Les MACCABEES confirment leur statut à l’AB
2012 pourrait bien être l’année des Maccabees. « Given To The Wild », leur troisième album sorti début janvier, se bonifie au fil des mois et devrait occuper une place de choix dans les référendums de fin d’année alors que leurs prestations live ont désormais acquis une stature digne de ce nom. Après le Bota et Werchter, c’est l’Ancienne Belgique que les Londoniens sont venus conquérir ce mercredi 7 novembre. Le bémol, c’est que le concert prévu à l’origine dans la grande salle s’est finalement déroulé dans une configuration Box loin de déborder. En revanche, ils avaient réservé une petite surprise en n’annonçant pas le nom de la première partie. Ainsi, tant le site Internet de la salle que les écrans dans les bars mentionnaient sobrement « secret support ». Le défi étant bien entendu de reconnaître l’artiste ou le groupe en question afin de boucler une chronique en bonne et due forme.
C’est un bonhomme à la tignasse abondante et au visage carré qui est monté sur scène à vingt heures tapantes, une guitare à la main. Si sa physionomie laissait planer quelques doutes quant à son identité, sa voix allait les effacer d’un revers de la main. Le type devant nous était Jack Peñate, un ami proche du groupe, qui venait tester quelques nouvelles compositions seul face au public.
Loin d’être un inconnu (on l’avait notamment chroniqué à l’AB Club en 2009), il avait quelque peu disparu de la circulation après avoir tourné son excellent deuxième album (« Everything Is New »). Aujourd’hui, son set sera relativement bref (à peine six titres) et hasardeux. Outre une cover assez réussie de Sam Cooke (« A Change Is Gonna Come »), ses nouveaux titres paraissent encore loin d’être aboutis et la boîte à rythme basique qui vient en complément de son jeu de guitare (par moments endiablé) ne les met clairement pas en valeur. À sa décharge, il est vrai que rien ne remplace la chaleur et la cohésion d’un vrai groupe. On le remarquera encore sur « Tonight’s Today » au final plus que brouillon. Ceci dit, la bonne nouvelle, c’est que Jack Peñate n’est pas mort…
Les Maccabees, quant à eux, ont mûri avec le temps au point de devenir un groupe avec lequel il faut désormais compter. « Given To The Wild », leur excellent troisième opus, n’est sans doute pas étranger à cet état de fait cent fois mérité. Gage de qualité, il a d’ailleurs été nominé dans la liste finale des prétendants au Mercury Music Prize (remporté finalement par Alt-J).
Entamé dans la pénombre au son de la douce plage titulaire du disque en question, leur set allait d’emblée prendre une direction captivante avec « Child », un titre construit pour atteindre son apogée au terme d’une progression enivrante qui montre combien la cohésion entre les cinq membres du groupe et leur musicien de tournée est devenue inébranlable au fil des tournées (« Feel To Follow » suivi de « Went Away » un peu plus tard nous donneront le même effet au centuple…). Si l’on y ajoute des impeccables jeux de lumière aux ambiances savamment orchestrées, on se rend compte qu’ils ont minutieusement travaillé leur image scénique.
Mieux encore, la voix caractéristique et désormais affirmée du leader Orlando Weeks a gagné en intensité et parvient à faire passer au second plan son relatif manque de charisme. À ses côtés, les deux frères guitaristes Hugo et Felix White jouent d’une manière aussi décontractée que décomplexée avec une attitude de rock star tombeur de minettes à coups de clins d’œil.
Ceci dit, alors qu’ils auraient pu se la jouer tranquille et balancer leurs tubes à la pelle, ils ont préféré prendre un certain risque. Ainsi, des moments moins évidents car plus complexes (« Go », « Heave ») ou plus anciens (« First Love » et « Precious Time », les seuls extraits de leur premier album de 2007, réarrangés pour l’occasion) vont alterner avec des moments de pure folie dans les travées de l’AB. Prenez pour preuve l’excellent « William Powers », les guitares tranchantes du toujours aussi intense « No Kind Words » ou encore l’hystérie déclenchée par leur hymne « Can You Give It ».
Contre toute attente, au terme de « Pelican » (dont la structure coule désormais plus aisément à l’oreille, avec une guitare omniprésente et limpide), les musiciens vont quitter la scène après moins d’une heure de prestation. Même s’ils reviendront quelques instants plus tard, on avait déjà la curieuse impression que l’on allait rester quelque peu sur notre faim. Un très seventies « Glimmer », un dernier hit via « Love You Better » et un surprenant (en final en tout cas) « Grew Up At Midnight » plus tard, nos craintes se sont vues confirmées. Avec trois albums à leur compteur et dans la forme qu’ils détiennent actuellement, ils avaient les capacités de balancer l’une ou l’autre composition supplémentaire (« X-Ray » et « Unknow » en tête). Ceci mis à part, les Maccabees ont atteint un palier qu’ils auront peut-être du mal à dépasser. Mais dans l’immédiat, il s’agit clairement d’un des groupes qui aura marqué l’année 2012.
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Photos © 2012 Olivier Bourgi