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Scorpions au Power Prog & Metal Fest : c’est arrivé près de chez vous !


Le Power Prog & Metal Fest. Autant vous dire que celui-là, nous l’attendions depuis des mois. Un truc aussi énorme, chez nous, dans notre bonne vieille Wallonie, personne n’osait en rêver. Pourtant, c’est bien arrivé. Les Scorpions et seize groupes plus excellents les uns que les autres ont transformé la journée du samedi 10 avril 2010 en un rêve éveillé. C’est le grand jour et je ne veux pas en rater une seconde. Dix heures pétante, je suis devant les grilles du Lotto Mons Expo. Il fait très beau et la foule qui commence à s’amasser devant l’entrée principale semble être d’excellente humeur. Pour l’équipe organisatrice, c’est une première et certaines choses semblent avoir un peu de mal à se mettre en place. Les guichets ont quelques difficultés pour gérer le flux des arrivées. Certains ont peur de rater le début des festivités. Il y a quelques confusions entre les ‘guests’, les ‘VIP’, les tickets achetés sur internet et les autres préventes. Heureusement, Tony Carlino, l’organisateur et ses bénévoles les plus dégourdis sont prompts à réagir et reprennent rapidement la situation en main. L’accès à l’entrée se fluidifie. Le premier groupe commencera même à l’heure.

Ce sont les montois de T.C.M.F.H (The Crazy Motherfuckers From Hell) qui ont l’honneur d’ouvrir les hostilités. Ces neuf gaillards proposent d’ailleurs une entrée en matière aussi puissante que sympathique. T.C.M.F.H a la particularité d’être composé, en plus de ces cinq musiciens, de pas moins de quatre chanteurs, tous plus remuants les uns que les autres. On bouge et on sautille en assénant une bonne dose de hardcore ‘old school’ à un public qui semble déjà bien décidé à en découdre. Il n’est certainement pas facile d’ouvrir un festival devant un public encore clairsemé, pourtant, force est de constater que les montois y arrivent les doigts dans le nez en provoquant le premier ‘circle pit’ de la journée dès leur second titre. Bel exploit.


Ath, la ville d’où vient le groupe Anwynn qui inaugure ce matin la scène sur laquelle se produiront ce soir les Scorpions, ne se situe qu’à une trentaine de kilomètres de Mons. Pourtant, la musique des Athois, elle, est à des années lumières de celle de T.C.M.F.H. Le changement d’ambiance est radical. Exit le ‘Borinage hardcore’ place au ‘métal gothique du Pays Vert’. Deux guitaristes en kilt rouge, un hurleur impressionnant et une Tarja Turunen en puissance investissent la scène à grand renfort de fumigènes et d’introductions grandiloquentes. Le public se fait un peu plus conséquent pour apprécier ce heavy métal relativement classique, fortement influencé par la musique d’Iron Maiden. Amandine chante vraiment bien dans un registre proche de celui de l’ex-vocaliste de Nightwish. L’audience applaudit respectueusement les jeunes Athois, qui, manifestement satisfaits de l’accueil qui leur est réservé, marquent le coup en arrosant leur gosier de grandes rasades de Jack Daniels. Un groupe à suivre de près.

Retour à la scène montoise avec Burden Of Flesh. Le groupe propose un heavy/trash plutôt technique qui nous emmène, pour la première fois de la journée, vers le style ‘progressif’ qui a donné son nom au festival. Les quatre musiciens maîtrisent manifestement leur affaire. Le batteur occupe aussi le poste de vocaliste. La distance qui le sépare du public nuit fortement à la dynamique du groupe et donc, malheureusement, à l’ambiance générale de sa prestation. Dommage.


La scène hardcore montoise semble très active. Après T.C.M.F.H, c’est No Brain qui nous propose de tendre l’autre joue afin que nous puissions nous prendre notre seconde claque de la matinée. No Brain, dont le line-up est constitué de quelques vieux briscards de la scène (Stuck Up, Deviate, Bomb Trigger) balance son hardcore poids lourd à la face d’un PPM Fest qui ne demande que cela. La stature imposante des cinq musiciens impressionne autant que la puissance de leur musique. Un groupe coup-de-poing jouant une musique sans artifice. Bref, un autre bon moment à l’actif de ce festival qui, décidément, est bien plus éclectique que ce que l’on aurait pu croire à première vue.

Après Mons et Ath, Tournai est la troisième ville hennuyère à être représentée sur la scène du PPM Fest. Les ambassadeurs de la ville aux cinq clochers se nomment Haircuts That Kill. Le sympathique combo composé de trois vétérans de la scène tournaisienne et de deux jeunes loups âgés d’une vingtaine d’années est venu aujourd’hui avec son lot de supporters. Heavy classique issu des eighties teinté d’influences trash metal et bonne humeur communicative ; Haircuts s’y entend comme personne pour mettre le public à l’aise. Quelques refrains fédérateurs, de bonnes parties de guitare et une sérieuse dose de fun ; nous sommes en famille !


Le PPM Fest prend enfin une dimension internationale avec l’entrée en scène des Anglais de Pythia. Il est passé 13h30 quand les guerriers britanniques, menés par la superbe Emily Alice Ovenden, prennent d’assaut la grande scène du festival. Si la lumière ambiante met en valeur la jolie robe bleu/violet de la chanteuse, le son, quant à lui, ne rend pas vraiment justice à son talent vocal. Il faudra attendre le quatrième titre pour que le problème sonore soit résolu et que nous puissions enfin apprécier la voix de la belle à sa juste valeur. Si le jeu de scène très théâtral et le joli minois d’Emily Alice attirent tous les regards des mâles présents dans la salle, ses quatre compagnons de route n’en abattent pas moins un travail phénoménal en délivrant leur heavy métal guerrier, mais mélodique aux relents folk et gothique. Superbe prestation saluée comme il se doit par un public enthousiaste.

14h25, c’est l’heure où le taulier monte sur scène. En effet, Tony Carlino, l’homme grâce à qui tout cela a été rendu possible, pose un instant sa casquette d’organisateur pour enfiler le costume de rock star qu’il porte sur scène avec Max Pie. En bon méditerranéen, c’est l’œil charmeur et la chemise entrouverte sur une chaîne en or que l’ancien chanteur des légendaires combos montois Lightning Fire et CXT Nine présente les compositions de son nouveau combo. La foule de plus en plus conséquente d’amateurs de métal progressif apprécie d’une oreille attentive ce métal alambiqué et sans concessions où la guitare se taille la part du lion.


A l’inverse de sa prestation de l’année dernière au Alcatraz Metal Festival de Deinze, Virus IV joue ici en terrain conquis. Les Namurois sont manifestement très attendus du public. Magali Luyten chante bien, Samuel Arkan quant à lui est un excellent guitariste. Cela devrait suffire à mon bonheur. Cependant, en dépit de ces indéniables qualités intrinsèques, j’ai personnellement toujours un peu de mal à apprécier ce groupe qui semble parfois estimer que la participation antérieure de certains de ses membres à des projets internationaux suffit à impressionner un public qui, j’en suis sûr, préférerait un bon concert qu’un curriculum vitae impressionnant.

C’est pendant le concert du Virus IV que se joue pour moi un mini-drame personnel. Une affaire familiale urgente requiert mes services et m’oblige à m’absenter du festival pour ce que je crois être une heure au maximum. Manque de bol, c’est justement ce « samedi de retour de vacances » que de joyeux ouvriers choisissent pour réparer les énormes nids de poules qui garnissent l’autoroute séparant Bruxelles de Mons, provoquant un embouteillage monstre qui me bloquera pendant plus de deux heures et demie. C’est donc grâce à la bienveillance de nos amis des ponts et chaussées (que je maudis encore pour plusieurs générations) que je manquerai les prestations de Do Or Die, Astra, Ivanhoe, Dreamscape et Adagio.


Bernie, notre photographe, n’est pas un amateur de progressif. C’est le moins que l’on puisse dire. Et, bien qu’il soit plus chevelu que la plupart des métalleux présents dans la salle, c’est un punk dans l’âme. Comme ses idoles, il aime la provocation. C’est pourquoi il a choisi de se pointer, dans ce festival majoritairement consacré au métal progressif, affublé d’un t-shirt des Sex Pistols. Bloqué dans la circulation, je ne peux m’empêcher de penser qu’il m’en veut de l’avoir entraîné dans ce lieu où la plupart des musiciens utilisent toutes les cordes de leur instrument. En le laissant seul, je m’attends au pire. Pourtant, à mon retour, j’ai le bonheur de constater que le bougre est calme et serein. Je suis inquiet. Serait-il mort d’ennui durant mon absence ? Non, la raison de son état de quiétude quasi transcendantale, il me l’expliquera le lendemain dans un e-mail, par ces quelques lignes : « Alors, Do Or Die, man, c’est un putain de super groupe de hardcore montois, qui a un son gros comme ça et des couilles grosses comme des papayes ! Deux voix, deux guitares, une basse et une batterie, mais ça fait autant de boucan qu’un avion au décollage. Très influencés hardcore new-yorkais, ce groupe est de la trempe de ses aînés, il peut prétendre à jouer dans la même cour. Longue séance de remerciements, principalement dirigés vers l’organisateur du festival. La fin du set est tout bonnement ahurissante quand les membres de CMFFH les rejoignent pour chanter un titre de Sepultura. » Tout est dit, merci Bernie.


Quelques questions posées à mon retour m’apprendront qu’outre cette prestation fulgurante de Do Or Die, j’ai manqué une démonstration de puissance technique venant des Italiens d’Astra et un sublime concert d’Adagio au cours duquel le chanteur suédois Mats Levens n’était ni plus, ni moins qu’impérial. Les prestations d’Ivanhoe et Dreamscape m’ont, quant à elles, été décrites comme ‘trop statiques’ et un peu mollassonnes.

DGM, la machine de guerre progressive ‘made in Italy’ est sur scène depuis quelques minutes quand j’arrive enfin à rejoindre le Lotto Mons Expo. Le groupe transalpin est impressionnant de puissance et de technique. Emanuele Casali, le claviériste (qui vient pourtant de jouer un premier set en compagnie d’Astra, son autre groupe) est tout bonnement monstrueux. Son talent n’a d’égal que le génie de son alter ego de la six-cordes Simone Mularoni. Celui-ci, n’épargne aucun riff pour démontrer que, si DGM est un groupe progressif, c’est avant tout un pur groupe de heavy métal. Le show de DGM, telle une véritable déflagration, secoue tous ceux qui pensaient jusque-là que le progressif était un genre musical calme et ennuyeux. Mark Basile, le ‘petit’ chanteur nerveux à la tête rasée et à la voix impressionnante arpente la scène de long en large. Il n’oublie pas, au passage de remercier Tony Carlino de leur avoir permis d’être présents aujourd’hui.


Si DGM est bel et bien une machine de guerre, Pagan’s Mind quant à lui, dans un style pourtant relativement similaire, apporte une dimension beaucoup plus humaine au métal progressif. Comme celle des Italiens, leur prestation est pétrie de technique instrumentale. Cependant, là où DGM utilise force et puissance, les Norvégiens adoptent finesse et subtilité. Bien que foncièrement métal, le progressif de Pagan’s Mind semble plus orienté vers les ambiances et les expérimentations. Ce côté humain s’affiche, non seulement dans la musique, mais aussi au travers de l’attitude scénique des musiciens qui, à grand renfort de sourires sympathiques, n’ont aucun mal à gagner le cœur des quelques centaines de Montois d’un jour qui n’ont pas encore décidé de se masser devant la grande scène pour attendre le concert des héros du jour.

Ces héros, vous l’aurez sans doute compris, ce sont les Scorpions. Devant la scène principale, c’est soudain la foule des grands jours. Il semble évident qu’une bonne moitié du public ne s’est déplacé que pour avoir l’occasion de serrer une dernière fois la pince de la bestiole. C’est l’occasion ultime puisque, vous le savez déjà, les Allemands font aujourd’hui leurs adieux scéniques à la Belgique. Pour l’occasion, nos tontons germains ont mis les petits plats dans les grands : une scène immense munie d’une avancée dans le public, un écran géant et une batterie qui se balade de haut en bas et de gauche à droite. Tout le monde est prêt. On peut y aller.


C’est « Sting In The Tail », le titre éponyme du tout nouvel album des Scorpions, qui est choisi en guise d’ouverture. Mais, c’est avec « Make It Real » extrait d’« Animal Magnetism » (1980) que le groupe trouve vraiment sa vitesse de croisière. Pour de futurs retraités, les Scorpions semblent étonnamment en forme. Rudolph Schenker est tout sourire derrière ses vilaines lunettes noires qui lui donnent l’air d’une mouche. Klaus Meine, quant à lui, préfère, comme à son habitude, un couvre-chef ridicule à une calvitie bien portée. Tant pis pour le look, le talent des deux gaillards compense largement. Malgré leur âge avancé, les cinq Allemands sont bien plus remuants que certains des jeunots qui se sont succédé aujourd’hui sur la même scène. Schenker et Jabs arpentent l’immense scène de long en large en enchaînant une impressionnante série de classiques : « Bad Boys Running Wild », « Loving You Sunday Morning », « The Zoo », « Coast To Coast », et « Animal Magnetism ». Un véritable ‘best of’ des familles auquel s’ajoute même l’antique « We’ll Burn The Sky » de 1977.

Arrive alors le moment à la fois redouté et attendu de la première série de ballades. Celles-là mêmes qui ont fait le succès du groupe allemand en lui attirant les foudres des hard rockers pure souche. Si « Always Somewhere », « Send Me An Angel » et « Holiday » font la joie des demoiselles, les rockers, eux commencent un peu à la trouver longue. Heureusement, « Raised On Rock », un titre bien remuant du nouvel album remet un peu d’ambiance avant la superbe power ballade « The Good Die Young ». Quelques détours par des titres plus récents dans la discographie du groupe : « Tease Me Please Me » (« Crazy World ») et « 321 » (« Humanity Hour I ») mènent à ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « Kottak Attack » ou plus simplement, le solo de batterie de James Kottak. L’ancien batteur de Kingdom Come et Montrose, plus showman que technicien, nous fait une petite démonstration de son ego surdimensionné. Après cet intermède pas vraiment indispensable, les Scorpions au grand complet réinvestissent la scène le temps d’asséner deux de leurs plus grands classiques des eighties : « Blackout » et « Big City Nights » et c’est déjà l’heure de dire au revoir. Au revoir ? Non, pas sans avoir payé un dernier tribut aux deux ballades qui ont fait leur fortune : « Still Loving You » et « Winds Of Change » ni remué une dernière fois l’assistance d’un dantesque « Rock You Like A Hurricane ». Cette fois, c’est bien terminé. Le Roi Scorpion s’éteint en beauté et avec lui, cette magnifique première édition du Power Prog and Metal Fest.


Enfin, pas tout à fait puisque Monsieur Carlino, dans sa grande bonté, à confié le soin à Machine Gun de nous faire oublier la tristesse qui nous étreint au moment de faire nos adieux en nous faisant ‘hard-rocker’ au son de reprises d’AC/DC. La journée peut donc se terminer, comme elle a commencé : dans la joie et la bonne humeur.

Bravo et encore merci à l’organisation, aux bénévoles et aux groupes qui nous ont fait passer une excellente journée. Vivement la seconde édition.

Allez, Tony ! Au boulot. Tu n’as plus qu’un an pour faire encore mieux !

Les autres photos de

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Photos © 2010 Bernard Hulet

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