Un serpent blanc aux reflets pourpres à Forest National
Le programme musical de cette fin d’année est décidément très chargé. Après Europe et avant Judas Priest et Nightwish, c’est Whitesnake qui est est à l’affiche ce 1er décembre. Forest National, le temple bruxellois de la musique, est gardé comme Fort Knox par des soldats et des policiers présents en nombre, histoire de décourager les candidats terroristes et de nous permettre de nous rincer les tympans en oubliant la grisaille d’un quotidien peu reluisant ces dernières semaines.
C’est dans sa formule club que Forest National accueille le premier groupe de la soirée, devant environ 2500 amateurs de rock classique. The Dead Daisies est un groupe de hard rock à l’ancienne. Peu connu sous nos latitudes, ce groupe australo-americain a pourtant une carte de visite à vous donner le tournis. Ses membres ont tous joué dans des groupes de grand renom: John Corabi (ex-Motley Crue) au chant, Marco Mendoza (ex-Thin Lizzy) à la basse, Brian Tichy (ex-Pride and Glory) à la batterie, Dizzy Reed (Guns ‘n Roses) aux claviers, Richard Fortus (Guns’n Roses) à la guitare principale et David Lowy (Red Phoenix) à la guitare rythmique.
C’est au son de «War Pigs» de Black Sabbath que la joyeuse bande monte sur scène. Pendant environ trois quarts d’heure, les Dead Daisies jouent une série de titres, pour la plupart extraits de leurs deux albums. Ils commencent par un extrait de leur nouvel opus «Revolucion» intitulé «Midnight Moses». Ce titre vous dira peut-être quelque chose puisqu’il s’agit d’une reprise d’un morceau qui figurait sur le tout premier album du groupe Sensational Alex Harvey Band, «Framed», sorti en 1973. Le groupe enchaîne avec deux autres extraits du nouvel album: «Evil» et «Mexico». Séquence hommage avec la reprise du «Hush» de Joe South, popularisé par Billy Joe Royal et surtout Deep Purple. On est cependant loin d’égaler la version d’Ian Gillan ou de Steve Lee (Gotthard)…
«Lock ‘n’ Load» est le premier extrait de l’album précédent, «The Dead Daisies», sorti en 2013. Retour à l’actualité du groupe avec «With You and I». Ensuite, petit détour par l’EP «Face I Love» avec le titre «Angel in Your Eyes». Un dernier extrait du nouvel album avec «Devil Out of Time» et pour finir une reprise avec «Helter Skelter» des Fab Four. Exécution parfaite mais j’avoue avoir du mal à accrocher.
. C’est au son du «My Generation» des Who que le grand serpent blanc monte sur scène. À la barre, l’inoxydable David Coverdale qui, avec 64 printemps à son actif, a encore de beaux restes comme il va nous le prouver pendant toute la soirée. Accompagné de Reb Beach et Joel Hoekstra à la guitare (remplaçant de Doug Aldrich), Tommy Aldridge aux fûts, Michele Luppi (Secret Sphere) aux claviers et backing vocals, le groupe attaque avec «Burn» (de l’album éponyme de Deep Purple). Ce morceau figure également sur l’album «The Purple Album» dernier opus en date de Whitesnake entièrement consacré à la période durant laquelle le jeune David Coverdale officia au chant dans le légendaire groupe Deep Purple. Les amateurs de rock classique sont donc doublement à la fête ce soir.
Le groupe embraie avec «Bad Boys» (de l’album «Whitesnake» de 1987) et «Love Ain’t No Stranger» (de l’album «Slide It In» de 1984). Les guitares sont très présentes et nous avons droit à une série de riffs bien efficaces. Le son est un peu moyen au début mais s’améliore à mesure que l’on avance dans le concert. Retour à l’album hommage à Deep Purple avec «The Gipsy» (extrait de l’excellent album «Stormbringer» de 1974).
Si la voix de Coverdale n’est plus ce qu’elle fut à la grande époque, elle est néanmoins meilleure qu’au moment où il envisagea d’arrêter purement et simplement la musique. Sur scène, il est habilement soutenu par les backing vocals très efficaces des musiciens.
On enchaîne avec un autre mégatube du serpent blanc «Give Me All Your Love» qui fut le 5e single – excusez du peu – extrait de l’album «Whitesnake» précité de 1987.
Ensuite vient «You Keep On Moving» («The Purple Album» – 2015). Le morceau suivant est extrait du EP «Snakebite» paru en 1978. Il s’agit de «Ain’t No Love in the Heart of the City», morceau de R&B écrit en 1974 par Michael Price and Dan Walsh et interprété par Bobby Bland. Mais cette reprise est rapidement devenue un classique du grand serpent blanc, au point d’éclipser entièrement son interprète original dans la mémoire collective. Arrive ensuite le traditionnel (double) solo de guitare, très bien interprété, mais un peu longuet par rapport à l’ensemble du set.
Nous ouvrons ensuite une nouvelle page de l’ère Deep Purple avec «Mistreated» (coécrit par Coverdale et Ritchie Blackmore) et «You Fool No One». Ces morceaux sont suivis d’un solo de batterie mémorable puisque Tommy Aldridge finit son morceau de bravoure en jouant à main nue, sans baguettes.
Parmi les plus belles compositions du duo Coverdale/Blackmore figure la ballade «Soldier of fortune», toujours aussi efficace tant d’années plus tard. Retour au répertoire whitesnakien pour le bouquet final avec trois tubes interplanétaires: «Is this love?», «Fool for your loving no more» et «Here i go again». Avant d’entamer en rappel le morceau «Still of The night» qui clôturera la soirée, David Coverdale fait une brève allusion à l’actualité récente en lançant à la foule : «Be safe, be happy and don’t let anybody make you afraid!».
Une soirée plutôt réussie qui nous a permis de réentendre une série de grands classiques fondateurs interprétés avec brio, même si les années sont là et que les prestations vocales de Coverdale ont perdu de leur intensité et de leur puissance. Le concert fut cependant d’un fort bon niveau et le public est reparti manifestement satisfait de la soirée.
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Photos © 2015 Hugues Timmermans