Voyage aux antipodes : l’interview d’EYEFEAR
L’immense continent australien recèle de nombreux trésors cachés. Le quintette Métal Progressif Eyefear est assurément l’un d’entre eux. Impressionnés par la qualité de « The Inception Of Darkness », nous n’avons pas résisté à la tentation de contacter le vocaliste Danny Cecati afin d’évoquer avec lui quelques sujets divers et variés tels que la canicule, l’entretien des cheveux, les téléchargements, le travail et surtout, Eyefear et sa musique ! Music in Belgium : Avant de parler du groupe, voici une question un peu plus générale ? Les nouvelles que nous recevons d’Australie sont plutôt alarmantes (NDR : interview réalisée le 14 janvier 2013). Où en est la situation ? Avez-vous (toi, ta famille ou tes amis) souffert cette terrible vague de chaleur ?
Danny Cecati : Eh bien, il a fait très chaud, mais nous y sommes habitués. Le pire dans tout cela, ce sont les feux de brousse. Malheureusement, il semble que nous ayons beaucoup de pyromanes et ceux-ci prennent leur pied à allumer des feux. Comme il fait très sec, un tout petit feu peut rapidement prendre des proportions phénoménales et devenir très difficile à contrôler. Le gouvernement a prévu des peines très sévères et les autorités attrapent souvent les pyromanes. J’ai beaucoup de chance, car je vis dans un endroit où il y a de nombreuses constructions, mais il peut être très dangereux de vivre près des forêts ou dans le Bush.
MiB : Bien qu’il soit actif depuis 1994, Eyefear n’est pas encore très connu de ce côté de la planète. Pourrais-tu nous faire un bref résumé de son histoire ?
Danny Cecati : Eyefear a été formé en 1994 par Con Papazoglou, Zain Kimmie, Rob Gorham, et Ken Taylor qui ont été rejoint quelques mois plus tard par Jason Smart. Le groupe a enregistré son premier album « Edge Of Existance » en 1996. L’album a reçu de bonnes chroniques de l’étranger, mais malheureusement quelques membres ont dû s’éclipser pour raisons personnelles. Le guitariste Anthony Porchia a intégré la formation en 1997. Malgré de nombreuses auditions, ce n’est qu’en 1998 qu’Eyefear a trouvé un vocaliste en la personne de Jim Georgopoulos. Le claviériste Shiran Manan a complété le line-up. Malheureusement, en août 1999, Anthony et Shiran ont dû quitter le groupe. J’ai rejoint Eyefear en septembre. (Avant cela je chantais dans Pegazus). Le claviériste Garett Ryan nous a rejoints, mais il n’est resté que quelques mois. Nous avons enregistré l’album « Nine Elements Of Inner Vision » avec un nouveau claviériste appelé Sammy Giaccotto. Cet album a été publié en 2004. Il a été suivi par « World Full Of Grey ». Notre bassiste (Rob Gorham) s’en est aussi allé et Con a dû jouer ses parties sur l’album suivant « The Unseen ». Ces deux albums ont reçu de très bonnes chroniques en Europe. C’est Andy La Roque (King Diamond) qui a mixé « World Full Of Grey ». Il a aussi joué sur deux des titres. Quant à « The Unseen », il a été mixé par Tommy Hansen. Sammy a dû, lui aussi, nous quitter après ces deux albums et nous en étions vraiment désolés, mais nous avons eu la chance de pouvoir recruter un claviériste très brillant en la personne the Seb Schneider ainsi qu’un talentueux bassiste appelé Evan Harris. C’est avec ce line-up que nous avons enregistré «
The Inception Of Darkness« qui a été, lui aussi, mixé par Tommy Hansen.
MiB : Comment décrirais-tu le style musical d’Eyefear à quelqu’un qui ne vous a jamais écouté ?
Danny Cecati : Notre style pourrait être décrit comme du Power/Prog Métal mélodique contenant de nombreuses influences. Dans le groupe, chacun amène une partie de ses goûts personnels et donc c’est assez difficile à définir. Il y a un peu de death métal, un peu de power métal et un peu de métal progressif et le tout est enroulé dans un style unique.
MiB : Votre line-up a beaucoup évolué depuis 1994. Pensez-vous avoir enfin trouvé une certaine stabilité ?
Danny Cecati : Oui, nous sentons désormais que nous allons tous dans la même direction. Notre line-up est complet et nous sommes une famille très soudée.
MiB : Beaucoup de choses m’ont surpris lorsque j’ai chroniqué votre album ? L’une d’entre elles est l’incroyable longueur de ta chevelure. Cela doit te prendre des heures pour l’entretenir. Comment te débrouilles-tu avec cela lorsque tu es en tournée ?
Danny Cecati : Mes cheveux ne sont pas une source d’inquiétude et ne me causent aucun souci. J’y suis habitué. Mais je dois toujours trouver quelqu’un qui accepte de m’aider après les concerts. Cela attire un peu l’attention, mais, après tout, ceci est une bonne chose pour le groupe.
MiB : Plus sérieusement, la chose qui m’a le plus agréablement surpris, c’est ta voix que, dans ma chronique, je compare à Jorn Lande et Tom Englund d’Evergrey. Comme celle de ces derniers, votre musique explore le côté sombre du métal progressif. Evergrey est-il l’une de vos influences ou est-ce un pur hasard si ta voix et ce style musical particulier vous font parfois sonner comme eux ? Quelles sont tes autres influences ?
Danny Cecati : Bien que tu aies l’impression que je sonne comme Jorn ou Tom, je me sens plus influencé par Eric Adams (Manowar), Jon Oliva (Savatage), Midnight (Crimson Glory) et mon chanteur de favori King Diamond. Ils sont tous tellement théâtraux dans leur manière d’aborder les vocaux. Mais bien sûr, j’adore Jorn, et Bruce Dickinson et tant d’autres…
MiB : La grande originalité d’Eyefear, à mon humble avis, vient d’une utilisation relativement atypique des claviers. Ce mélange de piano et d’atmosphères sombre est plutôt unique dans le milieu du métal progressif. Pourrais-tu nous parler un peu de votre claviériste Seb Schneider ?
Danny Cecati : L’imagination de Seb n’a pas de limites. C’est pourquoi il est un claviériste si unique. Il a énormément d’influences. Il a eu une éducation classique et il peut créer des atmosphères sombres et les tourner en de brillantes pièces classiques. Il aime se remettre en question. Désormais, il aura trois claviers sur scène.
MiB : Selon toi, quel a été le point culminant de la carrière d’Eyefear ?
Danny Cecati : « The Inception Of Darkness « a été le point culminant pour Eyefear. Il est le fruit du travail du line-up actuel. Con a joué un rôle majeur dans la pré-production de ce disque et il a fait un boulot fantastique. J’ai pu écrire et enregistrer mes vocaux à mon aise dans mon propre home studio. En fait, nous avons tous enregistré nos parties dans nos propres home studios, ce qui était une expérience agréable et bien différente de la pression du ‘temps et de l’argent’ que l’on subit lorsque l’on enregistre dans un studio comme nous l’avons fait pour nos albums précédents. Con et Seb ont travaillé de concert pour créer les fondations de la musique. Ceci a grandement simplifié les choses pour Zain, Evan et moi-même et nous a permis de sortir un album dont nous sommes tous entièrement satisfaits. Bien sûr, travailler avec Andy La Roque, Tommy Hansen ainsi qu’avec Klaus et Lars d’Intrometal ont aussi été des faits marquants de notre carrière. Un autre moment fort a été d’interpréter « The Book Of Heavy Metal » sur scène, avec Snowy Shaw (Dream Evil, Notre Dame, King Diamond, Mercyful Fate) et Black Majesty lors de la tournée que nous avons effectuée avec Nightwish, Sabaton et Black Majesty.
MiB : Tout le monde ici connaît la scène rock et hard rock australienne. Par contre, les scènes power métal et métal progressif de votre pays nous sont relativement inconnues. Pourrais-tu éclairer notre lanterne ?
Danny Cecati : Nous avons énormément de groupes géniaux qui bénéficient du soutien de nombreux fans australiens. Mais la distance nuit beaucoup à leur reconnaissance internationale. Tourner est très important pour un groupe, malheureusement, très peu de groupes australiens ont la chance de pouvoir le faire en Europe ou ailleurs.
MiB : Qu’en est-il des ventes d’albums ? Je suppose que « The Inception Of Darkness », votre nouvel album, est déjà disponible depuis quelques mois en Australie. Se vend-il bien ? Et, tant que l’on y est, quel est ton avis sur les téléchargements illégaux ?
Danny Cecati : L’album reçoit de très bonnes chroniques venant d’un peu partout et cela fait chaud au cœur qu’il soit aussi bien accueilli. De tous nos albums, c’est celui que je préfère et les chroniques que j’ai lues sont excellentes.
C’est sûr que le téléchargement illégal à un impact mais cela ne nous arrêtera pas. C’est là que l’on voit qu’il est important de tourner. Après t’avoir vu sur scène, les fans préféreront acheter l’album original plutôt que le télécharger illégalement. Internet est à la fois une bonne et une mauvaise chose et à cet égard, il peut travailler pour ou contre toi.
MiB : Un groupe tel que le vôtre peut-il encore vivre de sa musique ?
Danny Cecati : Nous sommes tous obligés de travailler pour soutenir nos familles et notre musique. Bien sûr, nous préférerions tous pouvoir nous consacrer uniquement à la musique, mais ce n’est pas possible.
MiB : Penses-tu que votre signature sur un label européen va vous ouvrir des portes et que nous aurons l’occasion de vous voir bientôt en Europe ?
Danny Cecati : Oui, tout à fait ! Nous adorerions pouvoir tourner en Europe et j’espère que cela sera pour bientôt.
MiB : Un dernier mot pour tes fans européens ?
Danny Cecati : À tous nos fans en Europe : merci pour votre soutien. Nous espérons vous voir très bientôt !