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Kala Jula, gentillesse et complicité sur scène

C’est malheureusement le dernier soir pour cette édition 2016 du Festival d’Art de Huy, qui a je pense tenu toutes ses promesses. Pour le final place à des florilèges à cordes avec tout d’abord le duo Kala Jula au sein duquel, on retrouve le Malien Samba Diabaté et le Suisse Vincent Zanetti. Nouveau voyage en perspective avec deux musiciens qui se connaissent sur le bout des doigts, offrant ainsi aux spectateurs une complicité et une gentillesse sur scène. Moment privilégié et intimiste où deux fins musiciens proposent un récital de grande qualité ! Complices jusqu’au bout des doigts (ceux-là même qui ensorcellent les cordes des guitares, du luth ou du n’goni), le griot malien Samba Diabaté (griot est associé aux traditions et musiques des cultivateurs) et le multi-instrumentiste suisse Vincent Zanetti ont depuis longtemps tissé des puissants liens d’amitié. Si Samba est depuis tout jeune baigné dans la culture et la musique traditionnelle du Mali, Vincent est devenu à la longue un des rares maîtres blancs sachant manier les instruments traditionnels d’Afrique de l’Ouest.

Sur scène tout se fait en douceur, avec l’arrivée des deux musiciens qui s’installent pour commencer par une composition à deux guitares. Ici le doigté est impeccable avec des arpèges précis où, les gammes de la guitare rythmique et de la guitare soliste se font tout en finesse. C’est la mélodie et la beauté qui priment poussant l’assistance à un maximum de recueillement et d’écoute. Entre chaque composition Samba ou Vincent prennent longuement la parole, pour nous dépeindre les circonstances de leur rencontre et nous faire connaître la culture des Malinkés (peuple vivant principalement en Guinée et au Mali).

On apprend aussi que Samba a commencé la musique sur un balafon (instrument de percussion idiophore, sorte de xylophone), et ce, en cachette de son père. Le cours de musique se transforme aussi en cours d’histoire et de géographie, puisque nos deux hôtes nous expliquent pêle-mêle la culture des griots (les cultivateurs ou le communicateur traditionnel) ou les rythmes mandingues dont le Dibon tempo joué par les cultivateurs lorsqu’ils rentrent du travail.

Concernant la musique elle reste fluide et limpide, avec un travail remarquable aux guitares. Comme l’explique Vincent, un concert sans jouer du n’goni (instrument à cordes pincées d’Afrique de l’Ouest) ne serait pas concevable car il fait partie intégrante de la culture malienne. Un bien bel instrument qui nous apporte encore de beaux arpèges. En fin de concert c’est le djembé qui fait son apparition, pour permettre la continuité dans les rythmes et sonorités africaines.

Que garder de ce récital ? Une grande complicité entre deux hommes (de cultures au départ paradoxalement éloignées) qui s’apprécient au plus haut point, engendrant un respect mutuel qui se transpose dans la musique. Transmission orale et musicale des traditions, sourires éclatants et gentillesse communicative font de ce concert un moment inoubliable. J’en termine en ajoutant que nos deux protagonistes ont fait preuve d’une grande humilité, en offrant leur art avec simplicité, alors qu’il sont en fait deux musiciens hors du commun. Respect…

Pour découvrir la musique et plus d’informations sur la culture et les traditions, je vous suggère de compulser les sites suivants :

Djinn Djow Productions

Kala Jula

Extraits musicaux

Pour le festival :
Festival d’Art de Huy

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