One more time with Nick Cave
Quelques heures avant la sortie officielle de « Skeleton Tree », son seizième album avec les Bad Seeds, Nick Cave était à l’affiche de « One More Time With Feeling », le film documentaire qui en trace la douloureuse genèse. Un événement puisqu’il était projeté ce jeudi 8 septembre dans plus de 650 cinémas de par le monde. Au départ envisagé comme un témoignage des enregistrements de cette plaque, il s’est transformé en une sorte de thérapie pour Nick et son épouse Susie suite au décès accidentel de leur fils Arthur en juillet 2015 à l’âge de 15 ans. Une tragédie (un traumatisme, répétera Nick à plusieurs reprises…) dont l’influence plombe les atmosphères (encore plus) sombres qui jalonnent le disque.
Réalisé en toute sobriété par Andrew Dominik qui alterne interviews et captations live en studio, le film en noir et blanc est narré par Nick Cave himself qui étale sans aucun tabou états d’âme, interrogations et doutes à travers cette douloureuse épreuve. À mille lieues de « 20.000 Days On Earth », le film qui retraçait sa carrière en 2014, il laisse planer une certaine détresse en filigrane avant que la raisons de celle-ci ne soit clairement identifiée (et peut-être un peu trop mise en avant) sur la fin. Certains moments mélodramatiques auraient sans doute mieux faits de rester dans la sphère privée.
Ceci dit, au final, le charismatique musicien qui fêtera ses 59 ans dans quelques jours continue à faire ce qu’il fait le mieux : composer des titres majestueux qu’il interprète de son inimitable voix caverneuse, entouré de son fidèle collaborateur, ami et pilier Warren Ellis et des autres mauvaises graines, dont Jim Sclavunos qui s’est laissé pousser la barbe pour l’occasion.
Si le discours du maître emprunte parfois des directions alambiquées, l’intérêt du documentaire réside principalement dans la découverte des nouvelles compositions. Parmi celles-ci, on retiendra tout particulièrement « Girl In Amber » (un classique au premier coup d’oreille), le lyrique « Distant Sun » en duo avec la soprano Else Torp et le poignant « I Need You ». Sans oublier « Jesus Alone », la plage d’intro et single avant-coureur.
Quant au moment le plus touchant, il arrive en toute fin de film lorsque les images de la falaise sur laquelle s’est déroulé le drame défilent au son de « Deep Water », un titre de Marianne Faithfull chanté d’une voix candide par Arthur et son frère Earl. Frissons garantis.
La dernière visite de Nick Cave en Belgique remonte à mai 2015 où il avait donné deux prestations endiablées au Cirque Royal. À l’heure actuelle, aucune date de concert n’est annoncée en support de « Skeleton Tree ».