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Minor Victories, un supergroupe qui tient la route

Rares sont les projets parallèles qui dépassent le stade des discussions arrosées de fin de soirée au pub. Encore plus rares sont ceux qui aboutissent à l’enregistrement d’un album. Quant au fait de partir en tournée… Ce sont pourtant les étapes qu’ont franchies Minor Victories pour se retrouver à l’Orangerie du Botanique ce jeudi 27 octobre dans le cadre d’une tournée européenne.

Sauf que Justin Lockey (le guitariste d’Editors) et Rachel Goswell (la chanteuse de Slowdive et de Mojave 3) ne se sont pas rencontrés au pub. Ils n’étaient même pas dans la même pièce pour enregistrer les deux premières compositions d’un projet sans nom destiné à briser la routine de leurs agendas respectifs. Quand ils ont vu que la sauce prenait, Rachel a pris contact avec Stuart Braithwaite (le guitariste chauve de Mogwai) et Justin a invité son frère James Lockey à prendre part au projet, avec qui il gère Hand Held Cine Club en tant que réalisateur de vidéos.

Mais avant de juger sur pièces ce line-up en live, deux groupes étaient chargés de faire monter l’ambiance. Et le moins que l’on puisse affirmer, c’est que Newmoon, le premier d’entre eux, ne s’est pas posé de questions. Entamé avec trois guitares qui allaient constituer la norme pendant la demi-heure suivante, le set des Flandriens (ils viennent de Gand et d’Anvers) allait se révéler d’une grande intensité. Un genre de shoegaze euphorique au rythme dicté par un batteur hyper efficace et au mur du son suffisamment solide que pour intelligemment tutoyer la voix d’un chanteur loin de rester statique. Leur premier album, « Space », vient de sortir chez [PIAS].

Michelle Zauner, la nana tatouée d’origine asiatique derrière le projet Japanese Breakfast, a ensuite pris le relais sur une scène qui allait se révéler un rien trop grande pour elle. Accompagnée de deux musiciens (dont un batteur androgyne), elle n’allait pas être servie par un son hasardeux qui allait ternir sa prestation. Cantonnées dans un environnement très nineties, ses compositions renvoient autant aux Sundays qu’à Catatonia (les intonations à la Cerys Matthews) malgré une voix tantôt plaintive tantôt criarde. Quant à sa cover du « Dreams » des Cranberries, elle allait confirmer toutes ces influences. On aurait peut-être préféré la voir à la Rotonde comme cela avait été prévu initialement.

À peu de choses près, la première écoute de l’album éponyme de Minor Victories nous a laissés de marbre. Tout comme leur prestation au Pukkelpop cet été. Ce n’est qu’après avoir analysé le phénomène à tête reposée que l’on a compris pourquoi Rough Trade a fait de « Minor Victories » son Album of the Month en juin dernier. Derrière des reliefs bruts se cachent des subtilités qui se découvrent au fil du temps, dictées par la diversité et l’expérience de ses membres.

Entamée avec « Give Up The Ghost », leur prestation aura toutefois du mal à se mettre en place. La voix de Rachel se retrouve en effet noyée au milieu d’un brouhaha sonore qui s’arrangera comme par magie dès que cette dernière attrapera une guitare pour « The Thief », le plus long morceau de la plaque qui devient tout bonnement essentiel sur scène : prenant, rêveur et final puissant. Derrière le groupe, des projections en noir et blanc essentiellement basées sur des déclinaisons de leur logo en 3D (que l’on dirait inspiré du jeu Tetris) cohabitent avec des séquences répétitives. Un bémol lorsque l’on sait que deux réalisateurs se trouvent sur scène.

Ceci dit, on n’était pas là pour regarder un film mais pour se plonger dans un univers singulier qui deviendra hypnotique au son de l’excellent premier single, « A Hundred Ropes », qui aurait très bien pu se retrouver sur un des derniers albums de Mogwai. À ce propos, Stuart Braithwaite semble celui qui prend le plus son pied ce soir. Moins discret qu’à l’accoutumée (son t-shirt vert ?), il va se lâcher et donner une énergie à un titre comme « Cogs ». Quoi qu’il en soit, son instrument complémente parfaitement la voix atmosphérique de la chanteuse (un « Breaking My Light » à donner des frissons, « Scattered Ashes »).

Finalement, les autres musiciens (dont un batteur de tournée) resteront en retrait, en tout cas visuellement car la contribution de chacun se fera entendre sur l’étourdissant et (un peu trop) allongé « Out To Sea », le titre qui clôturera le concert. Pas de rappel mais de longs moments au stand merchandising pour des fans aux anges. Qui aurait parié un vinyle sur le concert d’un groupe dont le premier contact physique a eu lieu après la mise en boîte de leur premier album ?

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