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VARIOUS ARTISTS – Sweet leaf, a stoner rock salute to Black Sabbath

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Le 17 juin 2016, si tout va bien, les hommes de Black Sabbath viendront faire un dernier tour d’honneur au festival Graspop, dans le cadre de leur tournée d’adieux, mettant fin à 47 ans de bons et loyaux services pour la cause du heavy metal. On ne parle même pas ici de services, Black Sabbath a fait bien plus pour le métal puisqu’ il a créé le genre de A à Z. Sans Ozzy et sa bande, des populations entières dans le monde en seraient encore à écouter du folklore breton ou des albums de Noël d’Elvis Presley.

Il faut donc rendre à César ce qui est à César et à Sabbath ce qui est à Sabbath : ce groupe est le plus grand groupe de heavy metal de tous les temps, un point, c’est tout. Mais le Sab n’a pas créé que le métal, il a aussi suscité le doom metal et son proche cousin le stoner. Toute cette frange de groupes apparus au milieu des années 1990 se réclame sans aucune condition de l’héritage de Black Sabbath. Il n’est donc pas étonnant de voir fleurir régulièrement des albums de reprises entièrement consacrés au combo de Birmingham, et qui rassemblent de lointains descendants passés du côté du rock épais et opiacé.

Dernier exercice en date, ce « Sweet leaf », excellent rassemblement de la fine fleur de la scène stoner, heavy psych et doom mondiale, qui dépose ici son écot aux pieds des rois anglais du métal. On trouve un peu toutes sortes de groupes sur cet album, du mythique (Pentagram, Solace, Machuca, Witch Mountain, Ulver), du relativement connu (Cancer Bats, Mos Generator) ou de la force montante (Stoned Jesus, Weedpecker, Golden Void). Côté répartition géographique, les Ricains dominent mais on trouve aussi les Polonais de Weedpecker, les Ukrainiens de Stoned Jesus, les Chiliens de Machuca, les Finlandais de Death Hawks ou les Norvégiens d’Ulver.

Et en ce qui concerne les morceaux repris de Black Sabbath, force est de constater que l’album « Paranoid » (1970) se taille la part du lion avec cinq morceaux, « Master of reality » (1971) suit avec trois, « Black Sabbath » (1970), « Vol. 4 » (1972) et « Sabotage » (1975) en ont deux et les petits derniers à un morceau sont « Technical ecstasy » (1976) et « Heaven and hell » (1980), seul album de l’époque Ronnie James Dio. Rien pour « Never say die » (1978), dommage car cet album, souvent décrié, n’est en fait pas si mauvais que ça (surtout sa première face). Mais rien non plus en provenance de « Sabbath bloody Sabbath » (1973), ce qui est beaucoup plus inquiétant.

Mais enfin, on ne va pas bouder son plaisir avec ce qui nous attend en termes de revisite puissante ou stratosphérique des grands classiques de Black Sabbath. Les Cancer Bats assurent un démarrage en fanfare de la mort avec un « Into the void » enrichi au cupro-nickel et la dévastation sonore sabbathienne ricoche sur des versions impressionnantes, comme ce « The Warning » de Wo Fat qui fait gicler des solos de guitares homériques. Autres passages affichant un paquet de points sur l’échelle de Richter, le « Hole in the sky » de Scorpion Child et le « Lady evil » de House of Broken Dreams, un groupe qui comprend l’ex-Unida Miguel Cancino.

Black Sabbath ayant été capable de tresser de jolis morceaux tranquilles, une partie de ce double CD donne aussi volontiers dans le psychédélisme aérien. « Changes » de Bloody Hammers est conforme à l’original, « Hand of doom » est traité de façon très relax par Death Hawks et le second CD se répand en une phase tranquille assez conséquente (« Planet caravan » par Machuca, « Sleeping village » par Witch Mountain, « Electric funeral » par Solace, qui prend son temps pour faire décoller le morceau, « Solitude » par Ulver).

La dernière partie de cette compilation garde le meilleur pour la fin. D’abord avec une version massive de « Tomorrow’s dream » par le légendaire Pentagram (annoncé sur la pochette comme étant « After forever » mais c’est une grave erreur d’imprimerie) puis par le tiercé gagnant « Sweet leaf » (dans une version très psychédélique par Weedpecker), « Paranoid » (évidemment, obligatoire, par Golden Void qui aborde les choses sur un rythme plus lent mais non moins lourd) et « Iron man ». Ce dernier morceau est la grande surprise de l’album puisqu’elle met en lice le grand Zakk Wylde (qui servit les desseins maudits d’Ozzy Osbourne » de 1988 à 2008) à la guitare et, au chant, un vénérable grogneur qui n’est autre que l’immense William Shatner, le célèbre Captain Kirk de la série « Star Trek » et par ailleurs un habitué d’un certain cinéma d’horreur de série B (« Incubus », « The devil’s rain », « Kingdom of the spiders »). Cette version d’« Iron man » met les points sur les i pendant plus de six minutes et est la meilleure façon de finir le carnage sonore déployé pendant tout ce double album.

Certes, on ne trouve pas ici « War pigs » ou « Sabbath bloody sabbath » mais d’autres compilations se sont chargées de cette basse besogne. On a ici entre les mains un formidable double album qui enchantera les amateurs de heavy metal, de Black Sabbath, de reprises, de stoner, de chausse-pieds en fonte et d’artillerie de marine. Que demander de plus, sinon passer commande au Père Noël de cette compilation qui viendra détruire votre salon par le seul choc de son atterrissage dans la cheminée.

Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2015/10/30

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