l’assemblée via des compositions prenantes à souhait.
L’un deux (le chanteur à la voix rocailleuse) joue assis tout en battant la mesure à coups de grosse caisse tandis que l’autre gratouille sa guitare pour en sortir des effets en adéquation avec le caractère indie de leur univers. Un univers qui atteindra des sommets lors des titres en crescendo qui finiront pas prendre aux tripes. Et que dire de cette cover toute personnelle du hit du regretté Scott McKenzie (« San Francisco »). Ces deux gaillards ne resteront pas dans l’ombre bien longtemps…
L’association entre Joan As Police Woman et Benjamin Lazar Davis ne date pas d’hier. Il y a trois ans déjà, les deux artistes avaient posé les bases d’une collaboration même si leurs agendas chargés ne leur ont pas facilité la tâche. La première s’apprêtait à sortir l’excellent « The Classic » alors que le second était en pleine promotion de l’album « The Silver Gymnasium » au sein de son groupe Okkervil River. Mais en octobre dernier, leurs efforts étaient récompensés puisque sortait enfin le fruit de leur labeur sous la forme d’un album intitulé « Let It Be You ».
Entamée avec « Satellite », la prestation de ce soir va sans surprise faire la part belle à cette plaque qui se révèle au fur et à mesure de ses séjours sur la platine. Les deux stars de la soirée portent une salopette bleue alors que leurs deux camarades de jeu (un batteur et un guitariste qui va bientôt occuper tous les postes à tour de rôle) sont vêtus de la version noire de l’accoutrement. Joan (qui est à la tisane ce soir) et Benjamin sont positionnés derrière des claviers, même si ce dernier triturera une basse en parallèle.
La chanteuse va prendre la majeure partie des vocaux à son compte, magnifiant notamment de son timbre de voix modulable et caractéristique le sulfureux « Magic Lamp » et le presque r’n’b « Let It Be You » tandis que « Broke Me In Two » pourrait sortir tout droit du chapeau de Broken Bells. Mais les meilleurs moments vont se révéler lors des titres chantés conjointement à l’instar d’« Overloaded » et surtout de l’impeccable « Hurts So Bad ». La voix de Benjamin, moins mise en avant mais tout aussi aussi captivante, va parfaitement se marier avec celle de la grande Joan en hochant énergiquement la tête de gauche à droite à chaque approche du micro.
Bien entendu, les titres plus anciens de la belle seront interprétés et bénéficieront d’une nouvelle approche. Parmi ceux-ci, on retiendra un langoureux « Save Me » et un « Holy City » qui doit beaucoup à Prince. Mais ses versions acoustiques en solitaire de « We Don’t Own It » et de « Get Direct » vont faire se hérisser quelques poils dans l’assemblée. Quant à « The Magic » qui clôturera le set principal, il donnera des idées sensuelles à plus d’un spectateur…
Le groupe reviendra au compte-gouttes pour un ultime extrait de « Let It Be You », « Station », qui est également celui qui referme la plaque en paliers. Un final épique pour une association que l’on n’imagine pas rester sans suite.
