La reconnaissance de SHARKO
Après la sortie de son cinquième album (« Dance On The Beast ») au printemps et quelques convaincants passages en festival dans la foulée (PacRock, Les Ardentes), c’est dans la grande salle de l’Ancienne Belgique que Sharko a posé ses amplis ce jeudi 15 octobre pour une prestation qui s’annonçait haute en couleurs. Par ailleurs, il s’agissait d’un pas supplémentaire vers la reconnaissance (au moins nationale) du groupe de David Bartholomé puisqu’en 2007, il s’était « contenté » de l’AB Box. Et, pour ceux qui s’en rappellent, c’était The Hickey Underworld qui avaient assuré la première partie et qui ont, depuis, bien évolué. Ce soir, c’est toutefois à un groupe moins nerveux qu’était confiée la délicate mission de lancer les festivités, Lucy Lucy!
On les avait chroniqués en décembre dernier à l’occasion de la finale du Concours Circuit mais, sous un autre nom (ils s’appelaient The Vagabonds à l’époque). Nouveau nom, nouveau son, pourrait-on dire, puisqu’ils ont l’air de s’être assagis et de jouer un folk rock un peu plus gentil que par le passé. On pourrait les comparer aux Tellers en plus Simon & Garfunkel et en moins Libertines, avec une petite touche Beatles du début des années 60. En effet, leurs compositions guillerettes et les voix des deux chanteurs particulièrement bien assorties vont, à l’image de leur single « Clock », ravir les minettes présentes dans la salle. Une bonne prestation, certes, mais assez sage et retenue…
Avant de monter sur scène, David Bartholomé nous avait réservé une petite surprise, en invitant quatre étudiants français qui ont utilisé une chanson de Sharko (« No Contest ») dans le cadre d’une création pour un examen. Cinq minutes de franche rigolade avec des bruitages à l’aide de boîtes de conserves vides qui claquent sur une table, puis la fameuse interprétation du morceau avec ukulélé, flûte-synthé, voix intéressante et plan langue à la clé. Et comme ils ont choisi We Love Belgium comme nom de scène, ils ne pouvaient que récolter un triomphe.
Sharko est ensuite arrivé, David Bartholomé et son chapeau aux longues oreilles en tête, suivi du fidèle guitariste Teuk Henri (aussi discret qu’efficace) et de Charlie Decroix, le nouveau batteur (l’ancien de Mud Flow et de Monster Me). Ils ont commencé sur un mode mineur avec deux extraits du nouvel album, « Cinema Tech » (et son final emprunté au « Back In Black » d’AC/DC méconnaissable) et « Mouse/Animal/Facebook/Danger ». Le décor est très sobre, car à part l’énorme boule à facettes placée devant la batterie, on ne voit aucun artifice, et le jeu de lumière se révèlera d’une extrême simplicité. Mais, dans le même temps, le leader du groupe, d’un naturel déjanté affirmé, sera particulièrement en forme ce soir.
C’est alors que tout va s’emballer avec une succession de hits. Ainsi, « Rise Up », « Motels » (et sa danse à la Michael Jackson) ou « Head » vont régaler une assemblée clairement venue pour faire la fête. Tout comme le toujours efficace « I Went Down », seul extrait du deuxième album (hors du premier, ils ne joueront que « Wake Up », plus tard dans le set). Une petite respiration sera prévue au programme, avec une version troublante d’« I Need Someone » au ukulélé (ponctuée cette fois du refrain de « Kiss » signé Prince & The Revolution), suivie d’un nouveau titre entêtant aux paroles simplistes (« We spent all weekend / Spitting on each other / What a sunrise ») reprises en cœur par le public et par les quatre We Love Belgium, de retour pour l’occasion avec leurs boîtes de conserves.
C’est ensuite reparti de plus belle avec deux très bons extraits de « Dance On The Beast » (le groovant « Yo Heart » et l’impeccable « Never The Same ») ainsi que l’excellent « Sweet Protection ». Le groupe quittera la scène sur « Trip » mais sera bien vite de retour pour un rappel qui, malheureusement, ne tiendra pas toutes ses promesses, « I’m So Stupid… The Things I Did I Regret It » et « Car Was » n’ayant pas la furie que tout un chacun attendait. Les deux derniers titres vont toutefois rattraper la chose avec une surprenante version de « Spotlite » sur la base rythmique du « A Forest » de The Cure, avec la particularité que David Bartholomé se retrouvera derrière la batterie alors que Charlie Decroix agrippera la basse du maître. Tout le monde récupèrera sa place pour un ultime titre, « Rock 1 ».
Sharko, on aime ou on n’aime pas, mais on doit bien admettre que depuis la sortie de l’album « Molecule » en 2006, le groupe a acquis une nouvelle maturité et le simple fait que David Bartholomé se la joue beaucoup plus sobre n’y est sans doute pas étranger. En plus, il peut se targuer d’être un fichu bon bassiste…
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Lucy Lucy!
Photos © 2009 Olivier Bourgi
Sharko a un grain de folie qui sculpte la personnalité du groupe, que le groupe évolue à travers le temps n’a rien avoir avec cette si gentille et complaisante sobriété…