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LOKERSE FEESTEN 2013 : White Lies rattrape la soirée


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas aux Lokerse Feesten. Le lendemain de la soirée metal et la veille d’une autre à consonance classic rock, place à des sonorités british indie ce lundi 5 août. Si Primal Scream et les Fratellis répondaient bien présents, il en était tout autrement de Beady Eye, remplacés au pied levé par White Lies. Le groupe de Liam Gallagher a en effet été contraint d’annuler sa venue dans la campagne flamande ainsi que sa tournée au Japon suite à une blessure (assez sérieuse, d’après les dernières informations) du guitariste Gem Archer.

C’est au son de la toute fin du concert coloré de Soja que l’on a pénétré sur le site toujours aussi accueillant du festival. Les deux écrans géants sont désormais installés à une hauteur qui permet de profiter pleinement du spectacle depuis n’importe quel endroit de la plaine alors que la seconde scène (nouvelle depuis cette année et consacrée aux musiques électroniques) ne perturbe aucunement ce qui se passe sur le podium principal.

Notre soirée a donc réellement débuté avec The Fratellis, le groupe écossais qui a récolté un certain succès avec son premier album (« Costello Music ») en 2006 avant de décevoir avec le suivant (« Here We Stand ») deux ans plus tard et de se séparer à l’issue de la tournée qui a suivi. Dans la foulée, Jon Fratelli (John Lawler pour sa maman) a formé l’obscur Codeine Velvet Club et publié un album solo alors que le bassiste Barry Fratelli (Barry Wallace) a tourné avec The Twang.

Sans vraiment de raison, ils ont repris les choses là où elles s’étaient arrêtées en 2009 et ont annoncé la sortie d’un troisième album pour le mois d’octobre prochain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le public de Lokeren a réservé un accueil à la hauteur de l’attitude du groupe. Entendez par là que le chanteur ne laisse paraître aucun sentiment et que sa manière de jouer de la guitare à la façon d’un cowboy finit par lasser. D’autant que, musicalement, rien de nouveau n’est apparu depuis leur passage à l’AB Box en 2007 où la basse nous avait littéralement explosé les oreilles.

Bref, le glam rock réchauffé de « Baby Fratelli », le pub rock de « Henrietta » ou les arrangements candides de « Whistle For The Choir » ne nous avaient pas manqués. Parmi les nouvelles compositions jouées ce soir, on va peut-être en retenir une (le futur single « Seven Nights Seven Days » ?) qui sort légèrement du lot. Mais à l’exception de leur hit « Chelsea Dagger », les spectateurs sont restés de marbre. En d’autres mots, le succès relatif des Fratellis devrait rester exclusivement cantonné aux îles britanniques.

Primal Scream sont des habitués des Lokerse Feesten puisque depuis 2009, ils y jouent toutes les années impaires. On se souvient tout particulièrement de leur prestation de 2011, où ils tournaient l’intégralité de l’album « Screamadelica » à l’occasion des vingt ans du disque considéré depuis comme un classique. L’actualité du groupe de Bobby Gillepsie est la sortie au printemps dernier de « More Light », un nouvel album politiquement incisif qui renoue avec l’esprit rebelle du groupe.

Par rapport à leur dernière visite, le bassiste Mani est parti rejoindre son groupe d’origine, les Stone Roses, à l’occasion de la reformation de ces derniers. A sa place, on retrouve désormais Simone Butler, une nana qui ne fait pas tâche au milieu des rockeurs chevronnés que sont notamment le guitariste Andrew Innes et le claviériste Martin Duffy. Pour l’occasion, ils se font accompagner par un saxophoniste qui sera tout simplement impérial sur le morceau d’intro, « 2013 ». Malheureusement, ce ne sera pas toujours le cas…

Bobby Gillepsie, plus maigrichon que jamais, apparaît, lui, en pleine forme. Cheveux longs lisses au vent, tambourin ou maracas en mains, il va utiliser intensivement l’avancée de la scène pour partager quelques moments avec un public pas encore tout à fait chaud. Pourtant, à ce moment-là, tout était en place pour assister à une prestation quatre étoiles. Un « Movin’ On Up » réarrangé guitares en avant et un « Hit Void » puissant au final stroboscopique vont notamment faire monter la température.

C’est ensuite que les choses vont se gâter, avec une set-list peut-être pas tout à fait adaptée à un festival où la majorité des spectateurs ne sont pas des fans invétérés. D’autant que les extraits de « More Light » envoyés en milieu de concert sont loin d’avoir fait l’unanimité. Ainsi, le bluesy langoureux « River Of Pain » et le jazzy « Tenement Kid » ont sans doute fait pire que mieux (le saxophone omniprésent a fini par nous taper sur le système), surtout qu’une version survitaminée du toujours aussi excellent « Swastika Eyes » sera lancée en plein milieu de ces compositions que l’on qualifierait de plaintives (sur scène en tout cas). Par moments, on aurait juré que les musiciens jouaient exclusivement pour eux.

Heureusement, une version remodelée de « Loaded » a permis à la fin du set de prendre une direction plus en adéquation avec le vent qui se levait sur Lokeren avant de recevoir dans les oreilles un dernier nouveau morceau, le single « It’s Alright, It’s OK ». Sans surprise, ce sont les classiques « Country Girl » et « Rocks » qui ont clôturé en force ce qui s’apparente à un concert à deux vitesses. Gageons que lorsqu’ils reviendront le 13 novembre au Democrazy de Gand, il en sera autrement.

Trois jours avant l’événement, les Londoniens de White Lies ignoraient encore qu’ils viendraient déposer leurs amplis sur la scène des Lokerse Feesten ce lundi. « Vous êtes sans doute aussi surpris que nous de nous retrouver ici ce soir » lâchera Harry McVeigh un peu après s’être excusé au nom de son groupe de ne pas être Beady Eye. Le malheur des uns fait le bonheur des autres et ils ont ainsi été en mesure de tester en primeur et en grandeur nature des extraits de « Big TV », leur troisième album dont la sortie officielle a été fixée lundi prochain, le 12 août.

Curieusement, c’est au son de « Relax », le tube de Frankie Goes To Hollywood, que le groupe est monté sur scène. Aux côtés du trio, deux musiciens de tournée font en sorte de reproduire en live les arrangements parfois ambitieux qui jalonnent les compositions sur disque. Le leader s’est laissé pousser la barbe et a troqué sa légendaire guitare métallique contre une autre, beaucoup plus classique.

Les choses vont en tout cas commencer en force avec « To Lose My Life », l’excellente plage titulaire de leur première plaque. Et, l’espace d’un instant, on prend peur. Le son est franchement moyen et la voix du leader, déjà généralement pas très affirmée, se voit noyée sous les guitares. L’ingénieur du son mettra encore le nouveau single « There Goes Our Love Again » pour arranger les bidons mais à partir de ce moment, tout sera impeccablement en place et la magistrale prestation de White Lies pourra commencer.

Car, par rapport aux nombreuses visites du groupe depuis 2008 (au Pukkelpop en plein après-midi), celle-ci sera sans conteste la plus convaincante. Il est bien loin le temps où la voix d’Harry partait continuellement en vrille. Et les nouvelles compositions semblent, à première écoute, bien plus consistantes que celles de « Ritual », leur décevant (avec le recul) deuxième disque. Ils n’en jouent d’ailleurs que le minimum syndical qui, à part « Bigger Than Us » en clôture, font pâle figure aux côtés des classiques que sont « A Place To Hide », « E.S.T. » ou autre « Farewell To The Fairground ».

Ceci dit, ce sont d’abord et avant tout les nouvelles compositions que l’on était curieux de découvrir. Et, sur ce point-là, on n’a pas été déçu. Les quatre titres en question (en plus du single qui passe déjà en radio) promettent de bien bonnes choses. « Be Your Man » a un réel potentiel dans une veine un rien plus pop, à l’instar du très bon « Getting Even », le titre qu’ils offrent en téléchargement gratuit depuis quelques semaines. La basse omniprésente et les nappes de synthé colorées contrastent de plus en plus avec une voix de moins en moins caverneuse.

Bien que mélodieux, « First Time Caller » demande une écoute supplémentaire mais le titre qui a sans doute fait l’unanimité n’est autre que « Big TV », la plage titulaire de cette future plaque. A l’instar des excellents « Unfinished Business » et « Death », la structure peut sembler bizarre, mais elle en devient d’autant plus entêtante. Une prestation convaincante et sans pression qui laisse présager un retour en forme du groupe. Celui-ci reviendra pour deux soirs à l’Ancienne Belgique, les 29 et 30 novembre. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.

C’est l’électro chantée (hurlée?) en live de Magnus alias Tom Barman et CJ Bolland qui a accompagné notre dernier verre et notre sortie du site qui s’était entre-temps bien vidé. Il faut dire qu’il était déjà 1h30 du matin. Et qu’il restait six jours à tenir…

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