CD/DVDChroniques

WILSON, Gary – The king of Endicott

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Endicott est simplement le nom de la petite ville de l’état de New York, à 270 kilomètres de New York City, d’où est originaire Gary Wilson. Quand on étudie un peu la vie de ce garçon, on découvre un personnage fascinant. Né en octobre 1953 dans une famille où le père partageait son temps entre ingénieur IBM le jour et musicien de jazz la nuit, le jeune Gary Wilson est très tôt placé sous le signe de la précocité. Fan de chanteurs pop et rock ‘n roll des années 50 et 60, comme Fabian, Bobby Rydell ou Dion, Gary Wilson joue de la contrebasse à neuf ans, compose sa première chanson à dix ans, enregistre sa propre musique à douze ans et assiste au fameux concert des Beatles au Shea Stadium à treize ans, en 1965. A partir de là, la passion du rock anglais lui explose dans l’esprit. En 1966, il joue du clavier dans un groupe appelé Lourde Fuzz, qui va faire la première partie de 1910 Fruitgum Company, des stars du rock bubblegum de l’époque. Puis il a seize ans quand, en 1969, il découvre la musique contemporaine de John Cage, qu’il arrive à approcher et dont il reçoit quelques précieux conseils. Désormais, Gary Wilson n’aura qu’une idée en tête : composer de la musique expérimentale.

On le retrouve en 1976, à 23 ans, quand il commence à enregistrer ses premières compositions aux studios Bearsville d’Albert Grossmann, à Woodstock dans l’état de New York. Mais les lieux ne l’inspirent pas et il préfère retourner à Endicott pour continuer ses enregistrements dans la maison familiale. C’est dans ces circonstances qu’il sort en 1977 son premier album ʺYou think you really know meʺ, un OVNI musical qui sort à contre-courant de tous les styles en vogue à l’époque. Trop cosmique pour être du punk, trop barré pour être de la new wave, trop synthétique pour être psychédélique, trop simplet pour être progressif, cet album est inclassable et il sera incompréhensible pour la plupart de la population mondiale. Car il faut d’abord le trouver, cet album. Et ce n’est pas les deux pressages successifs de 300 exemplaires chacun qui vont aider à le diffuser. Bref, il ne faut pas longtemps pour faire de ʺYou think you really know meʺ un objet culte, dont l’impact minimal touchera quand même une minuscule élite de mélomanes avisés. Pour le moment, Gary Wilson doit vivre une vie d’artiste incompris, presque chassé des salles de concerts où les organisateurs découvrent avec effroi des shows malsains, où des morceaux de cellophane ou des draps de lits sont éclaboussés de faux sang, de farine ou de lait. Après trois autres singles en 1978, 1979 et 1980, Gary Wilson décide d’abandonner la musique et se consacre à autre chose.

Ce n’est qu’une vingtaine d’années plus tard, après qu’un artiste comme Beck l’a remis au goût du jour en mentionnant son nom dans les paroles de sa chanson ʺWhere it’s atʺ, parue sur l’album ʺOdelayʺ en 1996, que Gary Wilson envisage de reprendre le collier dans sa carrière musicale. Mais ce retour aux affaires n’est pas d’abord de son fait. Il a fallu aller le chercher jusqu’à San Diego, entre un cinéma porno et un club lounge où il joue un peu de musique. C’est un label qui souhaite rééditer ʺYou think you really know meʺ qui envoie un détective privé le débusquer dans son antre. Et en 2002, Gary Wilson fait à nouveau paraître des albums, toujours aussi étranges dans leur style et leur orientation musicale. Et le bougre rattrape le temps perdu en enfilant les disques à un rythme soutenu : ʺForgotten loversʺ (2003), ʺMary had brown hairʺ (2004), ʺLisa wants to talk to youʺ (2008), ʺElectric Endicottʺ (2010), ʺFeel the beatʺ (2011), ʺAlone with Gary Wilsonʺ (2015), ʺIt’s Friday night with Gary Wilsonʺ (2016), ʺIt’s Christmas time with Gary Wilsonʺ (2016), ʺLet’s go to outer spaceʺ (2017) et finalement ʺThe king of Endicottʺ (2019).

Sur ce dernier album, Gary Wilson fait ce qu’il a toujours fait : une musique pop légère et synthétique, déambulant entre funk mécanique et psychédélisme déluré. Il chante d’une voix peu expressive mais amusée et raconte les histoires de sa vie. De retour à Endicott, il profite pour parler de sa ville, du fait qu’elle soit le siège de la société IBM et qu’elle ait aussi été le lieu où vécut le mythique Rod Serling, créateur de la célèbre série ʺLa quatrième dimensionʺ. Ces chansons courtes et fraîches, presqu’insouciantes et toujours farfelues, s’enchaînent naturellement et nous font décrocher de la réalité. Entre MGMT et Beck, avec ce petit côté synth pop à la Buggles ou Elli & Jacno, cet album semble surgir du début des années 80 et est tous cas à nouveau inclassable, que ce soit au niveau de l’époque ou du style.

Si vous voulez découvrir un authentique baladin vivant sur une autre planète, partez pour un voyage au long cours dans l’univers personnel de Gary Wilson, un des derniers types à n’avoir pas franchi le cap du 21e siècle.

Le groupe :

Gary Wilson (tout)

L’album :

The King Of Endicott (Intro) (00:59)
The Town Of A Thousand Lights (02:41)
The Lonely Park (03:01)
Walking In The Rain Tonight (02:35)
I Think I’m Falling In Love (02:38)
The King Of Endicott (02:35)
I Don’t Want To Be Alone (03:03)
Lugene Lived In Johnson City (00:45)
I Dream Of My Secret Girl (02:35)
Midnight In Endicott (02:40)
A Perfect Day In Endicott (02:52)
May Walked Away (02:38)
Another Dimension (02:23)
It’s Summer Time (02:47)
Hail To The King (01:05)

https://garywilsonmusic.bandcamp.com/album/the-king-of-endicott
https://www.facebook.com/gary.wilson.7927

Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2019/02/08

Laisser un commentaire

Music In Belgium