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Tempo ! Durbuy Festival : pour un coup d’essai, c’était un coup de maître !


Le Syndicat d’Initiative de Durbuy et la société Covadis ont uni leurs forces pour monter le Tempo ! Durbuy Festival dans le superbe cadre naturel de la plus petite ville du monde. La première édition a bénéficié d’atouts de taille : une organisation efficace, une météo ensoleillée à couverte mais sans pluie, des spectateurs venus en nombre et une affiche de qualité. Tous les ingrédients indispensables étaient donc réunis. Bilan : une réussite sur toute la ligne ! Dès l’ouverture des portes à 17h00, le public a commencé à affluer sur le superbe site de la Place du Grand Anticlinal de Durbuy. Plusieurs stands étaient là pour nous ravitailler en nourriture, boissons et merchandising des artistes à l’affiche. La scène avait pour toile de fond la superbe façade rocheuse du Grand Anticlinal, de l’autre côté de la rivière. Un cadre naturel à nul autre pareil en Belgique. L’ambiance est détendue, le public, parfois venu de fort loin pour la tête d’affiche du jour, a l’air d’apprécier la beauté du lieu et la gastronomie festivalière locale.


Pour ouvrir le programme, le choix des organisateurs s’est porté sur le groupe belge RMS , originaire du petit village de Flohimont (près de Libramont). Ce sympathique trio est composé de Sébastien Graux (Vocals and Guitar), Thibault Pirson (Drums) et Florian Deschamps (Bass). Malgré leur très jeune âge (à eux trois, ils dépassent à peine le cap de la cinquantaine), les Ardennais ont su se faire remarquer par la RTBF (leur titre « Hey You » passe régulièrement sur Classic21). Ils ont aussi assuré la première partie d’Elliott Murphy et eu l’occasion de se produire sur scène à l’étranger. Un tel condensé de talent ne pouvait rester inexploité. Le groupe a aussi enregistré son premier CD intitulé « Right Now » dont ils ont interprété plusieurs morceaux à Durbuy.


Sur scène, les trois comparses font preuve d’une évidente complicité. Excellents techniciens, ils livrent une prestation sans faille, dans le plus pur esprit rock, détendus et un brin espiègles. Rien ne semble pouvoir les désarçonner tant ils sont à l’aise sur scène. Sébastien a un charisme indéniable et sait parfaitement comment manier son public. De l’énergie, le trio en a à revendre et enchaîne avec bonheur les titres de son répertoire avec, dans l’ordre : « Right Now », « Take Control », « Turn Me On », « Cactus », « Back On The Road », une reprise musclée de « I Kissed A Girl » de Katy Perry, « Giant », « Different Way » et l’excellent « Hey You ». Voilà une première partie comme on en voudrait plus souvent ! Tout porte à croire en tout cas que RMS se frayera bien vite un chemin vers la tête d’affiche…

Alors que le soleil commence à être voilé par d’importuns nuages, on embraye avec le cultissime groupe Machiavel. Actuellement en studio pour préparer son prochain opus, la bande à Marc Ysaye a accepté de venir donner un coup de pouce à ce nouvel événement musical en donnant un de ses rares (5) concerts pour cette année. Sur scène, Mario Guccio (chant), Christophe Pons (guitare), Hervé Borbé (claviers), Roland De Greef (basse) et Marc Ysaye (batterie) forment manifestement une équipe soudée, une mécanique bien rôdée.


Ce qui me frappe d’entrée de jeu, c’est la ressemblance de plus en plus marquée de Mario avec Phil Collins. J’ai vraiment dû écarquiller les yeux pour faire la différence ! Côté voix, Mario était en superforme. Il a assuré, se permettant même l’une ou l’autre petite prouesse vocale. Les autres musiciens font leur part du boulot avec sobriété et précision. Pas vraiment des showmen à l’américaine, mais un jeu précis sans les exagérations théâtrales propres à certains groupes rock. Toute l’attention se focalise sur la musique et la voix de Mario. Je tiens quand même à décerner une mention spéciale à Roland De Greef qui m’a scotché (et pas uniquement à cause de sa basse-mitraillette).

Pendant le concert, je me surprends à penser que le groupe me semble plus efficace sur les morceaux plus saignants… Faut-il y voir un signe annonciateur d’un album plus dur ? Seul l’avenir nous le dira. Côté setlist, le groupe a proposé bien sûr des extraits de l’album « 11 » (« Feel The Sun », « Sail Away » et « Save the World ») et quelques grands classiques (« Over the Hill », « Rope Dancer », « Fly »), mais aussi un inédit (« Future ») qui figurera sur le prochain album et des extraits de plusieurs albums du groupe (« She’s A Snake »,…). Un seul tube manquait au programme : « Chronic Love ».

Globalement une prestation très à la hauteur de la réputation du groupe. Petit bémol éventuel : celles et ceux qui connaissent moins bien le groupe déploreront sans doute quelques longueurs, mais pour ma part, Machiavel a encore une fois confirmé son statut de monument de la musique rock en Belgique.

Pendant que les techniciens s’affairent à évacuer le matériel de Machiavel et à installer le matériel pour la tête d’affiche de la soirée, je fais le tour du site, à présent « blindé » de monde. On doit avoisiner facilement les 1500 personnes. Il commence à faire sombre. On fait la file devant les stands à hamburgers. Le bar est pris d’assaut par les festivaliers assoiffés. Ambiance festive.

Arrive enfin le moment tant attendu avec l’entrée en scène de Roger Hodgson. Malgré ses 63 printemps, l’ancien leader de Supertramp n’a rien perdu de son immense talent, de sa gentillesse, de son charisme et de sa simplicité. Dès son entrée en scène, l’homme n’aura de cesse de s’exprimer en français pour venir à la rencontre d’un public conquis d’avance. Rarement j’ai eu droit à une setlist contenant autant de tubes (il faut dire que l’artiste a quand même vendu plus de 60 millions d’albums).


Sur scène, Roger Hodgson a su s’entourer de musiciens (canadiens et californiens) talentueux : Aaron Macdonald (Saxophones, Harmonica, Keyboards, Backing vocals), Bryan Head (Drums), Kevin Adamson (Keyboards, Backing vocals) et David J Carpenter (Bass, Backing vocals).

Peu de gens s’en rappellent mais Roger Hodgson fut victime en 1987 d’une mauvaise chute et se cassa les deux poignets. Le verdict des médecins était terrible : il ne pourrait plus jamais jouer d’un instrument de musique. C’était mal connaître l’homme car un an et demi plus tard, à force de volonté et de soins, il rejouait. Et en 2000 sortait l’album « Open The Door ».

Cette épreuve a donné à l’artiste une densité humaine particulière. On sent chez lui l’importance de savourer chaque moment de la vie. Et cet humaniste n’hésite d’ailleurs pas à appliquer ce précepte. En début de concert, Roger Hodgson invite donc son public à oublier tous ses problèmes pendant 2 heures et à « célébrer la vie ». En chansons, avec des titres qui ont marqué sa magnifique carrière.

Il commence fort avec un de ses plus grands tubes : « School ». Passant allègrement du synthé au piano et du piano à la guitare 12 cordes, l’artiste enchaîne les succès de l’époque Supertramp et de sa carrière solo : « Breakfast In America », « Logical Song », « Lovers in the Wind », « In Jeopardy », « Dreamer », « Give A Little Bit », « Take The Long Way Home »,… Il interprète aussi des morceaux moins connus du grand public comme « Lord Is It Mine » (de l’album « Breakfast in America ») ou encore « Lady » (de l’album « Crisis? What Crisis? »)

Tant de mélodies intemporelles, de textes bien écrits (qui n’a pas écouté « Logical Song » au cours d’anglais à l’école ?). Le public est entraîné dans ce merveilleux voyage musical. Autour de moi, je ne vois que des mines rayonnantes, des gens en train de danser, des spectateurs heureux de vivre ce voyage dans le temps sur des rythmes décidément inusables.

Entre deux morceaux, Roger Hodgson prendra le temps, avec l’humilité qu’on lui connaît, de saluer la beauté de l’endroit et de remercier les organisateurs pour l’avoir « traité comme un roi ». De s’étonner aussi que sa musique soit tellement appréciée malgré la barrière de la langue. Autant de petits moments de chaleur humaine et de connivence entre l’artiste et son public.

Mais ce qui restera dans toutes les mémoires, ce sont ces classiques réinterprétés avec la même envie qu’au premier jour et qui nous sont restés dans la tête pendant de longues heures encore après la fin du concert…

Si vous avez loupé ce concert, sachez que les organisateurs offrent une séance de rattrapage à Tournai, le dimanche 28 juillet 2013, avec RMS en ouverture et Abbey Road en première partie (infos :
Tempo! Tournai
).

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Photos © 2013 Hugues Timmermans

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