ArticlesConcerts

La Nouvelle-Orléans à portée d’Outremeuse !

Voilà un titre d’article qui peut laisser songeur, mais finalement il existe bel et bien une relation musicale entre ces deux régions pourtant très éloignées l’une de l’autre. L’art de la musique de rue est effectivement un point commun entre cette festive région du Sud des US et la petite République d’Outremeuse, et ce, au niveau des traditions et du folklore musical. Mais il fallait bien sûr un groupe culotté pour nous faire parvenir la chaleur et l’humidité du Bayou, ce fût chose faite au Blues-Sphère, par l’étonnant duo Sousa Schleb ! Avant de vous parler de cette surprenante formation, prenons quelques instants pour vous décrire ce qu’est le Blues-Sphère Bar, un autre lieu de débauche sonore qu’il faut impérativement découvrir. Niché en plein quartier d’Outremeuse, le club qui était autrefois un restaurant, offre à un public de connaisseurs un endroit de prédilection pour le jazz, le blues et toutes les autres musiques apparentées. Construisant une véritable alcôve où l’on se sent à l’aise, un intérieur très bien décoré et meublé, permet à son public d’apprécier à sa juste valeur une musique souvent de grande qualité. Félicitons à ce propos les heureux responsables, qui ont eu l’idée géniale de créer cet endroit dédié à toutes ces musiques souvent chargées d’histoire.

C’est d’ailleurs le cas ce soir avec ce duo Sousa Schleb constitué par le génial multi-instrumentiste/trompettiste/chanteur Raphaël d’Agostino et le tubiste Sébastien Wallens. Voilà donc une surprenant aventure qui prend corps seulement à Pâques de cette année où, le trompettiste/chanteur du groupe Big Noise rencontre un étrange bonhomme à la barbe et moustache proéminentes, qui use d’un instrument bizarre ! Notre cher Sébastien joue en fait du sousaphone ou soubasophone (sousa-souba), instrument de la famille des cuivres et apparenté au tuba-contrebasse. Encombrant au possible, il est habituellement utilisé dans les fanfares, accompagnant les autres cuivres comme les trompettes et saxophones, ainsi que les percussions et tambours.

On y vient à ce lien entre la Nouvelle-Orléans et notre bonne vieille Outremeuse, c’est l’art de la rue et plus précisément la musique de la rue, la fanfare ! Et c’est bel et bien cela que va retranscrire le duo en proposant un répertoire fondé sur les grands classiques du Jazz Nouvelle-Orléans, revisité ici pour une batterie, un cornet et un soubaphone. Mouvement musical fondé entre 1880 et 1890, il construit les prémices du mouvement jazz de 1910, avant que cette musique migre vers Chicago. Issu du blues et du ragtime, ce courant musical fait la part belle aux cuivres et aux percussions.

Reprenant comme repère incontournable l’inégalé Louis Amstrong (un des pères fondateurs du mouvement), Sousa Schleb propose d’entrée de jeu toute l’atmosphère des fanfares de rue du Bayou, proposant une musique chatoyante jouée avec simplicité et décontraction. La symbiose entre les deux musiciens est parfaite, et cela s’entend tout de suite vu la complicité sur scène. Le public présent répond dès la fin de la première composition, par des applaudissements prolongés. Si Sébastien nous étonne par l’aisance dans la manipulation de son « gigantesque instrument », Raphaël montre un véritable travail de funambule, jonglant entre deux mains avec sa petite trompette et ses baguettes. Frappant en cadence et de préférence le charleston et la caisse-claire, il chante et il scate aussi, nous rappelant cet étrange langage de la culture jazz qui consiste à prononcer non pas des mots mais des onomatopées.

La bonne humeur est de rigueur et l’humour ne semble pas être oublié, car le groupe se permet même de nous jouer et nous chantonner des standards comme « Hello Dolly » ou « Etre un homme comme vous » tiré des musiques du Livre de la Jungle ! Entrainante, parfois mélancolique ou émotive, la musique proposée par nos deux lascars fait manifestement mouche en transposant à merveille l’atmosphère et l’ambiance des musiques de rue du sud des Etats-Unis. Alliant une technique à un sens de la fête, le duo Sousa Schleb démontre qu’il est encore possible de transmettre un fragment important des fondements de la musique. Un rappel sera d’ailleurs nécessaire pour calmer la foule en délire, qui en aurait certainement redemandé un autre !

Remercions ces deux musiciens super-sympas qui ont su allier la simplicité à un grand talent, remercions aussi nos hôtes de ce soir que je reverrai très certainement lors d’un futur concert.

Pour les liens :

Blues-Sphère Bar

Sousa Schleb

Big Noise

Laisser un commentaire

Music In Belgium