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DOUR FESTIVAL 2012 (jour 3) : de la gadoue pour BON IVER, NADA SURF et SPECTOR


Au terme d’une nouvelle nuit placée sous le signe de la pluie, c’est sans grande surprise que l’on a retrouvé un site littéralement embourbé lors de notre arrivée pour la troisième journée du Dour Festival ce samedi 14 juillet. Et comme les prévisions s’annonçaient pessimistes pour la suite du week-end, on n’a sans doute jamais été aussi heureux de constater que notre programme ne prévoyait quasi aucune escale sur la Last Arena, la seule scène en plein air du site. Il y avait déjà beaucoup de monde sous la Petite Maison Dans La Prairie lorsque les excellents BRNS ont débuté leur set sur le coup de 13h20. Mais cela est davantage lié à une réputation grandissante qu’à un quelconque caprice de la météo. Cet horaire ne correspond d’ailleurs clairement pas à leur potentiel. Mais Timothée Philippe et ses compères n’en ont cure, ils vont offrir, comme ils en ont l’habitude, un set généreux au public, exactement comme s’ils jouaient en tête d’affiche.

C’est toujours un plaisir de voir à l’œuvre ce quatuor qui ne cherche pas la facilité en proposant des compositions aux structures surprenantes mais qui, lorsqu’elles sont assimilées, deviennent un véritable plaisir pour les oreilles. Tour à tour tendres, hypnotiques, prenantes voire même imprévisibles mais de plus en plus personnelles, elles confirment que le groupe gagne en maturité concert après concert. De plus, cette bande de potes s’amuse sur scène et cette entente bon enfant rejaillit sur leurs prestations. Ajoutez à cela qu’ils sont même en train d’obtenir un hit single avec « Mexico » (alors qu’il ne s’agit même pas de leur meilleur titre) et vous conviendrez que l’an prochain, ils se retrouveront bien plus haut sur l’affiche…


Poliça, le groupe amené à leur succéder au même endroit, opère dans un registre radicalement différent. Beaucoup plus soft et langoureux, ce quatuor de Minneapolis emmené par la frêle Channy Leaneagh va offrir la bande-son idéale à ce début d’après-midi mélancolique au moment où la pluie recommençait à tomber abondamment. Sa douce et très jolie voix accompagne à merveille les atmosphères proches de celles de Stereolab ou de The xx mais elle va toutefois, au fil des minutes, perdre de sa superbe et nous permettre de nous concentrer sur son band. C’est à ce moment que l’on a remarqué la présence de deux batteries sur scène. Étrange pour ce style musical relativement soft, même si la fin du set sera sensiblement plus musclée. Pour les curieux, un album est sorti au printemps, « Give You The Ghost ».

Les Anglais de Spector en sont déjà à leur troisième passage en Belgique depuis la fin mars. Ils ont en effet assuré la première partie de Florence + The Machine à l’AB et de Blood Red Shoes lors des Nuits Botanique. Pareil à lui-même, le leader Fred Macpherson arbore toujours ce look mi-geek (les lunettes double foyer, la raie de côté et le peigne en poche) mi-mauvais goût (le costume bleu électrique) tout en cultivant un dialogue teinté d’humour british avec le public.

Dignes successeurs de Pulp, ces Londoniens n’ont pas leur pareil pour pondre des titres accrocheurs et les interpréter avec une nonchalance caractéristique qui leur convient à merveille. « Chevy Thunder », « Grey Shirt And Tie » ou « Celestine », autant de futurs hymnes qui figureront sur leur très attendu premier album à paraître le mois prochain. Ceci dit, on les a sentis un peu moins percutants que d’habitude. La faute à un agenda trop chargé dans leur chef ou alors parce que le ClubCircuit Marquee était loin d’afficher complet ? Toujours est-il qu’ils vont terminer avec l’excellent « Never Fade Away »… près de quinze minutes avant l’horaire prévu. Ils nous avaient habitués à plus de générosité.


Le groupe suivant à se produire sous le même chapiteau était Stuck In The Sound, les Français qui s’étaient déjà illustrés ici même en 2009. Depuis, ils ont continué à cultiver leur rock indépendant et ont enregistré un troisième album, « Pursuit ». Sur scène, leur son se révèle bien plus brut qu’en studio, ce qui s’explique aussi par un réglage puissant mais un peu trop sourd peut-être, alimenté par des guitares agressives. Il n’empêche que ces jeunes gens ne restent pas en place et vivent leur expérience à fond. Prenez le chanteur, par exemple, veste et capuche de training enfoncée, qui saute d’un côté à l’autre de la scène. Seul bémol, cela manque peut-être d’un chouia d’originalité. Eux aussi termineront un quart d’heure à l’avance (décidément) mais reviendront pour deux titres supplémentaires en guise de rappel. Pas courant à ce moment de la journée…

C’est alors que le soleil a fait son apparition, juste au moment de notre premier passage de la journée vers la Last Arena pour la prestation de Nada Surf. Eux aussi sont en pleine tournée afin de défendre leur nouvel album (le septième), « The Stars Are Indifferent To Astronomy ». Au vu de leur prestation, on aurait presque envie d’adapter le titre en question en affirmant que les spectateurs présents ont eu tendance à rester indifférents à la poignée de nouvelles compositions qui a émaillé leur set. Toujours aussi sympathique (gentils ?), le trio new-yorkais au français impeccable est accompagné pour cette tournée par Martin Wenk (Calexico) et Doug Gillard (ex-Guided By Voices).

Au fur et à mesure du temps, on se rend compte que ces gaillards ont leur avenir derrière eux. En effet, leur dernier album consistant (« Let Go ») date d’il y a dix ans déjà et, depuis, leur musique s’est adoucie au point de parfois devenir trop sucrée (« Always Love », « Whose Authority »). Heureusement qu’ils se sont rappelés à notre bon souvenir en incorporant à la set-list les excellents « 80 Windows » (un extrait du sous-estimé « The Proximity Effect »), « Happy Kid » ou autre « Hi-Speed Soul ». En revanche, on se serait bien passé du désormais trop matraqué « Popular » (on aurait dit qu’il s’agissait d’un passage obligé et donc contraignant pour le groupe) et du faussement rebelle « Blankest Year » (un titre trop gnangnan que pour pouvoir faire répéter « Fuck it » au public). Bref, en d’autres mots, Nada Surf a donné, une fois de plus, un concert sans surprise…


On a un peu de mal à comprendre l’engouement pour Bon Iver, pourtant considéré comme une solide tête d’affiche ce samedi. À l’instar de Fleet Foxes, ils représentent le renouveau du folk américain, avec un certain succès, comme le confirment les ventes de leur deuxième album éponyme récemment publié. C’est d’ailleurs avec deux extraits de cette nouvelle plaque, « Perth » et « Minnesota, WI », qu’ils ont débuté leur set devant un parterre imposant de spectateurs, majoritairement composé de néerlandophones (dont le nombre important à Dour cette année confirme l’éclectisme du festival). Le souci, avec le groupe de Justin Vernon, c’est qu’il ne se passe pas grand-chose sur scène et, à moins d’être rivé juste devant le groupe, on se laisse bien vite assoupir par la douceur tranquille de leurs compositions. En revanche, lorsque la batterie se met en action (« Calgary », « For Emma »), cela devient un tout autre groupe et la fin du set nous a permis d’enfin rentrer dans leur univers. Tout comme le hit « Skinny Love », qui doit énormément à la réinterprétation magique de la jeune Skinny.

Direction ensuite La Petite Maison Dans La Prairie pour Kurt Vile. Drôle d’histoire que celle de ce bonhomme qui a notamment fait partie de The War On Drugs, un groupe qui jouait justement sur la même scène quelques heures auparavant. Après avoir sorti trois albums solo dans une relative indifférence, le voici propulsé sur le devant de la scène avec le suivant, « Smoke Ring For My Halo », acclamé à sa sortie l’an dernier. Lui et son groupe The Violators étaient passés par le Botanique en février et l’Orangerie se souvient encore de ce troubadour des temps modernes aux longs cheveux et au visage éminemment sympathique.


Ceci dit, sa prestation va prendre une tournure complètement différente et surtout nous paraître moins accessible qu’en salle. Un peu comme si les pourtant magnifiques « Ghost Town » ou « Smoke Ring For My Halo » avaient subitement perdu de leur saveur. Ou alors parce que ses Violators n’étaient pas constamment avec lui sur scène. La partie acoustique en seconde moitié de set était d’ailleurs relativement inappropriée, sauf peut-être lorsque son batteur l’a rejoint pour un splendide « Baby’s Arms ». Finalement, c’est dans un endroit confiné qu’il donne le meilleur de lui-même. À bon entendeur, même s’il y a de grandes chances que la prochaine fois qu’il foulera une scène belge, ce sera avec un nouvel album sous le bras.

Le temps de traverser tout le site et d’arriver à la Cannibal Stage, les petits bonhommes fluo de Punish Yourself (de grands habitués du festival, même lorsqu’ils ne jouent pas avec leur groupe principal) avaient déjà largement entamé leur set hypervitaminé de métal industriel aux relents de techno et de hardcore.

Le chapiteau débordait allègrement et on se demande pourquoi les organisateurs ne les ont pas programmés sur une scène plus grande. À moins que ce ne soit une demande spécifique du groupe. Toujours est-il que depuis le bar, le show donne déjà beaucoup moins bien. En revanche, le son, lui, dépasse toujours autant l’entendement.

La programmation rock s’arrêtait à minuit, il était donc temps de rejoindre nos pénates en tentant de ne pas tomber dans une boue qui devenait de plus en plus présente et qui empêchait une progression normale. Un petit coup d’oreille à la dance pop de The Shoes en passant devant le ClubCircuit Marquee et notre troisième journée sur la plaine de la machine à feu touchait à son terme…

Les autres photos de

Punish Yourself
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Kurt Vile & The Violators


Bon Iver
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Nada Surf
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Stuck In The Sound


Spector
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Poliça
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BRNS

Photos © 2012 Olivier Bourgi

One thought on “DOUR FESTIVAL 2012 (jour 3) : de la gadoue pour BON IVER, NADA SURF et SPECTOR

  • J’avoue avoir eu du mal à comprendre cette remarque:
    « On a un peu de mal à comprendre l’engouement pour Bon Iver »… puis est arrivée votre dernière phrase : « le hit « Skinny Love », qui doit énormément à la réinterprétation magique de la jeune Birdy »
    Et là j’ai compris… entre une reprise calibrée et formatée pour la radio et l’originale, vous préférez la première…

    Pas étonnant que Bon Iver vous ais donné « bien vite assoupir par la douceur tranquille de leurs compositions ».
    Un moment magique, voilà ce qu’était ce concert…

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