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Le rappel des VACCINES à l’AB


Si un groupe actuel caractérise particulièrement bien l’hyperactivité rock ‘n’ roll dans toute sa splendeur, ce sont bien les Vaccines. En à peine deux ans et autant d’albums, ils sont parvenus à se rendre indispensables dans le paysage musical indépendant. Ce vendredi 19 octobre, ils étaient à l’Ancienne Belgique pour un nouveau triomphe annoncé dix mois jour pour jour après leur dernière visite dans cette même salle. Ils avaient confié la première partie de leur show à un groupe plein d’avenir, Zulu Winter. Ces londoniens ont sorti « Language », un premier album d’excellente facture au printemps dernier. On avait eu l’occasion de les voir au Pukkelpop mais, pour des raisons obscures, ils sont montés sur la scène du Club alors que le temps qui leur était imparti était déjà presqu’écoulé. Ce soir, pas de souci, ils sont bien à l’heure et les conditions sont réunies pour enfin pouvoir les juger de façon rationnelle.

Si cela ne se remarque pas trop sur disque, les influences du groupe sont largement puisées dans la pop synthétique des années 80. On pense notamment aux synthés vintage qui renvoient à Duran Duran ou à Talk Talk (« Silver Tongue »), alors que la manière de bouger (de danser ?) du leader Will Daunt est tout sauf actuelle. Ceci dit, les guitares sont bel et bien présentes, ce qui les dégage de toute allusion nostalgique (« We Should Be Swimming » au final explosif, « Small Pieces »). Ils ont même réussi à insérer une toute nouvelle composition qui lorgne du côté de Hall & Oates en moins disco moustachu. On attend désormais une date (au Bota par exemple) lors de laquelle ils pourront se lâcher complètement.

Avec les Vaccines, tout va toujours très vite. Formés en juin 2010, ils viennent déjà de sortir un deuxième album enregistré aux célèbres studios ICP de Bruxelles (« Come Of Age ») qui a atteint la première place des charts anglais début septembre (presqu’un miracle pour un groupe catalogué indie rock). Ceci dit, ils ne doivent ce succès à personne car lorsqu’ils ne sont pas en studio, ils sont sur la route entre salles de concerts et festivals (ils ont notamment déjà joué deux fois à Rock Werchter).

On est toujours impressionné par leur énergie débordante et ce soir, ils ne vont pas faire dans la dentelle en débutant avec « No Hope », l’excellente plage d’intro de leur nouvel album, suivi de « Wreckin’ Bar (Ra Ra Ra) ». En cinq minutes, le public était chaud boulet et ils vont parvenir à maintenir cet effet durant toute la durée de leur prestation. Il faut dire que Justin Young n’a pas son pareil pour mettre le public à ses genoux en n’utilisant aucun artifice. Il est lui-même, plein d’entrain et parfois même flippant lorsque les lumières dirigées vers son visage depuis le sol de la scène lui donnent un regard machiavélique, accentué par des grimaces dont lui seul a le secret.

En plus, ce qui ne gâche rien, c’est qu’il a désormais appris à chanter juste et le récent « I Always Knew », par exemple, montrera combien les efforts consentis ont porté leurs fruits. À ses côtés, on insistera sur la grande qualité du guitariste Freddie Cowan (qui a été à bonne école puisque son frère fait partie de The Horrors) et du batteur Pete Robertson dont le jeu se concentre sur une rythmique infernale à la caisse claire. Seul le bassiste Arni Arnason a l’air de suivre le mouvement plutôt que d’y participer pleinement.

Outre le fait de rendre hommage aux Ramones ou à The Clash, le but de la soirée était bien entendu de faire connaissance avec leurs nouveaux titres sur scène. Ainsi, « Teenage Icon » (qui mentionne curieusement Frankie Avalon) fait déjà office de classique et indique clairement la filiation implicite qu’ils entretiennent avec les Strokes (ils vont également interpréter le single isolé « Tiger Blood », produit par Albert Hammond Jr). « Ghost Town » permet au guitariste de montrer toute l’étendue de son talent alors que le mélodieux « Change Of Heart » prend une dimension supplémentaire sur scène. Le tout en montrant leur subtile évolution vers des compositions (un peu) moins brutes que par le passé.

Bien entendu, les hits du premier album vont faire sensation, à commencer par le toujours aussi impeccable « Post Break-Up Sex » (joué toutefois d’une façon accélérée pas toujours opportune) suivi d’« All In White » introduit par une basse groovante à souhait. Un peu plus tard, c’est dans une folie indescriptible qu’« If You Wanna » a clôturé les débats, au terme d’une petite cinquantaine de minutes de prestation.

À notre humble avis, ils auraient mieux fait d’arrêter à ce moment-là, quitte à ce qu’on leur reproche de n’avoir pas joué de rappels, tant l’intensité avait été présente de bout en bout. Car les trois titres bonus vont faire office de réchauffé, à l’exception de « Norgaard » en guise d’au revoir (comme en décembre dernier). Juste avant, « Aftershave Ocean » manque clairement d’originalité (on dirait une version pub rock d’« Amoureux Solitaires ») alors que « Bad Mood » fait trop The Rakes que pour être crédible. Ceci étant, mis à part ce léger bémol, les Vaccines ont une nouvelle fois été à la hauteur de leur hype. Puissent-ils tenir ce rythme longtemps encore.

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