CUSTOMS à l’AB Box, des arlequins ténébreux…
Tout auréolés d’un joli succès suite à un premier album qui leur a permis de se retrouver à l’affiche des plus grands festivals belges, les louvanistes de Customs sont désormais contraints de prouver qu’« Enter The Characters » n’était pas un coup dans l’eau. Les choses sérieuses ont réellement débuté pour eux ce mardi 15 novembre à l’Ancienne Belgique où ils présentaient à grande échelle leur deuxième plaque, « Harlequins Of Love ».
Ceci dit, on avait déjà eu l’occasion de découvrir en primeur sur scène quelques nouvelles compositions lors d’une des trois étapes du Brussels Tour un vendredi soir de septembre mais il s’agissait simplement d’une première approche sans véritable support ni point de comparaison, puisqu’il accompagnait justement la sortie de l’objet.
L’avant-programme avait été confié à The Me In You, un groupe encore relativement inconnu dans l’univers musical belge (ils proviennent du Hageland, dans les environs de Louvain) mais, à la différence des deux récentes premières parties proposées au Bota (Crazy Lady Madrid avant Hard-Fi et Fastlane Candies avant The Rapture), on remarque un professionnalisme et une assurance qui démontrent à quel point le fossé entre le rock du nord et du sud du pays demeure important. Pas que leur musique soit révolutionnaire, mais on sent les cinq musiciens prêts à profiter de l’occasion pour laisser une bonne impression à un public déjà nombreux.
L’intro au piano sert de rampe de lancement à un chanteur dont la voix assurée impose le respect. Et lorsqu’il attrape une guitare pour le second morceau, on reste sous le charme. Mélancoliques à souhait, leurs compositions à la construction prenante rappellent de temps à autre Get Well Soon, mais le second chanteur emmène le groupe dans des contrées plus remuantes et parfois un peu plus pop (on pense ainsi au premier album de Lemon, par exemple). On retiendra également leur version toute soft et personnelle du « A Forest » de The Cure. Leur premier album devrait sortir incessamment, il devrait être intéressant d’y jeter une oreille.
« Harlequins Of Love », le deuxième album de Customs, est donc dans les bacs depuis le début de l’automne. Malgré la voix toujours caverneuse de Kristof Uittebroek, on a toutefois l’impression qu’ils ont voulu y apporter une touche de couleur, à l’instar de la pochette aux losanges multicolores (pour l’anecdote, la boîte dans laquelle a été prise la photo du livret était à disposition des spectateurs pour se faire tirer le portrait et se retrouver sur la page Facebook du groupe).
À 21 heures précises (on ne badine pas avec les horaires lorsque le concert est diffusé en direct via ABTV), la salle est plongée dans l’obscurité. Au terme d’une musique d’intro aussi longue qu’obscure, les quatre musiciens apparaissent, vêtus de leurs désormais célèbres costumes vintage (une mention particulière à celui du guitariste Jelle Janse, au velours vert du plus bel effet, mais le trois pièces du guitariste Joan Govaerts valait lui aussi le détour). Avec « Onwards & Upwards », qui est également la plage d’ouverture du nouvel album, ils commencent assez fort, surtout que l’impeccable single « Rex » suivra dans la foulée.
Un début de rêve, donc. Mais en théorie seulement. En effet, la balance s’avère approximative et au lieu de nous emmener dans les ténèbres de leur son, ils embrouillent nos tympans, d’habitude habitués à un son plus limpide à l’Ancienne Belgique. De plus, on les sent tétanisés, soit par l’importance de cette première grosse date sold out, soit par les caméras qui filment tous leurs faits et gestes. Toujours est-il qu’ils restent de marbre et ne laissent transparaître aucune émotion. Un peu comme si un rideau invisible séparait le groupe de son public. Encore que, leurs compositions glaciales inspirées de Joy Division (les atmosphères) et d’Interpol (la voix) n’encouragent pas la franche rigolade non plus.
D’un point de vue set-list, il convient de mettre en exergue deux parallèles ce soir. D’abord, les bombes du premier album que sont « We Are Ghosts », « The Matador » et « Violence » (avec une excellente basse) par exemple prennent une place encore trop prépondérante dans leur sélection alors que les nouveaux « Only After Dark », « Toupee » (avec des guitares très Cure) et « Velvet Love » (pourtant dans une excellente version) mériteraient une attention plus soutenue de la part d’un public qui ne maîtrise vraisemblablement pas encore « Harlequins Of Love ». Le second point concerne des compositions plus faibles (« Where The Moon Spends His Days », « Samstag, Im Lido ») qui vont faire retomber l’attention des spectateurs (d’une manière générale, ceux-ci vont rester étrangement calmes et réservés tout au long de la prestation).
C’est avec « Harlequins » (à la basse étrangement similaire à celle du « This Charming Man » de The Smiths) qu’ils vont clôturer le set principal avant de rapidement revenir pour une poignée de titres supplémentaires. Parmi ceux-ci, « Minuet For A Gentleman » ne correspond peut-être pas (encore) à la philosophie d’un rappel (« Talk More Nonsense », par exemple, aurait tout déchiré). Parallèlement, « Justine » va enfin faire bouger la foule et installer une ambiance digne de ce nom alors que « The House Will Win » dispose sur scène d’un réel potentiel. Etant donné la série impressionnante de concerts prévus à leur agenda, il apparaît presque certain que la prochaine fois qu’ils croiseront notre route, ils seront au point…