Dour Festival 2016 (Jour 1) : en avant, toute !
Chaque année à pareille époque, la petite bourgade de Dour se transforme l’espace de quelques jours en centre névralgique de la musique alternative sous toutes ses formes. La vingt-huitième édition du Dour Festival n’a pas dérogé à la règle et a même battu quelques records au passage. En effet, près de 300 groupes étaient à l’affiche d’une programmation qui a visiblement fait mouche car l’événement a vu défiler pas moins de 235.000 spectateurs cumulés sur les cinq jours (7.000 de plus qu’en 2015). Devant le succès rencontré par la soirée d’ouverture l’an dernier, les organisateurs ont décidé de remettre le couvert et de lancer officiellement les festivités le mercredi en début de soirée.
Bracelet personnalisé au poignet et contrôles de sécurité franchis haut la main, c’est l’esprit léger et plein d’excitation que l’on a été découvrir le nouvel agencement du site. Une ingénieuse réorientation de la Last Arena (la grande scène en plein air) va ainsi faire d’une pierre deux coups : augmenter sensiblement la capacité de l’endroit mais surtout fluidifier un passage qui devenait par moments compliqué (cfr le concert de Snoop Dogg l’an dernier).
Ceci dit, le point de départ de notre Dour 2016 se déroulait sous le Jupiler Dance Hall avec un projet pour le moins particulier. Baptisé La Colonie de Vacances, il s’agit d’une prestation en quadriphonie exécutée simultanément par quatre groupes indie Français (Electric Electric, Pneu, Marvin et Papier Tigre). Chaque formation se produit sur des scènes individuelles qui se font face et le public se trouve au centre. Inutile de vous dire que la puissance dégagée par les musiciens dépasse l’entendement mais l’intérêt se trouve ailleurs.
Il suffit en effet de faire quelques pas de côté pour assister à un tout autre concert alors que l’on croise des spectateurs en route vers une autre partie du chapiteau. Cela brise la routine et donne une perspective inédite à un style musical exigeant et assez difficile d’accès. Il s’agit sans doute du seul bémol de l’initiative. Car deux heures de math rock, c’est peut-être un chouia trop long.
Au moins, on était parés pour notre première visite sur la Last Arena avec les Vaccines dont le tourbillon à
l’AB en octobre dernier avait renversé tout sur son passage. Il faut dire qu’« English Graffiti », leur troisième album, regorge de pépites nerveuses juste ce qu’il faut, dont « Handsome », le titre avec lequel ils vont entamer leur set pied au plancher. La voix de Justin Young, longtemps décriée, tient la route et les riffs destructeurs de Freddie Cowan balisent les compositions. Notons que le batteur Pete Robertson a récemment quitté le groupe (en bons termes) et est provisoirement remplacé au pied levé par celui de Spector.
Une heure durant, ils ne vont pas se poser de questions et balancer uppercut sur uppercut avec un cœur grand comme ça, le volume poussé dans le rouge (les bouchons étaient indispensables cette année à Dour). On pense aux Strokes, bien entendu, mais avec un sens de la mélodie un rien plus poppy qui fait mouche (« Dream Lover », « 20/20 »). Quant aux classiques du groupe (« Post Break-Up Sex », « If You Wanna »), ils vont achever de confirmer que les Vaccines sont devenus une valeur sûre du rock british.
Dernier de la soirée à se produire, le producteur anversois Netsky a terminé le boulot d’impressionnante manière. Entouré d’un groupe live et de différents vocalistes (dont une chanteuse à la solide voix), il allait permettre aux 37.000 spectateurs présents de se défouler jusqu’au bout de la plaine, illuminés par un époustouflant déploiement de lights. Le Dour Festival 2016 ne pouvait mieux débuter…
Photos © 2016 Olivier Bourgi