Carte blanche à Manu Hermia, mise en valeur d’un artiste hors-normes
La carte blanche, c’est l’occasion pour toute l’équipe du Festival d’Art de Huy de mettre en lumière un artiste qui depuis longtemps participe à la vulgarisation des musiques du Monde. Manuel Hermia infatigable globe-trotter musical fait bel et bien partie de ces musiciens hors-normes, un compositeur/multi-instrumentiste ayant mis sur pied de nombreux projets, et ce, tout en gardant ce côté humain et accessible. Déjà présent l’année dernière et présent lors de la première soirée avec Dahm, il nous revient ce soir. La carte banche c’est aussi l’occasion pour le musicien mis à l’honneur, de faire ce qu’il veut avec qui il veut. Sorte de jeu d’équilibriste où Manu a choisi ses partenaires pour leur talent respectif, mais surtout parce qu’il a tissé avec eux de vrais liens d’amitié. Cerise sur le gâteau pour cet évènement, le concert de ce soir ce déroule dans la prestigieuse Collégiale Notre-Dame, un cadre idyllique pour la grande musique où l’acoustique est à l’unisson des performances musicales ! Pour conclure, ajoutons encore que le public a répondu présent, avec un parterre complet pour écouter l’hôte de ce soir.
Comme toujours Manu monte sur la scène avec simplicité, et avec humilité il nous présente ses premiers invités parmi lesquelles on retrouve Didier Laloy (accordéoniste et habitué du festival), Majiid Bekkas (oud et guembri), Stefan Pougin (percussionniste et habitué du festival) et Barbara Wiernik (chant). Cette belle équipe pour deux premières compositions où l’on voyage (Manu l’a dit, c’est un voyage) qui débute par l’Amérique du Sud pour se transposer à l’Afrique. Cette variation s’explique par le fait que la flute a cédé le relais aux oud et guembri (instruments traditionnels de Perse et de Guinée), permettant ce voyage entre continents. N’oublions pas le chant qui prend aussi des allures orientales avec un travail magnifique de la part de Majiid et Barbara, deux voix à vous glacer le sang !
S’ensuit un exercice soliste de la part de Sigrid Vandenbogaerde, qui via son violoncelle va nous offrir un moment de haute voltige. Manu ne s’est pas trompé jusqu’à présent, nous permettant d’apprécier la prestation de musiciens hors du commun. Notre hôte n’oublie pas de nous présenter le contexte des compositions, soulignant d’ailleurs que la musique peut rapprocher les peuples en ces temps mouvementés. Voilà une belle leçon à retenir !
Pour la suite d’autres musiciens font leur apparition avec Michel Seba qui vient renforcer les percussions de Stefan, et Guo Gan musicien chinois qui s’accompagne de son erhu (violon chinois à deux cordes). Imaginez sur scène à la fois des effluves sud-américaines, des sonorités asiatiques et une musicalité toute africaine, presque tous les continents sont ici réunis à l’unisson. Ajoutons encore quelques notes jazzy dû à la clarinette et enfin un tempo cadencé par la présence de l’accordéon. Voilà bien le genre d’exercice dans lequel Manu Hermia excelle, tant il a su au cours de ses voyages et de ses rencontres humaines, s’imprégner de l’essence de toutes ses cultures et ses folklores.
Le cadre magique de la Collégiale et la présence d’un public rallié à la cause du musicien, font de cette carte blanche une parfaite réussite. Les applaudissements nourris sont d’ailleurs la preuve éclatante, que Manu a réussi haut la main son défi. On notera encore la venue du Finlandais Kari Ikonen qui parachève le décor instrumental avec le son du Moog (synthétiseurs de première génération apportant des sons chaleureux), permettant à l’équipe en place de faire un tour du Monde complet à travers la musique qui reste malgré-tout un langage universel.
Aucune prestation de Manuel Hermia n’est jamais anodine, c’est toujours un grand moment d’échange et d’émotion de la part d’un musicien hors-normes. Ayant acquis une technique sans faille pour tous les instruments qu’il travaille (flute, saxophones, bansuri ou flute asiatique et clarinette), notre souffleur est devenu un élément indispensable à la vulgarisation des musiques du Monde. Cette carte blanche il l’a amplement bien mérité, car il a offert ce soir un concert de toute beauté. Profil bas cher monsieur !
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