Les Maccabees marquent des points
The Maccabees. Si l’on veut se montrer un rien cynique, il s’agit du nom de groupe qui caractérise le mieux l’actualité musicale pour le moins nécrologique de ce début d’année 2016. Ceci dit, les Londoniens, de passage à l’Ancienne Belgique ce mercredi 27 janvier, comptaient bien montrer leur vitalité en présentant leur excellent dernier album, « Marks To Prove It ».
Au départ réservée à Son, la première partie a finalement été confiée à Johnny Lloyd. Celui-ci avait déjà occupé cette position sur cette même scène juste avant les Kooks en juin 2014. L’ancien leader de Tribes s’était alors produit en formule semi-acoustique. Cette fois, il est accompagné d’un vrai groupe et la différence sera marquante.
En effet, l’environnement se retrouve nettement plus rugueux et le bonhomme (qui ne quittera pas sa veste en cuir pendant tout le set) peut davantage se lâcher. Grâce à des compositions entêtantes (« Like I Did » est un futur hit) et une voix combinant celles d’Alex Turner (Arctic Monkeys) et de Johnny Borrell (Razorlight), il peaufine désormais son style. Même si, au bout d’une trentaine de minutes, on finit par le trouver un peu linéaire.
Avec « Marks To Prove It », leur quatrième album, les Maccabees ont confirmé leur accession dans le panthéon du rock indie britannique, entamée avec « Given To The Wild » voici quatre ans. Cela n’a toutefois pas été simple. Un manque d’inspiration chronique a même failli mettre un terme à l’aventure du groupe issu du quartier londonien d’Elephant & Castle. Et puis, le déclic avec « Spit It Out », un premier titre qui allait devenir leur ligne directrice. L’album se hissera à la première place des charts anglais dès sa sortie en juillet dernier. Quelques jours plus tard, ils donnaient un concert mémorable sous le Marquee du Pukkelpop.
Ce soir, ils vont commencer par rendre un hommage sobre à David Bowie en montant sur scène au son de « Changes » avant d’attraper leurs instruments et de démarrer pied au plancher avec « Mark To Prove It », l’incroyable plage titulaire qui fera d’emblée l’unanimité. Un véritable hymne en puissance auquel ils ne nous avaient plus habitués depuis leur candide premier album de 2007. Mais avec quelque chose en plus évidemment, à l’instar du parfaitement construit « Feel To Follow » dont le final intense nous donnera des frissons juste après.
Après un « Wall Of Arms » toujours aussi enlevé, les choses vont quelque peu se calmer avec deux nouveaux titres (« Kamakura » et « Ribbon Road »). Celles-ci, plus travaillées, vont nous permettre d’observer la scène dans son ensemble. Devant un décor très dépouillé (la curieuse pochette de l’album), les cinq musiciens se produisent sur une ligne de front à l’exception du batteur en retrait. Si la voix caractéristique d’Orlando Weeks porte littéralement les compositions (« Young Lions », « Precious Time »), son charisme laisse franchement à désirer.
Autour de lui, les deux guitaristes Hugo White (de loin le plus impliqué de la bande) et son frère Felix (vu son attitude, il a sans doute appris la guitare pour choper des nanas) font le boulot. Rappelons qu’il y a tout de même trois guitares sur scène et des titres comme « X-Ray » et « Love You Better » en bénéficient pleinement. Le bassiste Rupert Jarvis et le batteur Sam Doyle passent quant à eux assez inaperçus. Ah oui, et n’oublions pas non plus une claviériste de tournée toute timide, coincée entre deux amplis.
L’image reste donc un problème récurrent chez les Londoniens. Mais contrairement à certains de leurs contemporains plus extravagants, ils compensent avec des titres parfaitement construits, à l’instar du précité « Spit It Out », un des meilleurs extraits de la dernière plaque et de l’atypique mais toujours aussi efficace « No Kind Words », sombre et énervé juste ce qu’il faut. En toute fin de set, la combinaison des voix délicates de « Grew Up At Midnight » emporteront le titre dans une autre dimension.
Les rappels leur permettront de plonger une dernière fois dans leurs nouvelles compositions, même si celles-ci ne seront pas les plus évidentes. « River Song » (accompagnée d’un… pipeau) et « WW1 Portrait » auraient peut-être eu plus d’impact si elles avaient été jouées pendant le set principal et remplacées à ce moment par le magnifique « Slow Sun » (injustement oublié). Mais dans ce cas « Toothpaste Kisses » (le titre utilisé dans une pub pour un téléphone portable) n’aurait sans doute pas eu la même saveur. Allez savoir. Toujours est-il que « Pelican » mettra ensuite tout le monde d’accord. Avec ou sans image, peu importe finalement…