Factory Floor en mode revival Haçienda
C’est à une soirée peu conventionnelle qu’il nous a été donné d’assister ce mercredi 9 octobre au Club de l’Ancienne Belgique. En effet, les Anglais de Factory Floor, une des hypes du moment, allaient nous emmener bien malgré nous dans une direction à cent lieues du scope de votre webzine musical préféré. Cela nous apprendra à réclamer une invitation presse bien avant que le premier album du groupe ne sorte, en se basant sur des critiques faisant état d’influences industrielles et brutales. A notre décharge, leur nom renvoie au célèbre label indépendant fondé par Tony Wilson à la fin des années 70 (Factory Records) et un de leurs singles (« R E A L L O V E ») a été produit par Stephen Morris, le batteur de New Order. Mais voilà, à notre grand désarroi, c’est la partie électro qui va au final prendre l’ascendant sur tout le reste…
Pour la première partie, les Londoniens avaient emmené avec eux un de leurs compatriotes, William Doyle, mieux connu sous l’étrange pseudonyme East India Youth. Ce bonhomme qui a d’abord roulé sa bosse au sein de Doyle & The Fourfathers dans un style plutôt indie pop a complètement viré sa cuti et propose désormais un mélange électro dansant à la Hot Chip (sa voix nasillarde renvoie d’ailleurs furieusement à celle d’Alexis Taylor).
Avec un look de jeune branché BCBG (sa chemise stylée et sa coupe de cheveux y sont pour beaucoup), il se trouve seul derrière une énorme console qui lui permet de commander l’univers de ses compositions. Lorsqu’il attrape une basse et qu’il pose une voix plus menaçante sur des sonorités atmosphériques, on se surprend même à se laisser emporter. Malheureusement, le soufflé va retomber assez vite, engendrant une deuxième partie de set assez dispensable car beaucoup trop disparate. En tout cas, le public n’avait pas du tout l’air dans le même trip que lui…
Le premier album de Factory Floor est sorti le mois dernier sur le label de James Murphy, DFA, près de huit ans après sa formation (à l’époque, seul le batteur Gabe Gurnsey se trouvait aux commandes). Ce n’est que lorsqu’il sera rejoint par ses deux compères, à savoir le claviériste Dominic Butler et la vocaliste Nik Colk Void, que le groupe prendra sa configuration définitive.
Sur scène, on se retrouve bien vite embarqué dans une tornade électro bordée de beats hypnotiques et de projections qui le sont tout autant, diffusées à travers leur logo, genre de figure géométrique indéfinissable qui pourrait vaguement rappeler le dessin schématique d’une usine (ce qui, avec leur nom, prendrait un certain sens). Les trois musiciens occupent toute la largeur de la scène de l’AB Club mais, de ce fait, se trouvent à une certaine distance les uns des autres, avec pour conséquence l’impression d’un manque de cohésion.
Mais ce qui surprend le plus, c’est la voix de la chanteuse qui va se retrouver complètement noyée sous les percussions, même si on doit davantage parler d’onomatopées que de paroles. De plus, la guitare qu’elle porte autour du cou semble faire figure de décoration vu qu’on ne l’entend absolument pas. Et ce n’est pas le stick de batterie qu’elle tient entre les mains qui va changer quelque chose vu son utilisation confidentielle.
Pourtant, sur cet album, on trouve de bonnes choses qui, avec une largeur d’esprit, font mouche (« Fall Back » et « Here Again » en tête). Sur scène, en revanche, on ne retrouve pas les subtilités et le groove de la plaque. Si l’on pense souvent à la période « Technique » de New Order et à l’Haçienda de Manchester (les pointes house), leur direction dansante à tendance techno violente laisse perplexe, surtout qu’ils jouent à un volume sonore qui rendraient jaloux My Bloody Valentine. Ajoutez à cela une présence glaciale lors d’un set qui se révélera répétitif sur la longueur et vous comprendrez la raison pour laquelle le public va finir par se désintéresser d’eux et faire fonctionner le bar à la place.
Résultat, une soirée mitigée car si le NME titrait récemment en parlant d’eux « The industrial revolution », on est loin du compte. Et si une guitare supplémentaire ou davantage mise en avant pouvait radicalement changer la donne ?