Flash-back sur le 20e anniversaire du Durbuy Rock
Pour une raison inconnue, notre chronique du Durbuy Rock 2016 s’était perdue dans les limbes informatiques. Il a fallu un nettoyage de vacances pour retrouver ce compte rendu d’une édition pourtant mémorable du festival qui marque le véritable coup d’envoi de la saison festivalière en Belgique. Mais trêve de bavardages, place à la musique ! À mon arrivée à Durbuy par un samedi midi ensoleillé du printemps (nous ne sommes que le 9 avril), il fait encore un peu frisquet, mais les premiers rayons de soleil de la belle saison sont une véritable caresse sur la peau. C’est dans cette ambiance champêtre et presque lyrique que j’arrive aux abords des installations qui accueillent le Durbuy Rock. Cet excellent festival fête cette année son 20e anniversaire. N’ayant pas pu me libérer pour la journée du vendredi, j’ai bien l’intention de profiter du programme jusqu’à la dernière seconde!
Après avoir réglé les formalités d’usage pour les photographes-reporters, me voilà dans la place. Par rapport à ma dernière visite à Durbuy, l’infrastructure a été encore améliorée. La grande scène est toujours aussi belle et spacieuse. Dans la salle, un grand bar de plusieurs mètres de long. Faisant face au bar, de l’autre côté de la salle, des tables accueillent les stands de merch des différents artistes au programme.
C’est dehors que les principales améliorations sont les plus visibles puisque même les abords de la scène extérieure sont désormais asphaltés. Finis les bains de boue en cas d’averse! Sur la partie extérieure du site, des stands de boissons et de nourriture (notamment des viandes locales absolument délicieuses) ainsi que des stands en tous genres accueillent les festivaliers venus nombreux.
Chargé d’ouvrir le bal sur la scène extérieure, le groupe français Temnein fait chauffer les amplis et déferler les premières notes de la journée dans les imposants haut-parleurs qui trônent de chaque côté de la scène. La musique du combo français peut être qualifiée de death métal à tendance mélodique/prog. Une belle découverte pour ma part. Floraian aux manettes,James à la guitare, Julien à la basse, Valentin aux fûts et Yoann ‘Sub’ au micro. Les cinq musiciens livrent une prestation plus qu’honorable pour une ouverture de programme. La journée s’annonce faste…
Après cet excellent échauffement, cap sur la grande scène pour assister à la prestation du groupe autrichien Serenity qui achève à Durbuy sa série de concerts donnés en première partie de Powerwolf (également à l’affiche plus tard dans la journée). Bien qu’il ne soit pas facile de jouer à 12h15, la joyeuse bande à Georg Neuhauser (chant) parvient à mettre l’ambiance au sein d’un public déjà relativement nombreux, certainement pour un second jour de festival… Au menu, principalement des extraits du dernier album
«Codex Atlanticus»: «Codex Atlanticus (intro)», «Follow Me», «Sprouts of Terror», «Legacy of Tudors», «Reduced to Nothingness», «Velatum», «Spirit in the Flesh». Une prestation trop courte pour un groupe hyper-efficace sur scène que l’on espère revoir prochainement en headliner.
Après cet agréable intermède de power métal symphonique et un détour par le bar pour vérifier le bon fonctionnement des pompes à bières, je me dirige vers la scène extérieure où se produit le groupe américain Mondo Drag. Peu familiarisé avec la musique du groupe, je découvre ses titres Heavy Psych/Prog de l’album éponyme (sorti en 2015), distillés avec passion par John Gamino (claviers et voix), Nolan Girard (guitare et synthé), Jake Sheley (guitare), Ventura Garcia (batterie) et Andrew O’Neil (basse). La musique a un petit côté rock psychédélique des 70’s qui n’est pas fait pour déplaire.
Retour dans la grande salle pour une cure de death metal avec le groupe belge Exuviated, les régionaux de l’étape puisque la bande composée de Jean-Philippe, Cédric, Renaut, Léo, Grégory est originaire de Marche-en-Famenne. Très à l’aise sur scène, ils défendent avec conviction des titres tirés principalement de leur album
«Last Call To The Void», prouvant ainsi que la tarte au riz ou le fromage de Herve ne sont pas les seuls produits wallons de qualité!
Après cette prestation vivifiante, c’est au tour de la formation parisienne Hangman’s Chair d’entrer en scène pour proposer aux festivaliers le stoner rock puissant et carré de Cedric Toufouti (voix), Mehdi Birouk Thépegnier (batterie), Clément Hanvic (basse) et Julien Chanut (guitare). À grand renfort de distorsion, le combo parisien propose un sludge désespéré aux ambiances lourdes agrémentées de riffs à gogo. Parmi leurs titres à conseiller, épinglons l’excellent «The Saddest Call».
La grande scène accueille ensuite la déferlante Komah au métal brut et percutant. La voix et la gestique du vocaliste Leny Andrieux est parfaitement en phase avec la musique brut de décoffrage de Luigi Chiarelli (guitare et choeurs), Nicholas Brynin (basse et chœurs), Greg Discenza (guitare) et Jonas Sanders (batterie). Le groupe assure encore toujours la promotion de son album
«Flashing nightmare». Sur scène, Komah est comme une déferlante qui vous emporte corps et âme dans des envolées métalliques irrésistibles. Une autre très grande pointure de la scène métal belge.
Retour sur la scène outdoor pour découvrir le métal progressif version kangourou de la formation australienne Voyager. Emmené par Daniel Estrin au chant, ce groupe compte déjà cinq albums à son actif et connaît donc le métier. Le groupe actuellement en tournée européenne met l’accent sur les compositions de son dernier album intitulé «Misery Is Only Company». Pour l’essentiel des morceaux très mélodiques et très groovy. Un son très moderne et la superbe voix de Daniel Estrin sont les principaux atouts de cet excellent groupe, très présent sur scène.
La grande scène est en passe de connaître un autre moment de folie musicale intense avec le groupe finlandais Battle Beast et son incroyable vocaliste Noora Louhimo capable de chanter avec une magnifique voix claire, mais aussi de grunter comme un véritable fauve. Pendant près d’une heure ininterrompue, Noora et ses complices de scène font déferler sur Durbuy des mélodies heavy métal incroyablement entraînantes, mettant par la même occasion une ambiance du tonnerre dans le public. Au menu, des titres des trois albums du groupe avec une petite insistance sur le denier opus «Unholy Savior»: «Let It Roar», «I Want the World… and Everything in It», «Out on the Streets», «Touch in the Night», «Fight, Kill, Die», «Black Ninja», «Iron Hand», «Enter the Metal World» et «Out of Control» mettent littéralement le feu dans le public qui danse et saute dans tous les sens, avec des crowdsurfers, des pogos et des headbangings à tire-larigot. Les musiciens ne sont pas en reste et communiquent eux aussi avec le public dans un grand moment de communion métallique.
Après ce moment de folie, nous reprenons nos esprits avec le groupe de métal progressif norvégien très apprécié des critiques et du public qu’est Leprous. Après le succès des albums «Coal» (2013) et «The Congregation» (2015), j’étais plus que curieux de voir la formation originaire d’Oslo. De la setlist, j’ai retenu «The Flood», «Foe», «Third Law», «Rewind», «Slave», «The Price», «The Valley». Malgré la maîtrise technique des musiciens et le talent indiscutable du chanteur Einar Solberg, je ne parviens pas à me défaire de l’impression que cette musique n’est pas faite pour un festival en plein air et qu’il lui faut l’intimité d’une salle de concert ou d’un salon d’écoute (pour le CD) pour pouvoir être appréciée à sa juste valeur.
Retour sur la grande scène avec Equilibrium, véritable machine de guerre allemande. N’ayant jamais eu l’occasion de voir se produire sur scène la fine équipe composée Robert « Robse » Dahn (voix), René Berthiaume et Dom R. Crey (guitares) ainsi que Tuval « Hati » Refaeli (batterie), il me tardait de voir apparaître Equilibrium sur scène. Le moins qu’on puisse dire est que je n’ai pas été déçu par ce métal épique version teutone. Les musiciens jouent des instruments propres au genre métal (guitares électriques, batterie, basse) mais les chansons intègrent volontiers des éléments folkloriques tels que l’accordéon ou la flûte. Autre particularité: comme le groupe choisit souvent pour thème la mythologie germanique, il n’hésite pas à chanter dans langue de Goethe, comme en témoigne la setlist: «Ankunft», «Was lange währt», «Waldschrein», «Karawane», «Der Ewige Sieg», «Himmelsrand», «Blut im Auge», «Uns’rer Flöten Klang», «Apokalypse», «Unbesiegt». Une prestation qui restera gravée dans ma mémoire comme un des temps forts de cette 20e édition!
La scène outdoor accueille pour suivre une légende du heavy métyal à tendance doom métal, icone de la scène underground des années ’70: Pentagram. Le groupe est en tournée pour fêter ses 45 ans de carrière (vous lisez bien: 45 ans de carrière !). Le groupe se compose aujourd’hui de Victor Griffin (guitare), Greg Turley (basse), Pete Campbell (Drums) et de son leader historique Bobby Liebling (voix). Les festivaliers retiennent leur souffle tant ils savent que l’instant est mémorable. Sur scène, Bobby Liebling prend les choses de manière à la fois très professionnelle et très décontractée. Il n’hésite pas à s’amuser de son âge et de sa longévité, tout en livrant une prestation d’excellent niveau, véritable leçon pour tous les métalleux en herbe. Au répertoire de ce soir: «Death Row», «All Your Sins», «Sign of the Wolf», «When the Screams Come», «Forever My Queen», «Dead Bury Dead», «Curious Volume», «Dying World», «Devil’s Playground», «Relentless», «Broken Vows», «Last Days Here». Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces compositions ont parfaitement résisté à l’usure du temps, suscitant un enthousiasme certain au sein du public du Durbuy Rock. Un autre grand moment donc !
Nous voilà à présent arrivés au moment de la grand-messe version Powerwolf. Attila Dorn (voix), Matthew Greywolf (guitare), Charles Greywolf (guitare), Falk Maria Schlegel (claviers), Roel van Helden (batterie) arrivent sur scène maquillés et vêtus d’un accoutrement à mi-chemin entre la chevalerie et le religieux. Le décor est entièrement voué à une forme de liturgie associant des éléments religieux et des emprunts l’univers des loups-garous. La musique est parfaitement en phase avec les thématiques développées et les officiants ont le don de déchaîner le public. Pour cette célébration métallique, le groupe s’appuie sur sa discographie connue sur le bout des doigts par les fans déchaînés: «Lupus Daemonis», «Blessed & Possessed», «Coleus Sanctus», «Amen & Attack», «Sacred & Wild», «Army of the Night», «Resurrection by Erection», «Armata Strigoi», «Dead Until Dark», «Let There Be Night», «Werewolves of Armenia», «All We Need Is Blood». Gageons que les fans auront été ravis et que les profanes se seront laissé charmer par cette prestation très convaincante!
Tant d’agitation nous a donné chaud et il est donc temps de retourner vers la scène extérieure où se produit à présent le groupe bruxellois Enthroned. Âmes sensibles, attention! Le chanteur Nornagest est une espèce de colosse barbare chauve, le visage et le crâne maquillés et ornés de ce qui ressemble à un maquillage de guerre dans certaines tribus. Musicalement, la formation venue de la capitale propose un black métal très sombre. Nornagest pratique le satanisme, la démonologie goétienne et l’occultisme. Ces thèmes influencent donc la musique du groupe. La plupart des morceaux interprétés proviennent des trois derniers opus du groupe «Pentagrammaton» (2010), «Obsidium» (2012) et «Sovereigns» (2014). Parmi les meilleurs morceaux de la setlist, on retiendra «Of Shrines and Sovereigns» et «Obsidium». Une prestation à la mesure de ce que l’on pouvait attendre d’un des meilleurs groupes de black métal du Benelux!
Dernier groupe à se produire sur la grande scène, Eluveitie, spécialiste helvète du folk métal, arrive sur scène avec ses flûtes en tous genres, cornemuses, violons et autres instruments folkloriques. La setlist comporte quelques grands classiques du groupe, ainsi que des morceaux plus récents: «Origins», «King-Thousandfold», «AnDroOmnos», «De Ruef vo de Bärge», «Luxtos», «The Siege», «Kingdom Come Undone», «Tegernakô», «Havoc», «Alesia». Pour avoir vu Eluveitie à plusieurs reprises dans les mois qui précèdent, force est de reconnaître que la prestation du groupe au Durbuy Rock était en-dessous de son niveau normal. Des rumeurs de tensions entre certains membres expliqueraient peut-être cette contre-performance.
Pour finir cette 20e edition, les organisateurs ont choisi le groupe irlandais Primordial et son black/pagan métal. Du lourd pour finir en beauté un 20e anniversaire qui aura été fêté comme il se doit. C’est fourbus mais heureux que les festivaliers s’en retournent chez eux en décomptant les jours jusqu’à l’édition 2017!