The KOOKS sans complexe à Forest
Après la Rotonde du Botanique en avril 2006 et la grande salle de l’Ancienne Belgique deux ans plus tard, les Kooks ont franchi un palier supplémentaire ce dimanche 16 octobre en présentant « Junk Of The Heart », leur troisième album, à Forest National, ni plus ni moins.
Bon, d’accord, il s’agissait de la version Club de la salle qui était loin d’être pleine à craquer mais, honnêtement parlant, lorsque l’on a appris l’endroit du concert, on a tout de suite imaginé un plan foireux comme celui que Vampire Weekend avait connu en 2010 lorsque leur concert dans cette même salle avait été relocalisé à l’AB…
Quoi qu’il en soit, c’est un public extrêmement jeune et principalement néerlandophone qui se pressait devant la scène. Un public qui était au poste également pour découvrir la première prestation belge de Morning Parade, un groupe qui cartonne actuellement sur la bande FM avec un single imparable, « Under The Stars ». Ceci dit, le début de leur set sera tout simplement catastrophique. En effet, un son pourri va commencer par complètement gâcher le plaisir des spectateurs. Si l’on y ajoute des larsens incessants et le micro du chanteur qui n’était pas branché, on vous laisse imaginer le désarroi qui devait habiter les musiciens, surtout que les seuls instruments audibles se limitaient à la basse et la batterie…
Les natifs de Harlow (est de l’Angleterre, dans l’Essex) vont toutefois bravement affronter ces coups du sort répétés en se concentrant sur leurs compositions qui font malgré tout penser à un Coldplay (le piano) ou un Travis (les mélodies) de la génération Twilight, en un peu plus énervé toutefois. Encore que, c’est finalement à un Editors (la partie électro) de la dernière période en date que l’on pense le plus. Ils ont de bonnes idées, certes (« Carousel », par exemple, est une tuerie), mais ils doivent encore se forger une personnalité. Gageons que celle-ci se développera avec le temps et leurs séjours sur les planches.
Malgré une absence de trois ans et une relative aversion de la presse spécialisée anglaise, les Kooks répondent toujours bel et bien présents en 2011. « Junk Of The Heart », leur troisième album, tient même assez bien la route. C’est d’ailleurs avec un extrait de celui-ci, « Is It Me », qu’ils vont lancer la machine ce soir. Entre-temps, le rideau qui masquait l’arrière de la scène pendant le set de Morning Parade sera évacué et laissera apparaître de longues bandes verticales noires et blanches. Cette présentation sobre va radicalement trancher avec des jeux de lumière élaborés qui apporteront une réelle plus-value à la prestation du groupe. Tout comme le son impeccable à mille lieues de la soupe qui avait été proposée jusque là. À croire que l’ingénieur du son s’était subitement réveillé…
En revanche, on se demande toujours ce que la table basse (genre de catwalk) installée sur le devant de la scène venait faire là-bas, si ce n’est permettre à Luke Pritchard de venir frimer avec sa guitare (c’est le seul à travailler en wireless) et d’adopter des poses ridicules à en devenir énervantes et systématiquement provoquer des cris hystériques de la part d’adolescentes pré-pubères. Autre caractéristique peu commune : le batteur porte un chapeau qui restera vissé sur sa tête pendant toute la durée du concert.
Avec « Always When I Need To Be » et « Sofa Song », ils vont continuer à prendre le public à la gorge. Cette folie relative va à peu de choses près s’apaiser lorsque le quatuor (augmenté d’un musicien de tournée bien caché derrière une colonne d’amplis) entamera une nouvelle composition. On pense notamment à « Rosie » (qui fait penser au « Mad World » de Tears For Fears) et à « Eskimo Kiss » (au final à la « Hey Jude » des Beatles). Un peu plus tard, « How’d You Like That » et « Mr. Nice Guy » vont susciter nettement plus d’enthousiasme de la part d’un public qui ne maîtrise vraisemblablement pas encore ces nouveaux titres.
À côté d’une version acoustique un peu trop too much de « Seaside » et une autre réarrangée aux influences reggae de « See The Sun », on retiendra quelques bons moments correspondant aux titres les plus rugueux du groupe. On pense notamment à « Ooh La », « You Don’t Love Me » et une excellente version de « Do You Wanna », puissante à souhait, qui va retourner Forest National alors que l’on ne s’y attendait pas du tout. Par contre, on n’aurait pas crié au scandale si le gentillet « Shine On » (leur « Have A Nice Day »…) avait été oublié.
« The Saboteur », le premier titre des rappels, va voir Luke Pritchard s’installer derrière un piano pour une composition à la structure peu courante (dans leur chef en tout cas, un peu comme Queen, toutes proportions gardées) qui ne va pas vraiment convaincre les kids prêts à s’égosiller une dernière fois. Ceux-ci devront attendre « Junk Of The Heart (Happy) » et « Naïve » pour arriver à leurs fins. Même si on peut leur reprocher d’être un rien trop propres sur eux que pour être honnêtes, il faut admettre que les Kooks ont le potentiel pour tourner dans des arènes. Ils ont eu raison de notre scepticisme…