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Hurts so good à l’AB

Fervents adeptes d’une électro pop mélodramatique de moins en moins sombre, les Mancuniens de Hurts étaient de passage à l’Ancienne Belgique ce mercredi 17 février afin d’y présenter « Surrender », leur troisième album. Mise en scène théâtrale garantie… Annoncés seulement dans le courant de la journée, ce sont leurs compatriotes de Miamigo qui ont eu l’honneur d’ouvrir pour eux. On avait espéré jusqu’à la dernière minute que le duo traverse la Manche avec les excellents Spector mais il n’en a finalement rien été. Miamigo, donc, des natifs (comme leur nom ne l’indique pas) de Brighton dont le registre oscille quelque part entre les Killers (la pop efficace) et Duran Duran (la guitare).

Ceci dit, au fur et à mesure du set, un style un rien plus personnel s’est dégagé sans pour autant révolutionner des compositions au format pop exécutées par quatre jeunes latin lovers aux cheveux longs. On pensera à Fun et à Hard-Fi avec la caractéristique que deux voix drastiquement différentes mais complémentaires assurent un équilibre que le batteur dans un trip soutenu contribue à cadenasser.

C’est déjà la troisième fois en autant d’albums que Hurts se produisent à l’AB. Si la salle n’est pas tout à fait complète, le sold out n’est malgré tout pas loin. Autour de nous, un public majoritairement jeune et néerlandophone. L’histoire ne dit pas s’ils sont tombés sous le charme de « Surrender », leur nouvelle plaque sortie à l’automne dernier mais en ce qui nous concerne, le sentiment est mitigé (de plus en plus pop et commercial). On ne le savait pas encore à ce moment-là, mais on allait ramasser une grosse claque dans la figure…

Juste après la prestation de Miamigo, un rideau noir est tombé devant la scène, contraignant les roadies de s’équiper de lampes de poche frontales lors des soundchecks. Un rideau qui restera en place pendant l’intro du concert (« Surrender ») et jusqu’au refrain de « Some Kind Of Heaven », le premier single de la nouvelle plaque. On a ainsi découvert le duo à l’avant plan. Theo Hutchcraft, chemise et pantalon noirs d’un côté, Adam Anderson, trench coat et barbe rousse de l’autre, assis derrière son piano.

Derrière eux et surélevée à un mètre du sol, une énorme cage colmatée au moyen d’un tissu sombre qui, grâce à de savants jeux de lumière, laisse deviner des ombres chinoises du plus bel effet : celles des musiciens officiant pour le moment dans l’obscurité. Une fois le tissu retiré, on apercevra l’ensemble du groupe. De gauche à droite, un batteur qui cogne sur des fûts transparents, un bassiste particulièrement doué, deux choristes et un claviériste. Ils ne bougeront pas de leur repaire de toute la soirée…

Si les extraits de « Surrender » ne décollent pas trop sur disque, leur traitement en live les rend bien plus captivants. D’un pastiche Pet Shop Boys produits par Avicii, on obtient des compositions qui tiennent la route (« Why », « Rolling Stone »). Toujours pop et accessibles, mais avec un petit quelque chose en plus. Est-ce le comportement d’un Theo Hutchcraft aux airs de Dave Gahan souriant et charmeur qui a visiblement laissé de côté son ego surdimensionné ou la présence des choristes (une de type Barracuda, l’autre plutôt Beyoncé) qui les transcendent littéralement, nul ne le sait mais une évolution notoire est désormais perceptible à ce niveau.

Bien entendu, ils entretiennent ce côté mélodramatique et théâtral qui fait fondre les jeunes filles. Une voix parfaite, un clin d’œil charmeur par ici, un petit pas de danse par-là, et surtout une généreuse distribution de roses blanches qui provoquera quelques frictions au sein d’un public réceptif et par moments hystérique. On ne comptera pas les mouvements de dévotion et les singalongs (« Illuminated », « Sandman »).

Au rayon des curiosités, pointons « Affair », une face B interprétée en accompagnement d’une guitare saturée, « Lights » avec une basse disco pendant que les choristes s’amusaient à peaufiner une chorégraphie ou les guitares à la U2 de « Somebody To Die For ».

Pour le reste, on se délectera des arrangements lumineux de « Sunday » à l’impressionnant final, de « Wonderful Life » (introduit par une délicate partie au piano) et de « Better Than Love », efficaces à souhait. On n’a d’ailleurs pas trop compris la raison pour laquelle ils ont choisi de clôturer le set principal avec « Wings », sans doute un des extraits les plus faibles de « Surrender ».

Le duo reviendra sur scène pour deux titres supplémentaires (les musiciens étant contraints de rester immobiles dans leur cage en attendant le retour de leurs chefs). S’ensuivront un très poppy « Nothing Will Be Better Than Us » suivi d’un « Stay » presqu’émouvant. Contrairement à leurs deux précédentes visites dans cette même salle, cette fois, Hurts nous ont bluffés…

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